Extrait du livre de Charles-Edouard Mailhot

Page d'accueil

Livre de Charles-Édouard Mailhot

N .B.  tous les textes qui suivent ont été pris dans le journal l’union paru en 1981-82,

ils font références aux livres d’Alcide Fleury qui lui a copié l’information dans les livres

de Charles-Édouard Mailhot, qui lui aussi pour sa part a copié le livre de Charles-Flavien Baillargeon (pour en faire le tome 1).  Pour des raisons d’histoire, nous n’avons gardé ici

que les textes concernant Princeville (Stanfold). Quand le texte était plus complet dans

Charles-Edouard Mailhot ou dans le livre d’Alcide Fleury, nous avons pris la peine de

les reproduire ici.

 

 

 

Les visiteurs de nos forêts...  (P.1)

Plusieurs fois, des chasseurs canadiens avaient pénétré dans ces magnifiques forêts

 de Blandford, de Stanfold, de Somerset et d'Arthabaska et les avaient parcourues dans

 toutes les directions. Ils avaient admiré ce parc immense, dont l'orme, l'érable et le noyer

 faisaient le plus bel ornement, que la nature seule entretenait dans une propreté et une

 élégance princière. Suivant leurs récits pleins d'enthousiasme, ce domaine de la nature

 était comme une de ces, belles et riches plantations auxquelles l'art et le goût savent

 donner un aspect riant et varié. La grosseur et la hauteur de ces arbres qu'ils avaient vus

 indiquaient, suivant eux, un sol riche et propre à toute espèce de culture. En effet, dans les

 premières années, ceux qui visitaient pour la première fois les parties de cette forêt que les

 colons n'avaient pas encore attaquées ne pouvaient s'empêcher d'éprouver les mêmes

 impressions et étaient souvent tentés de s'écrier avec un de nos poètes:

O mon pays! de la

 nature. Vraiment tu fus l'enfant chéri!

En 1825, un nommé Dubuc, de St-Pierre-les-Becquets, faisant la chasse sur les

 bords de la rivière Bécancour, non loin de l'église de St-Louis, incendiée le 31

 août 1913, fut assassiné par des sauvages (indien) qui prétendaient être les

 seuls maîtres de cet endroit de chasse:

Un autre habitant de St-Pierre-les-Becquets, du nom d'Isaïe Mailhot, monta, vers 1830, plusieurs fois, à Somerset pendant l'hiver, à la raquette, et tendit des pièges sur les bords de la rivière Blanche, à l'endroit où se trouve aujourd'hui la ville de Plessisville. Cependant, aucun de ces visiteurs ou chasseurs, n'eut la volonté de s'établir au milieu de ces forêts, parce que

 les obstacles à surmonter étaient si grands, qu'il fallait pour les affronter un courage

 plus qu'ordinaire, ou être commandé par la nécessité. Il leur semblait impossible

 d'aller demeurer seuls à une si grande distance sans espoir d'avoir un jour des chemins

 pour descendre au bord du fleuve et d'être suivis part quelques parents ou amis.

 

 

Charles Héon, premier colon

          Le premier colon qui vint dans les Bois-Francs, avec la détermination de s'y fixer, fut M. Charles Héon, natif de la paroisse de Bécancour.

Au mois de mars 1885, il prenait possession d'un lopin de terre, dans la partie

 sud du canton de Blandford, comprise aujourd'hui dans le comté d'Arthabaska, et

 commençait le défrichement nécessaire pour y construire une demeure, une pauvre

 cabane. On peut donc considérer l'année 1825 comme la date de l'établissement

 des Bois-Francs. Sept ans plus tard, en 1832, arrivait le fondateur de Stanfold, M.

 Édouard Leclerc, lequel s'établit sur le douzième rang, près de la rivière Nicolet. M.

 Édouard Leclerc était natif de la paroisse de St-Grégoire, comté de Nicolet.

Au printemps de 1835, M. Charles Beauchesne, originaire de Bécancour, pénétra

 dans le canton d'Arthabaska et prit possession des 5e et 6e lots du 3e rang.

 

            (i) Voir Colonisation des Cantons de l'Est, par l'abbé J.-B. Chartier.

---------

(P.2)

A l'automne de 1835, M. J.-B. Lafond, de La Baie­Du-Febvre, visita le canton de

 Somerset. II choisit 30e lot du huitième rang, mais ne vint résider à Somerset qu'au

 printemps de 1836.

M. Pierre Landry-Bercase, de St-Grégoire-de-Nicolet, que l'on considère comme le

 premier colon de la paroisse de St-Norbert-d'Arthabaska, prit et commença à défricher le

 4e lot du onzième rang d'Arthabaska, vers 1840. Les premiers colons canadiens résidant

 dans le canton de Warwick, mentionnés dans les registres de Gentilly, d'où dépendait

 cette mission, sont, en 1839, Olivier Boisvert et son épouse Josephte Deshayes, dite St

-Cyr, en 1840, Louis Martin et son épouse Marie Lachance.

Tels furent, d'après les historiens, la tradition ou autres documents, les fondateurs,

 les premiers défricheurs des divers cantons composant les Bois-Francs.

Ils ont tout quitté...

Il en avait coûté cependant à ces hardis défricheurs de s'éloigner des lieux témoins

 de leur enfance, de quitter leurs parents, leurs amis, ces bons voisins avec lesquels

 ils avaient passé tant de moments de joie et de bonheur, de se décider à ne plus se

 voir réunis dans la vieille église de la paroisse, si pleine pour eux de pieux

 souvenirs et dont le clocher fait toujours battre de joie le coeur catholique du

 Canadien; puis de ne plus contempler

Du St-Laurent le majestueux cours.

Aussi, quoiqu'il ne dussent point passer la frontière de la patrie, il leur avaient

 semblé partir pour l'exil; c'est que La patrie est aux lieux où l'âme est enchaînée, a

 dit avec raison un poète.

Mais le temps était arrivé où les Canadiens, instruits à l'école de l'indigence et

 prêtant l'oreille à ce cri d'un patriotique appel «Emparons-nous du sol» (paroles at-

tribuées à M. l'abbé John Holmes), devaient quitter les bords du Saint-Laurent et aller

 fonder de nouvelles colonies au sein même de leur pays, disputant ainsi à l'étranger une

 terre dont la possession leur est acquise à tant de titres. Ils étaient donc partis les larmes

 aux yeux, mais l'espoir dans le coeur.

Il y eut alors un élan général vers cette région fortunée; on ne parlait que des Bois-Francs. C'était la Californie du temps.

Mais la découverte de cette terre devait produire en quelque sorte les mêmes

 résultats que celle des mines aurifères des bords de l'Eldorado: les chercheurs ne

 devaient jouir de leurs biens qu'après des privations et des souffrances presque incroyables.

____________________________________________________________________________

 

Stanfold  (P.3)

Le township de Stanfold, dans le comté de Buckinghamshire, a été érigé le 9

 juillet 1807. Il est situé sur la rive sud-est de la rivière Bécancour, qui le borne

 en front, il joint Arthabaska au fond, Somerset au nord-est et Bulstrode au sud-

ouest. Comme sa situation est très basse et qu'il est entièrement marécageux, une

 petite portion du terrain est propre à la culture. Il est traversé par quelques

 rivières, entre autres la rivière Nicolet, et petits courants qui tombent dans la

 Bécancour. La moitié de ce township a été accordée, par Sir J.-H. Craig,

 gouverneur du Canada, de 1807 à 1811, à l'Honorable Jenkin Williams, qui en

 est le propriétaire actuel (1815). On n'a pas encore entrepris de le défricher.

          Stanfold a une étendue de 65 765 acres en superficie.

______________________________________________________________________________

 

Établissement des Acadiens à Bécancour (P.5)

 

Les Acadiens sont sans patrie. Les uns gémissent en exil, dans les colonies

 anglaises, esclaves de leurs bourreaux; les autres, après mille dangers, après de longues

 et pénibles courses à travers les bois, sur les bords des rivières sont parvenus jusqu'à

 Québec en quête d'une nouvelle patrie. Ils y passent l'hiver de 1757-1758, ou ils

 enterrent plus de 250 de leurs compatriotes, victimes de la petite vérole. Au printemps

 de 1758, ceux qui avaient échappé à la mort se dirigèrent vers Bécancour. La raison qui

 les détermina à venir s'établir à Bécancour se trouve, sans doute dans le fait qu'ils

 connaissaient déjà un peu ce coin du Canada par leurs relations avec leurs amis et alliés

 sauvages abénaquis et peut-être aussi par les rapports qu'ils pouvaient tenir des

 missionnaires qui avaient, tour à tour, desservi les sauvages de l'Acadie et ceux de

 Bécancour. Ainsi, par exemple, le Père de La Chasse, qu'on trouve en Acadie vers

 1711-12-13 et qui, plus tard, était missionnaire à Bécancour.

Les premiers Acadiens qui cherchent refuge à Bécancour, et qu'on y trouve dès

 l'automne de 1758, viennent principalement de Beaubassin et paraissent pour la

 plupart alliés entre eux ou à la famille Cormier. Ce sont:

Joseph Richard, marié à Françoise Cormier;

Pierre Bourg, marié à Anne Richard;

Jacques Bourg, marié à Marguerite Cormier;

Pierre Cormier à Judith Galant;

Etienne Migneau, marié à Madeleine Cormier;

Charles Gaudet, veuf de Marie Cormier, morte à Québec le 14 décembre 1757;

Madeleine Bourg, veuve de Pierre Richard;

Ant.-Bélony Bourg, veuf de Marie-Joseph Hébert;

Claude Hébert, marié à Marguerite Robichaud;

Jean-Baptiste Hébert, marié à Marie-Anne Amireau;

François Robichaud, marié à Cécile Thibodeau;

Simon Darois, marié à Anne Thibodeau;

François Doucet, marié à Marie Poirier.

Puis ce sont quatre grands enfants de feu Pierre Cormier et de feu Marie Cyr,

 François, Pierre, Marie et Marguerite (La Blanche), beaux-frères et belles-soeurs

 de Charles Gaudet et de Jacques Bourg; trois enfants d'un autre défunt Pierre

 Cormier et de Marguerite Cyr, Jean-Marie, Madeleine et Rosalie, beau-frère et

 belles-soeurs de Joseph Richard et quelques célibataires, fils de familles, séparés

 du reste de leurs parents, comme Jean-Bte Bourgeois, Jean-Bte Alain, Simon

 Bourg, etc., etc.

Les familles de Beaubassin

A ces familles de Beaubassin, il faut en ajouter quelques-­unes de Port-Royal, comme:

 

Jean Part, marié à Marie Roy;

François-Régis Part, marié à Marie Béliveau;

Joseph Leprince, veuf de Anne Forest;

son frère Jean Leprince, veuf de Judith Richard;

leurs belles-soeurs, Isabelle Forest, veuve de Honoré Leprince, avec ses enfants,

et Félicité Bourgeois, veuve de Pierre Leprince, avec une fille.

Félicité Bourgeois épousa en secondes noces, à Bécancour, le 19 novembre 1760,

Antoine-Bénoni Bourg, veuf de Marie-Josette Hébert. De ce mariage naquit Rosalie,

mariée à Bécancour, le 24 janvier 1785, à Jean Leprince: père et mère de Monseigneur

Jean-Charles Prince, premier évêque de St-Hyacinthe.

Madeleine Leblanc, veuve de Joseph Richard, avec deux enfants;

Hélène Hébert, veuve de Grégoire Richard, avec trois ou quatre enfants;

Armand Thibeau, etc.

Enfin, Joseph Michel, marié à Madeleine Comeau et son frère Jean-Bte, Michel;

 Amant Guilbeau, veuf de Françoise Poirier;

Alexandre Guilbeau, veuf de Marguerite Girouard;

Elisabeth Breau, veuve de Pierre Aucoin;

Amant Richard, marié à St-Pierre en 1760 avec Marie Gaudet,

et Charles Chandonnay, marié à Cécile Bellefeuille, venant de la rivière St-Jean,

 appartiennent aussi à ce premier groupe de réfugiés Acadiens.

On peut encore considérer comme appartenant à ce groupe :

Jean-Jacques Leblanc, marié à Marie Héon;

Pierre Arseneau, marié à Jeanne Héon;

Charles Héon, marié à Madeleine Labove et deux de ses frères, Pierre et Joseph Héon.

 

Car la présence de ces Acadiens se constate à Champlain en même temps que celle des

 autres à Bécancour. Cependant, il n'y eut que Jean-Jacques Leblanc qui se fixa

 définitivement à Champlain. Comme il lui restait encore quelques épargnes quand il y

 arriva en 1758, il y ouvrit un petit commerce qui prospéra si bien qu'il fut bientôt en

 état, d'établir avantageusement. ses quatre garçons: Etienne et Joseph dans le

 commerce, David et Amable dans l'agriculture. Ses beaux-frères allèrent rejoindre

 leurs compatriotes à Bécancour.

____________________________________________________________________________

La savane de Blandford        (P . 11)

Pour aller des paroisses du bord du fleuve aux Bois-Francs, dit M. Trudelle, il fallait d'abord passer la savane de Blandford, qui sépare la paroisse de Gentilly des nouveaux établissements de la rivière Bécancour, et à travers laquelle un chemin mal entretenu conduisait alors. Mais cela n'était rien, comparé à l'affreuse savane de Stanfold, que l'on ne pouvait passer qu'à pied, pendant près de sept mois de l'année, car il n'était possible aux voitures de la traverser que depuis le mois de décembre jusqu'au mois d'avril, lorsque le froid avait consolidé les eaux boueuses de ce vaste marais.

Les premiers colons avaient frayé dans cette savane, depuis la chapelle de la rivière Bécancour jusqu'à l'église actuelle de Stanfold, un chemin sur lequel ils avaient jeté des

branches qui leur donnaient le moyen de se soutenir au-dessus des bourbiers sans fond qu'ils rencontraient à chaque instant.

Pour rendre ce sentier pratiquable aux voitures d'hiver, on était obligé d'aller, par corvées de quinze à vingt hommes, battre la neige avec les pieds pour la détremper avec l'eau, sans quoi la glace ne se serait pas formée. Cela ne se faisait pas ordinairement sans que l'on vît plusieurs enfoncer jusqu'aux genoux et souvent jusqu'au milieu du corps dans cette eau fangeuse et à demi-gelée. Si deux voitures se rencontraient, il n'était pas rare de voir les chevaux qui mettaient le pied hors du chemin battu disparaître presqu'entièrement dans les ornières, d'où on ne les retirait qu'au moyen de cordes et de leviers. Quelques-uns de ces pauvres animaux et plusieurs bêtes à cornes y ont même péri:

Ce fut là cependant le chemin par lequel pendant près de onze ans des centaines de colons, hommes, femmes et enfants, ont dû passer pour se rendre dans les Bois-Francs.

Qui pourrait dire les misères et les souffrances de tout genre qui y furent endurées? Le coeur saigne aux récits qu'en font les premiers habitants de ces contrées.

Cependant le champ était vaste et chacun pouvait se choisir une ample part de cette belle forêt; aussi les premiers arrivés ne furent pas longtemps seuls. Presque continuellement de nouveaux colons passaient la savane de Stanfold pour monter aux Bois-Francs. C'est ordinairement pendant l'hiver que les hommes allaient prendre des terres; ils défrichaient, ensemençaient dans le printemps, et ce n'était qu'après leur première récolte et dans l'hiver suivant qu'ils allaient chercher leur famille.

Colons se dirigeant vers les Bois-Francs

C'est alors qu'on voyait, au Domaine de Gentilly, presque tous les jours, passer des colons qui se dirigeaient vers les Bois-Francs; que souvent on voyait un chien attelé sur un petit traîneau transportant un ou deux enfants, et que ce véhicule d'un genre bien modeste était suivi d'un homme et d'une femme, au front anxieux, mais remplis d'un courage héroïque. M. Joseph Houle, un des plus anciens colons de Stanfold, m'a raconté bien des fois que dès la première année que son père, M. Charles Houle, eût pris possession de son lot, il s'était bâti à côté de sa cabane, une demeure de pièces équarries qu'il avait couverte en écorce, de 28 pieds de longueur et de 24 pieds de largeur, et que lui-même il avait souvent vu le plancher du bas de la maison littéralement couvert de colons qui venaient y prendre le repos de la nuit, après avoir passé la journée à parcourir le canton pour s'y choisir, à leur goût, un lot de terre. La maison de M. Charles Houle est la première de ce genre, genre de luxe pour le temps d'alors, que la terre de Stanfold ait portée.

La plus forte partie des colons qui montaient dans les Bois-Francs étaient pauvres et sans aucune avance. C'était pour la plupart, des journaliers ou des habitants ruinés, qui n'apportaient avec eux que les ustensiles de première nécessité et de maigres provisions pour quelques mois. Plusieurs n'apportaient pour tout ménage que leur hache et un sac de farine sur le dos. Ils comptaient sur leur travail pour maintenir leur existence et celle de leur famille; mais ces familles, souvent nombreuses et consommant sans cesse, avaient bientôt épuisé les petites provisions. Le manque de magasin dans les premières années ou le prix trop élevé des denrées ne permettaient pas de les renouveler. Aussi la disette était-elle dans leur cabane avant que la récolte fût dans la grange. D'ailleurs, quelqu'abondante que fût cette récolte, le surcroît toujours imprévu de la population, faisait qu'ordinairement elle était épuisée plus tôt qu'on ne l'avait cru, et, quand arrivait le printemps, la misère faisait son apparition avec lui.

---------

La nourriture des premiers colons (P .11)

Mais que faisaient les mères infortunées de ces familles en proie à la plus cruelle disette pour conserver leurs jours pendant que leurs courageux époux allaient ainsi, au péril de leur vie, chercher un moyen de sauver leur existence? Croyez-le, quoiqu'invraisemblable que cela doive paraître: un certain nombre de ces familles ne vivaient que d'herbes, de feuilles et de racines bouillies. Elles se nourrissaient surtout d'une sorte d'ail sauvage que l'on trouvait en assez grande abondance, nourriture insupportable, surtout à cause de l'odeur qu'elle répandait. Dans la saison des fruits, les bleuets, les framboises étaient dévorés.

Il n'était pas rare d'entendre dire à quelqu'un qu'il avait passé une, deux et même trois journées sans manger: triste tableau, mais qui n'est rien en comparaison de la réalité.

Un jour, M. Rheault, de Stanfold, allant visiter son champ, trouva à l'extrémité d'une pièce de sarrasin trois petits garçons, dont le plus âgé pouvait avoir environ sept ans. C'était les enfants d'un veuf nommé Mongrain. Celui-ci, forcé de s'absenter pour aller chercher de la nourriture pour ses enfants qui souffraient de la faim, les avait laissés seuls à là cabane. Leur père tardant à revenir, les petits orphelins, pressés par la faim, se rendirent dans le champ de sarrasin vert pour y trouver quelque chose qui les empêchât de mourir.

Un des vieux pionniers du Canton de Stanfold, M. Louis Labissonnière, plus connu sous le nom de Louis Isaac, venu dans les Bois-Francs, à l'âge de douze ans, ne cachait pas qu'il avait énormément souffert de, la faim, Les patates n'étaient pas aussitôt en fleurs, disait-il, que nous grattions la terre près de la tige pour en avoir le fruit. Ah! disait M. Labissonnière, que nous étions contents lorsque nous voyions mûrir les framboises et les bleuets; ce n`était, ni plus ni moins; que la manne qui nous arrivait pour assouvir notre faim.»

(P.12 col.3) M. Joseph Houle me disait un jour: Monsieur, si tout l'argent que j'ai donné pour garder ma terre, (après l'avoir défrichée en grande partie) pour me débarrasser des mille tracasseries que me faisaient les grands bourgeois, si tout cet argent était en billets d'une piastre, je crois que j'en aurais assez pour couvrir ma terre complètement. M. J. Houle fut assez heureux pour rester sur sa terre, mais au prix de quels sacrifices? Combien d'autres; hélas? furent privés de ce bonheur et furent obligés de s'enfoncer davantage dans la Forêt ou de prendre le chemin de l'exil.

____________________________________________________________________________

 

M. l'abbé Charles-Flavien Baillargeon  (P.22)

M. l'abbé Charles-Flavien Baillargeon naquit à St-Roch-de-Québec le 26 février 1833, de Jean-Baptiste Baillargeon et de Marie Grenier, fit ses études à Nicolet, où il fut ordonné le 23 septembre 1855. Vicaire aux Trois-Rivières (1855-1859).; premier curé de Saint-Germain-de-Grantham (1859-1864); curé de la cathédrale des Trois-Rivières (1864-1874) ; curé de Stanfold (1i74-1886) où il se retira (1886-1901). Il mourut le trois juin 1901. Il fut inhumé dans le cimetière du Séminaire des Trois-Rivières, son oeuvre de prédilection.

M. l'abbé C.-F. Baillargeon collabora, pendant assez longtemps au Journal des Trois-Rivières et à L'Union des Cantons de /'Est. En 1886 et 1887 il composa un ouvrage sur les Bois-Francs et particulièrement sur les paroisses de St-Eusèbe de Stanfold et de St-Calixte-de-Somerset: Il lut une partie de ce travail dans des Conférences données, dans le temps, au cercle littéraire de Princeville et au Collège du Sacré-Coeur d'Arthabaska; mais M. Baillargeon mourut avant de livrer ce travail à la publicité.

M. l'abbé Baillargeon était un intellectuel, à l'âme éprise des sublimes mystères de la religion qu'il prêchait et des nobles traditions de la patrie qu'il chérissait. Ces deux cultes, celui de la religion et celui de la patrie, se confondaient dans son coeur de prêtre et de patriote, et jusqu'à son dernier soupir par conviction, amour et devoir, il leur a consacré toutes ses facultés, toutes ses énergies, tout son être.

M. Hyacinthe St-Germain

M. Hyacinthe St-Germain naquit à Repentigny, comté de Terrebonne, le 23 septembre 1938. Il fut une grande partie de ses études au séminaire de St-Hyacinthe, où il eut pour

confrères de classes Mgr Elphège Gravel, premier évêque de Nicolet, et l'Honorable Boucher de la Bruère, surintendant de l'Instruction publique.

En 1855, M. H. St-Germain s'établit à St-Louis-de-Blandford, où il se livra à la culture jusqu'en 1885, époque où il alla demeurer à Nicolet. Il avait épousé, en 1863, à Bécancour, Mademoiselle Clarisse Leblanc.

H. St-Germain a publié deux volumes: un, en 1905 «Charles Héon», le fondateur de la paroisse de Saint-Louis­de-Blandford, et l'autre en 1907 «Souvenirs et Impressions de Voyages au Nord-Ouest Canadien».

Au moment de sa mort, en décembre 1911, M. H. St­Germain demeurait à Danville, chez son gendre, M. le notaire H. Girard. Il fut inhumé à Nicolet. M. H. St-Germain avait été pendant plusieurs années maire de la ville de Nicolet.

M. l'abbé Charles-Édouard Mailhot

L'abbé Charles-Édouard Mailhot est né à Gentilly le 6 juin 1855 de Michel Mailhot-dit-Leblond, cultivateur, et de Julie Bourbeau-Beauchesne. II fit ses études classiques et théologiques au Séminaire des Trois-Rivières (1869-1881).

Il fut ordonné prêtre le 25 septembre 1881, en la chapelle du Séminaire des Trois-Rivières, par Mgr Laflèche. Vicaire à Gentilly 1881-1883, à St-Célestin 1883-1884, à St-Pierre-les­Becquets et à St-Stanislas de Champlain 1884, de nouveau à Gentilly 1884-1886, desservant à St-Paul-de-Chester 1886, curé à St-Louis-de-Blandford 1886-1898. Là, en 1891, il a restauré cette première église des Bois-Francs, maintenant incendiée. Missionnaire à Sainte-Marie-de-Blandford 1887-1889, il fit transporter la chapelle du Domaine de Gentilly à l'endroit de l'église actuelle, en 1889. En même temps missionnaire à Sainte-Anne-du-Sault 1887-1888, curé à St-Paul-de-Chester 1898-1908.

En cette même année, il se retire à l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska. Il réside à Victoriaville, et même à St-Célestin quelque temps. La plus grande partie de sa vie se passe ensuite à l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska, où il est décédé le 13 mai 1937 et inhumé dans la crypte de l'Hôtel-Dieu.

L'abbé Charles-Édouard Mailhot est l'auteur de quatre volumes intitulés «Les Bois-Francs». II a écrit aussi une monographie rip. Gentilly ca paroisse natale.

______________________________________________________________________________

 

 

 

Les trois premiers colons du canton de Stanfold  (P.25)

Édouard Leclerc, François Pellerin, Narcisse Béliveau

Ce fut au mois de mars 1832, qu'Édouard Leclerc, François Pellerin et Narcisse Béliveau vinrent s'établir dans le douzième rang du canton de Stanfold, sur les bords de la

branche nord-est de la rivière Nicolet. Édouard Leclerc était âgé de vingt et un ans, François Pellerin âgé de 16 ans et Narcisse Béliveau âgé de 13 ans.

A l'automne précédent, Édouard Leclerc avait fait un voyage d'exploration en compagnie de deux chasseurs du nom de Piché. Le trajet se fit en suivant le cours de la rivière Nicolet. Rendus dans le haut du canton de Stanfold les deux chasseurs continuèrent leur route. En voyant les grands arbres qui bordaient la rivière Nicolet, à cet endroit, ce qui indiquait un sol très fertile, Édouard Leclerc résolut d'y séjourner quelque temps, pour examiner attentivement la qualité de la terre et s'assurer de la possibilité d'y faire un établissement agricole; ses prévisions ne furent pas vaines.

Qui était Sougraine?

Le séjour de Édouard Leclerc dura trois semaines. Il se bâtit une cabane sur les bords de la rivière Nicolet. Sougraine, le meurtrier de Antoine Dubuc, sur les bords de la rivière Bécancour, en 1825, était alors à faire la chasse dans les parages où travaillait Leclerc.

Un jour, Sougraine se présenta à Leclerc et lui fit défense de revenir s'établir à cet endroit, lui disant que ces terrains appartenaient aux sauvages. II menaça même de le tuer s'il ne partait pas. Leclerc réussit cependant à le calmer. Après s'être choisi un lopin de terre et avoir terminé sa cabane, Leclerc reprit le chemin de St-Grégoire, bien résolu de revenir le printemps suivant pour s'y établir d'une manière définitive et d'amener quelques compagnons.

Au mois de mars 1832, Édouard Leclerc et ses deux compagnons, François Pellerin et Narcisse Béliveau partaient pour le canton de Stanfold. Cette fois, le voyage se fit en voiture, sur la glace la rivière Nicolet. Rendus au canton de Horton, la caravane prit la branche nord-est de la rivière Nicolet, qui, dans ce canton et dans une partie du canton de Bulstrode, portait alors le nom de rivière au Loup.

Les pères des trois jeunes défricheurs voulurent bien les accompagner jusqu'à la cabane que Édouard Leclerc avait bâtie l'automne précédent. Dans les voitures on avait placé des provisions de bouche, des habits et des couvertes, un poêle «français», quelques ustensiles de cuisine, des haches; on apportait aussi des pioches et des bêches pour remuer et cultiver la terre, en attendant qu'on puisse se servir de la charrue et de la herse. C'était bien peu pour commencer la fondation d'une colonie agricole, mais nos trois vaillants défricheurs étaient armés de courage et d'énergie.

La cabane à Leclerc

Après une longue course, on arrive enfin sur le sixième lot du douzième rang du canton de Stanfold; l'on se logea, tant bien que mal, dans la cabane bâtie par Leclerc l'automne précédent. Le lendemain, les parents reprirent le chemin de St-Grégoire. La route était tracée: Leclerc, Pellerin et Béliveau avaient donné l'exemple du courage et de la vaillance; ils eurent de nombreux imitateurs. Aussi, l'année 1832 n'était pas terminée que trois nouveaux colons étaient arrivés dans le canton de Stanfold: Pierre Poirier (1), Alphée Hébert et Noël Bourque. Au recensement de 1839, il y avait déjà dans le canton de Stanfold 106 colons, dont 72 mariés et 34 célibataires.

Pierre Poirier, (Pierre à Bonhomme) fils de Pierre Poirier et de Marie Béliveau, naquit à Saint-Grégoire vers 1814. Il mourut accidentellement (tué par la foudre) à Saint-Eusèbe-de-Stanfold, le 7 juillet 1872, âgé de 58 ans. Pierre Poirier était l'oncle de M. le chanoine S. Poirier, ancien curé de Saint-Eusèbe de Stanfold, et le cousin germain de Édouard Leclerc, fondateur du canton de Stanfold.

Aujourd'hui la paroisse de St-Eusèbe de Stanfold est une des plus prospères, des plus florissantes des Bois-Francs. Avant de mourir, les trois premiers pionniers de Stanfold virent, de leurs yeux, ce consolant spectacle. Ils eurent la consolation de voir leur oeuvre, commencée dans les labeurs, les souffrances, couronnée d'un brillant succès. Honneur, louange à ces vaillants champions de la culture de la terre, à ces pieux chevaliers de la hache et de la charrue. Bientôt va luire pour eux le jour de la glorification.

 

--------

 

Les aumôniers des Zouaves (P.25)

Le clergé des Bois-Francs s'honore aussi d'avoir eu comme aumôniers des Zouaves pontificaux canadiens deux de ses membres les plus distingués: M. P.-H. Suzor, curé de St-Christophe, et M. P. Roy, curé de St-Norbert.

            Ils accompagnèrent le quatrième détachement, parti le 25 juin 1868, composé de quarante-huit volontaires; Emery Cloutier, de St-Christophe, Ernest Noël de Tilly, de Stanfold, Ludger Gaudet, de St-Christophe, firent partie de ce détachement.

___________________________________________________________________________

Collège commercial de Princeville (P.29)

Le 14 novembre 1859, dans une assemblée du conseil, les paroissiens de Stanfold décidèrent de bâtir un Collège, dont la direction serait confiée soit aux Révérends Frères de la Doctrine Chrétienne ou aux Révérends Frères Viateurs.

Le lendemain, M. les conseillers de Princeville, Louis Richard, Stanislas Trudelle, Antoine Jutras, Godfroy Brunelle et D. O. Bourbeau votèrent une résolution dans le même sens.

A la séance du conseil de Princeville, le 12 décembre 1861, le plan pour la construction du collège, tel que dressé par M. l'abbé Narcisse Pelletier, curé de Stanfold, fut accepté avec reconnaissance, et la soumission de M. Louis Richard, écuyer, pour bâtir et parachever cette maison, toute en pierre à l'extérieur avec un rang de brique à l'intérieur, pour les prix et somme de dix-huit cents louis, moins la somme de cent louis dont M. Richard fait don à la municipalité, est également acceptée.

Le 9 août 1858, la paroisse de Stanfold avait voté un emprunt à trente ans, au montant de douze mille piastres du gouvernement pour des fins quelconques.

C'est cet argent qui servit à bâtir le Collège de Princeville.

On commença à bâtir le Collège en 1862.

Mais à qui confier le soin de l'instruction de la jeunesse de Stanfold? A des prêtres? A des frères? A des laïques? Il va sans dire que des trois les prêtres étaient les éducateurs les plus à désirer.

Aussi, M. Robitaille propose dans une assemblée, et M. Germain seconde: «Que dans le but d'assurer le succès du Collège de Princeville, il serait a  propos de le mettre sous le contrôle d'une maison d'éducation déjà existante; que la corporation du Collège de Nicolet, paraissant disposée à s'en charger, à certaines conditions, qu'il soit nommé une députation auprès de Mgr Thomas Cooke, évêque des Trois-Rivières, priant Sa Grandeur de permettre à la dite Corporation du Collège de Nicolet de se charger de la dite maison d'éducation, construite dans le village de Princeville, et que le notaire Pratte et le docteur St-Germain soient les personnes déléguées auprès de Sa Grandeur. »

Mgr Cooke fut très heureux de constater le zèle des citoyens de Stanfold à promouvoir les intérêts de l'instruction, et, pour leur témoigner sa joie, il leur accorda tous les privilèges possibles.

Le 16 novembre 1865 avait lieu la bénédiction solennelle du Collège commercial de Princeville.

Le Collège de Nicolet, qui avait grand besoin de ses professeurs, n'en envoya que quelques-uns. Les autres professeurs furent des laïques.

L'ouverture du collège se fit sous d'heureux auspices: pas moins de 140 élèves furent inscrits.

Le 6 septembre 1866, Mgr Thomas Cooke donna la permission de dire la messe et de conserver le Saint-Sacrement dans l'oratoire du Collège commercial de Saint-Eusébe de Stanfold.

J. A. I. Douville (aujourd'hui, 1914, Mgr J. A. I. Douville, P. A.), fut le premier directeur du collège. Le second directeur fut M. Isaac Gélinas, plus tard Mgr Gélinas. Le troisième directeur fut M. l'abbé Joseph Blais, mort le 10 octobre 1900, curé de St-Guillaume-d'Upton.

Les professeurs séminaristes furent: MM. Adélard Buisson, Édouard Laflèche, Arthur Paquin, Zéphirin Tourigny, Jos Dolbec et J. 0 Simard.

Le Collège de Princeville fonctionna de la sorte à peu près trois ans.

Mais le Collège de Nicolet ayant été obligé de retirer ses prêtres et ses séminaristes, le Collège de Princeville fut laissé sous la direction des professeurs laïques.

Peu à peu, ces professeurs laïques ne donnèrent plus satisfaction aux parents, et le nombre des élèves descendit à trente-deux.

Ce que voyant, le conseil de Princeville ferma, en 1871, les portes du collège.

En présence d'un pareil désastre, on résolut de tenter un dernier et suprême effort. On s'adressa à des religieux enseignants, mais les parties intéressées n'ayant pu s'entendre sur les conditions, le projet, encore une fois échoua, et c'en fut fait pour toujours du Collège commercial de Princeville. C'est alors que MM. T. Girouard, James Huston, Louis Richard et le docteur Gravel jetèrent les bases de la «Compagnie Manufacturière de Stanfold» et prirent possession du collège que le conseil leur prêtait, pourrait-on dire, sans condition, tant elles étaient minimes. On ouvrit une usine pour les chaussures, qui s'éclipsa après quelques années seulement d'une jeunesse orageuse, pour faire place à une tannerie. Cette tannerie elle-même n'a fait que passer, et son « tombeau fut si près de son berceau, que ses langes lui ont servi de linceul».

Le 6 octobre 1880, le conseil de Princeville vendit cette bâtisse à M. P.H. Matte, pour la somme de $2,000.00.

Enfin, le 2 septembre 1884, la Fabrique de St-Eusèbe de Stanfold racheta de M. P. H. Matte, pour la même somme de $2,000.00, la dite bâtisse, pour la convertir en un couvent dont la direction serait confiée aux Révérendes Soeurs de l'Assomption de Nicolet.

Celles-ci en devinrent propriétaires pour la somme de $1,400.00, le 30 décembre 1886.

Depuis leur arrivée à Princeville, en 1884, les Révérendes Soeurs de l'Assomption ont eu les sympathies et l'admiration de toutes les familles, et surtout des centaines

d'élèves qui ont conservé le meilleur souvenir de leur «Alma Mater».

 

__________________________________________________________________________

     

Couvent de Princeville (P.31)

L'histoire du Couvent de Princeville n'abonde pas en fastes glorieux, mais elle est fière d'enregistrer à son crédit certains faits tout à l'honneur des paroissiens de Princeville. Le 14 novembre 1859, les paroissiens de Stanfold, pour se rendre au désir de leur pasteur, décidèrent de bâtir un collège. En 1862, on commença à bâtir. Mais à qui confier l'instruction de la jeunesse?

En septembre 1865, le Collège de Nicolet envoya quelques prêtres qui se chargèrent de l'enseignement de 140 garçons.

Le Collège de Nicolet, vu le petit nombre de professeurs, dut après trois ans retirer ses prêtres, et la direction du collège fut confiée à des maîtres laïques. Ces professeurs ne donnèrent pas satisfaction aux parents, et le nombre des élèves descendit à 32. Ce que voyant, le conseil de Stanfold ferma, en 1871, les portes du collège.

Une manufacture de chaussures et une tannerie ont tour à tour occupé le local en question.

Enfin, le 2 septembre 1884, la Fabrique de Stanfold acheta la dite bâtisse pour la convertir en couvent, dont la direction serait confiée aux Soeurs de l'Assomption de la Ste-Vierge de Nicolet.

Le 8 septembre, le vaste édifice de pierre reçoit son premier groupe de filles. 38 élèves s'inscrivent au pensionnat.

Le 14 novembre 1895, les élèves externes quittent la première école pour habiter une grande maison de deux étages.

Un développement rapide s'opère en quelques années. En 1909, un agrandissement s'impose.

L'année 1929 enregistre une date mémorable dans nos chroniques: la fondation de l'Amicale. 182 membres s'inscrivent.

Le 3 juillet 1934 est une fête d'or. Le souvenir et la reconnaissance ramènent à leur Alma Mater un grand nombre de maîtresses et d'élèves.

Là comme ailleurs, l'institution privée a dû faire place aux exigences d'un nouveau programme d'éducation provincial.

___________________________________________________________________________

Deux victimes(P.33)

Mort tragique de M. l'abbé C.-E. Bélanger et de son compagnon Ambroise Pépin.

    I.      Charles-Édouard Bélanger avait passé quatorze mois sur la terre de Somerset, de Stanfold et de Blandford, continuant la vie d'abnégation et de sacrifice qu'avait menée pendant quatre ans son prédécesseur, M. Clovis Gagnon. Il se multipliait dans l'intérêt des ouailles confiées à sa sollicitude paternelle; il trouvait dans son large coeur les moyens de pourvoir tous les jours aux besoins nombreux de son troupeau, disséminé sur une vaste étendue de terrain. Ses courses, peut-être quelquefois moins longues que celles de M. Gagnon, n'en étaient pas moins pénibles.

 

Il lui fallait donner la mission tantôt à Stanfold, en trois endroits différents, tantôt à Blandford, et alors il était obligé de traverser l'affreuse savane de Stanfold, si redoutée des plus intrépides marcheurs, et où il devait trouver la mort. Il était donc écrit que la colonie des Bois-Francs n'arriverait à son entier développement qu'en passant par les épreuves les plus cruelles. En effet, à peine M. C.-E. Bélanger avait-il fait ses premières armes dans la nouvelle carrière ouverte à son zèle, que la Divine Providence mit fin à la vie de ce dévoué et vaillant ministre du sanctuaire.

Présage d'un malheur

C'était un dimanche, le 23 novembre 1845. Un vent violent du nord-est; une neige épaisse tombait à gros flocons, et de temps en temps elle faisait place à une pluie battante et froide, comme elles le sont presque toutes à cette époque de l'année. C'était un temps affreux, une vraie tempête, et tout faisait présager une nuit terriblement désagréable et orageuse.

                I.      Bélanger venait de terminer, dans la modeste chapelle de Somerset, les vêpres qu'il avait chantées d'une voix plus harmonieuse et plus vibrante que jamais. A la distance qui nous sépare de lui, il ne nous est pas possible de ne pas nous rappeler le cygne qui jamais ne fait entendre de chant plus mélodieux et plus ravissant que lorsqu'il se sent aux approches de la mort.

 

Une affaire importante l'appelait à St-Louis-de-Blandford. M. Jacques Dion, un des colons de Blandford, avait concédé à un prix nominal aux Messieurs constituant la corporation scolaire de Blandford, un lopin de terre pour y construire une maison d'école. Les désignations de ce terrain avaient été données de vive voix et incorrectement, et, par conséquent, l'acte de cette cession, dressée par M. le notaire Olivier Cormier, pouvait amener quelques difficultés. M. Bélanger avait un bon coeur, un caractère doux, et était par-dessus toute chose un homme d'ordre. Comme les commissaires d'écoles de Blandford étaient sur le point de bâtir, M. Bélanger craignait que ce manque d'informations exactes des limites de ce terrain n'entraînât, plus tard, quelques misères. Il voulût se faire accompagner par M. le notaire Cormier pour régler cette affaire. Après les vêpres, M. Bélanger fit un baptême. Sur son chemin, il entra dans la maison d'un colon nommé Jean-Simon Marchand, où il célébra un mariage dont les parties contractantes étaient Isaïe Boulé et Marianne Marchand. Tout cela retarda M. Bélanger, qui n'arriva à Stanfold qu'à trois heures et demie de l'après-midi.

Autres compagnons

Pour traverser la savane, M. Bélanger s'était, en outre de M. le notaire Cormier, assuré des secours d'un autre compagnon en la personne de Ambroise Pépin, deux hommes robustes et courageux, habitués à ces marches pénibles, et qui avaient déjà fait plusieurs fois ce trajet difficile et périlleux. Nos trois voyageurs entrèrent dans la maison de Pierre Richard pour se reposer, et là, ils trouvèrent MM. Narcisse Gaudet et Moïse Provencher, deux habitants de Somerset, qui les avaient devancés et qui se proposaient de descendre, le lendemain matin, à Gentilly. Ils firent tout en leur possible pour les déterminer à les suivre: ce fut peine perdue.

                I.      Pierre et Louis Richard et quelques autres colons présents essayèrent de détourner M. Bélanger et ses deux compagnons de leur projet. On leur représente qu'il n'était pas prudent de s'aventurer dans la savane à une heure aussi avancée de la journée et par un temps si mauvais. Ces avis étaient assurément marqués au coin de la prudence. Rien cependant ne put arrêter le courageux missionnaire. M. C.-E. Bélanger avait quatre mariages à faire le mardi suivant, à Somerset; il voulait être de retour chez lui le lundi soir. Nos trois voyageurs s'enfoncent donc dans la savane en suivant avec toute la diligence possible le sentier boueux tracé par les piétons. On se flattait de pouvoir arriver avant la nuit à une maison située au milieu de la savane et tenue par M. Joseph Grondin. Ce brave homme était connu dans les Bois-Francs sous le nom de Bonhomme Grondin. Grondin habitait une maison de 24 pieds sur 18, sur les bords de la rivière Blanche, du côté nord. Cette maison avait été construite par un nommé Joseph Héon, de St-Grégoire, qui l'habita environ un an et la vendit ensuite à Grondin, qui en avait fait, en ces temps-là, un poste pour la commodité des voyageurs. C'est là que croyaient arriver de jour M. Bélanger et ses deux compagnons; mais ils s'étaient grandement trompés dans leur calcul.

 

 

 

Une surprise à laquelle il fallait s'y attendre

La nuit, mais une nuit affreusement obscure, les surprit au moment où ils atteignaient la Butte-Ronde. Cette Butte-Ronde, où les voyageurs s'arrêtaient pour se remettre de leurs fatigues, était une petite élévation de terrain bordée de grosses pruches, à mi-chemin entre le village de Stanfold et la demeure de Grondin. Rendus à cet endroit, nos voyageurs comprirent qu'il leur fallait une lumière pour guider leurs pas à travers ces marais où ils enfonçaient à tout instant, et d'où ils avaient mille et mille difficultés à se retirer. M. le notaire Cormier avaient un paquet d'allumettes sur lui, et ils voulurent allumer la chandelle de leur fanal. Ils étaient tous trois mouillés jusqu'aux os, tous les objets qui les environnaient l'étaient aussi; une seule allumette prit feu et, par un nouveau surcroît de malheur, la mèche de la chandelle de leur fanal était si imprégnée d'humidité, qu'il fut impossible de la faire prendre. Tout espoir était perdu, et nos voyageurs comprirent qu'il n'y avait pour eux aucun moyen de se procurer la lumière qui les eût sauvés dans une position si. critique. On tint alors conseil et on décida de continuer la marche jusqu'à la demeure de Grondin.

Nos voyageurs furent terriblement affligés de ce contre-temps fâcheux; cependant, reprenant leur courage, ils poursuivirent résolument leur course. Ils enfonçaient à tout moment dans des marais profonds, et ces chutes souvent répétées épuisaient leurs forces. Une faim dévorante les pressait et ils n'avaient rien pour se réconforter. Leurs jambes étaient meurtries et ensanglantées, et M. Bélanger se plaignait fortement dés souffrances qu'il éprouvait à la jambe droite, par suite d'une blessure qu'il s'était faite quel­ques jours auparavant. Cependant, ils n'avaient plus que quelques arpents à franchir avant d'atteindre la maison de Grondin, quand ils se trouvèrent en face d'un marécage affreux qu'ils voulurent éviter. Les épais ténèbres de la nuit les enveloppaient de toutes parts, et, sans s'en douter, ils doublèrent ce marais et prirent la voie qui les ramenait au village de Stanfold.

On tourne en rond...

Ils étaient épuisés de fatigue, tout mouillés, tout glacés, tout couverts de boue, et évidemment les forces physiques ne leur permettraient pas de parcourir une seconde fois et tout de suite la même longueur de chemin. Ils étaient complètement écartés, ils revenaient sur leurs pas, tout en croyant arriver à la demeure de Grondin. Au milieu de l'obscurité de la nuit, nos voyageurs repassèrent, sans la remarquer, la Butte-Ronde où ils s'étaient reposés quelque temps auparavant, et où ils avaient essayé vainement de se procurer la lumière. A peine avaient-ils franchi quelques arpents en-deçà de cet endroit, que M. Ambroise Pépin, tourmenté par la faim et épuisé, tomba au pied d'un arbre, en déclarant à ses compagnons qu'il lui était impossible de marcher davantage. M. le notaire Cormier enleva les chaussures à Ambroise Pépin, assécha ses bas du mieux qu'il put en tentant de le remettre sur pied. La chose fut impossible; Pépin était rendu au bout de ses forces et complètement découragé. Ses deux compagnons essayèrent de lui remonter le moral, en lui disant qu'ils arrivaient au poste tenu par Grondin et qu'ils lui enverraient tout de suite du secours. Ambroise Pépin, se voyant livré à lui-même dans une position si périlleuse, laissa échapper quelques paroles de plainte et entrecoupées de sanglots. Il avait, le pauvre malheureux, le pressentiment du triste sort qui l'attendait.

M. Bélanger et M. le notaire Cormier, la tristesse au coeur en voyant tomber leur compagnon de route, et dans la pensée qu'un pareil malheur pouvait leur arriver, continuèrent cependant leur marche.

Ils avaient fait une quinzaine d'arpents, lorsque M. Bélanger déclara à son tour qu'il ne pouvait aller plus loin; il s'assit au pied d'un cèdre. M. Cormier, en s'entretenant avec

    I.      Bélanger, tourna le dos au village de Stanfold, reprit le chemin qui le menait chez Grondin, doubla une seconde fois , le marais revint sur ses pas, passa à côté de Pépin qu'il ne vit pas et vint tomber sur M. Bélanger.

 

 

 

 Toujours au même point

Après plusieurs heures de marche, M. Cormier se trouvait au même point qu'à son départ. M: Bélanger pouvait encore parler, mais sa voix était bien affaiblie. M. Cormier, effrayé de la situation de ses deux compagnons, fit un effort suprême et continua sa route, convaincu qu'il arrivait chez Grondin et qu'il obtiendrait un prompt secours. Il était complètement écarté et revenait vers le village. Il fit quelques arpents et alors il tomba dans une barbotière, d'où il ne peut se retirer qu'après des efforts surhumains. Et il se laissa choir sur une petite élévation. II perdit tout sentiment et resta dans cette position.

Cependant la mort faisait son oeuvre. Ambroise Pépin, le premier, et M. Bélanger, le second, lui avaient payé leur tribut. Le notaire Cormier allait bientôt tomber sous ses coups, lorsque la lumière du jour commença à paraître.

                I.      Narcisse Gaudet et Moïse Provencher, qui avaient passé la nuit chez M. Pierre Richard, prirent le chemin de la savane le lendemain au matin, à la pointe du jour. Après avoir franchi une trentaine d'arpents, ils remarquèrent, un peu à côté de la voie suivie par les voyageurs, quelque chose de noir qui semblait remuer un peu. Ils crurent que c'était un ours et ils firent un détour pour l'éviter. Soupçonnant tout à coup qu'un malheur pouvait être arrivé aux trois voyageurs de la veille, ils résolurent de se rendre compte de la chose, et ils ne furent pas longtemps sans reconnaître le notaire Cormier, dont tous les membres étaient radis par le froid, mais qui respirait encore et luttait énergiquement contre la mort. Que faire? Ils ne pouvaient lui donner aucun secours et il leur était impossible de songer à ramener à eux seuls au village ce pauvre infortuné.

 

On retourne à Stanfold donner l'alarme

Narcisse Gaudet se charge de garder le notaire et Moise Provencher court au village de Stanfold donner l'alarme. Aussitôt une quinzaine d'hommes s'organisent, se munissent de haches et de cordes et s'élancent à pas précipités vers le lieu du sinistre. Pendant ce temps, on envoie chercher en toute vitesse M. Clovis Gagnon, missionnaire de St-Norbert d'Arthabaska et M. le docteur Joseph Bettez de Somerset. Cette triste nouvelle se répand partout; elle vole de bouche en bouche, et les colons de Stanfold et de Somerset se rendent en toute hâte au village, la consternation peinte sur la figure. Les hommes qui s'étaient enfoncés dans la savane, arrivèrent bientôt près du notaire Cormier. Ils ébranchèrent quelques petites épinettes, les lièrent solidement à l'aide de cordes, en firent une espèce de brancard sur lequel ils placèrent M. Cormier, puis quatre hommes le ramenèrent au village et le déposèrent dans la maison de M. Pierre Richard. Grâce aux soins habiles du Dr Bettez, M. Cormier revint à la connaissance, à deux heures de l'après-midi.

Après avoir protégé du mieux possible M, Cormier, les hommes pénétrèrent plus avant dans le chemin de la savane, où ils trouvèrent M. Bélanger, assis, le dos appuyé contre un cèdre, le bras droit accoudé sur une épinette renversée par le vent et qui traversait le chemin; sa tête reposait doucement dans sa main et il paraissait sommeiller. On eut une lueur d'espérance; on crut un instant qu'il était encore vivant. Cet espoir fut de courte durée, car en l'approchant on découvrit qu'il avait cessé de vivre depuis quelques temps. Un peu plus loin gisait Ambroise Pépin, dont tous les membres froids et raides annonçaient qu'il était mord depuis plusieurs heures. On transporta au village ces deux corps sur des brancards faits pour la circonstance. Celui de M. Bélanger fut exposé dans la maison de M. Pierre Prince, et celui de M. Ambroise Pépin dans celle de M. le notaire François-Xavier Pratte.

Une perte inestimable

Cette mort inattendue et si cruelle du bon et généreux missionnaire de ces cantons fut, pour les colons de Stanfold, de Blandford et de Somerset, un véritable coup de foudre.

Une émotion profonde avait gagné tous les coeurs et les larmes abondantes, versées indistinctement par les hommes, les femmes et les enfants, disaient éloquemment combien on avait su apprécier les belles qualités de l'esprit et du coeur de M. Bélanger. Ce fut un deuil général pour toute la colonie.

Dans l'après-midi du même jour, les habitants de Somerset, abattus par la douleur et en proie au découragement le plus complet, ramenèrent en leur paroisse les corps de ces deux héroïques victimes. Trois jours après, les colons de Somerset, au milieu d'un grand concours de personnes venues de toutes parts, déposaient dans le cimetière de leur paroisse les dépouilles mortelles de M. Charles-Édouard

Bélanger et de M. Ambroise Pépin.

 Formalité de la loi

Extrait mortuaire de M. Bélanger et enquête authentique tenue sur son corps:

«Le vingt-sept novembre mil huit quarante-cinq, nous, missionnaire soussigné, avons inhumé dans le cimetière de St-Calixte-de-Somerset le corps de Messire Charles-Édouard Bélanger missionnaire de Somerset, décédé le vingt-quatre, accidentellement, comme il appert par l'acte du juré ci-joint, âgé de trente-deux ans et deux mois.

(Signé) Alphonse Dupuis, Ptre.

     Charles Prince,

            Pierre Célestin Poudrier,

           François Poudrier,

           Clovis Gagnon, Ptre.”

«Enquête authentique faite et tenue de la part de Notre Souveraine Dame la Reine, dans le township de Somerset, dans le comté de Mégantic, dans le dit district de Québec, le vingt-sixième jour du mois de novembre de l'année mil huit cent quarante-cinq, dans la même année du règne de Sa Majesté la Reine Victoria, par la grâce de Dieu, Reine du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, Défenseur de la foi, par devant Nous, Joseph-Louis Héon, à la vue et sur l'inspection du corps du Révérend Charles-Édouard Bélanger, prêtre et missionnaire du township de Somerset et autres lieux, alors et gisant mort sous le serment de Messieurs Charles Prince, P.-C. Bourke, Louis Richard, Victor Chabot, J.-B. Mercure, F.-B. Cormier, hommes bons et qualifiés du lieu susdit, notables dûment choisis, lesquels, ayant prêté serment, et étant chargés de s'enquérir de la part de Notre dite Souveraine Dame la Reine, quand, ou,

comment et de quelle manière est mort le dit Messire Charles-Édouard Bélanger, résidant dans le dit canton de Somerset, déclarent que le dit Messire Charles-Édouard Bélanger a été trouvé mort le vingt-quatre du présent mois dans le chemin de la savane, dans le township de Stanfold, dans le comté dé Drummond, dans le district des Trois-Rivières, où il est décédé le matin du dit jour, de bonne heure après minuit, après s'être égaré dans la dite savane, de fatigue, de froid et de lassitude, et les dits Jurés disent qu'il est mort de cette manière et non autrement.

En foi de quoi le dit Joseph-Louis Héon, Capitaine de Milice, a signé et a apposé à cette enquête les seings et sceaux, les jours et an susdits.

(Signé) Joseph-Louis Héon, Capitaine de Milice.»

Ambroise Pépin, compagnon de route de M. Bélanger, était âgé de quarante-deux ans.

Le survivant... (P.34)

                I.      le notaire Olivier Cormier, trois jours après cette catastrophe qui le mit à deux doigts de la mort, put se rendre à sa maison, située en face de l'ancienne chapelle de Somerset, à l'endroit même où est construit le couvent. Le matin de ce même jour, il vit, de la fenêtre de sa demeure, transporter à l'église les corps de MM. Charles-Édouard Bélanger et d'Ambroise Pépin. Cette vue l'affecta vivement et il fut terriblement impressionné par la pensée qu'il allait bientôt mourir.

 

Il tomba et demeura pendant trois mois dans une prostration affreuse, la tête fatiguée, faisant une diète sévère, croyant à tout instant entendre sonner sa dernière heure. Au bout de ce temps, voyant qu'il ne pouvait triompher de sa maladie, il changea de lui-même, son régime de vie. Il se mit à voyager sur sa terre et à charroyer son bois de chauffage. La fatigue de tous les jours eut pour effet de ramener chez lui le sommeil; et la distraction se mettant de la douce partie, il redevint en peu de semaines ce qu'il était auparavant, fort, robuste, pouvant se livrer aussi facilement aux travaux de la plume qu'à ceux des bras. On l'avouera, M. Cormier était d'une constitution fortement trempée pour avoir pu échapper à pareil désastre. C'est lui-même qui a raconté à M. l'abbé C.-F. Baillargeon, dans tous leurs détails, les événements qui se sont passés en la triste nuit du 23 novembre 1845.

M.le notaire Olivier Cormier mourut à Somerset le 2 octobre 1889, âgé de 72 ans.

Il veut voir l'endroit où est mort l'abbé Bélanger

J'ai voulu voir de mes propres yeux, dit M. C.-F. Baillargeon, dans ses notes, l'endroit de la savane où est mort M. Bélanger. J'ai requis, à cet effet, les services de M. Jérémie Demers, reconnu habile coureur des bois, de MM. Clovis et Adrien Leclerc, et, le 12 juin 1887, après les vêpres, nous nous sommes tous quatre transportés sur les lieux. Pour y arriver, nous avons suivi le chemin entre le cordon des septième et huitième rangs jusqu'à la terre de M. Clovis Leclerc. Sur cette terré, nous avons parcouru cinq arpents de désert en profondeur et sur le sens des lignes, puis deux arpents de grand bois, et nous sommes alors tombés dans le chemin de la savane, que nous avons suivi environ quatre arpents avant de rencontrer l'arbre que nous cherchions.

L'arbre que nous désirions examiner est un gros cèdre dont on a équarri dans le temps une face et sur laquelle on a écrit quelques mots avec de la Sanguine. J'ai fait pratiquer

une entaille sur ce cèdre et enlever la partie où se trouvaient les mots écrits, pour en faire, à l'aide d'une loupe, une étude minutieuse. Plusieurs de ces lettres étaient effacées, mais le temps en a respecté assez pour me permettre de lire cette inscription comme suit: «Ambroise Pépin et Messire Édouard Bélanger, décédés le 23 novembre mil huit cent quarante-cinq.»

A la distance assez longue qui nous sépare de cet événement, dans un temps de terrible sécheresse, alors que le ciel n'avait pas donné une seule goutte d'eau à la terre depuis deux mois, malgré de grands défrichements de terre faits dans les environs de la savane, le chemin était encore en certains endroits si imprégné d'eau, qu'on sentait l'humidité à travers les plus épaisses chaussures que nous avions choisies pour la circonstance, et ce fait à lui seul suffit pour nous donner une idée de ce qu'était le chemin de la savane à l'époque de la mort de M. Bélanger.

Endroit de la mort...

Ainsi, ayant tout vu et tout examiné soigneusement de mes yeux, je puis écrire que M. Charles-Édouard Bélanger, missionnaire de Somerset, de Stanfold et de Blandford, est mort le 24 novembre 1845, au milieu de la nuit dans la savane de Stanfold, sur le quinzième lot du septième rang, sur la terre défrichée par M. Louis Leclerc senior, sur la partie occupée par M. Adrien Leclerc, à neuf arpents du chemin tracé entre les septième et huitième rangs, à dix-neuf ar­pents du cordon qui sépare le septième rang du dixième, et à deux arpents de la ligne qui divise le quinzième lot du quatorzième; dans le Gore.

Le 27 novembre 1845, le corps de M. C.-E. Bélanger fut déposé dans le cimetière de St-Calixte-de-Somerset, à cause de l'impossibilité de faire aucune inhumation dans la chapelle, vu l’exiguïté de son local et la disposition des bancs et du plancher du bas qui touchait presqu'au sol.

Douze ans plus tard, le 15 octobre 1857, lorsque l'église en pierre fut terminée et livrée au culte, on exhuma, du cimetière, le corps de M. C.-E. Bélanger et on en fit la translation solennelle dans les voûtes du nouveau temple.

Dans les archives de St-Calixte

La lecture du procès-verbal de cette cérémonie funèbre, dressé et consigné dans les archives de la cure de St-Calixte, nous fera connaître en quelle estime et quelle vénération on tenait ce missionnaire dévoué, généreux, tombé sur le champ de la gloire et de l'honneur, victime de son zèle apostolique.

Extrait du registre des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de St-Calixte-de-Somerset pour l'année mil huit cent cinquante-sept:

«Le quinze octobre mil huit cent cinquante-sept, vu la permission accordée par Sa Grandeur Monseigneur l'évêque de Tloa, le onze du mois dernier, nous curé de Ste-Claire, soussigné, avons fait la levée du corps du Révérend Charles-Édouard Bélanger, qui avait été déposé dans le cimetière de cette paroisse le vingt-sept novembre mil huit cent quarante-cinq, et, après l'avoir solennellement transporté dans l'église, aù milieu d'un concours immense, et après avoir célébré un service solennel pour le repos de son âme, nous l'avons inhumé au milieu du choeur de l'église, près du mur de refond. Monsieur Bélanger était le fils de sieur Pierre Bélanger, maçon, et de Dame Marie Maheux, de la paroisse de Beauport.

«Ordonné prêtre le dix-huit décembre mil huit cent quarante et un, en même temps que nous soussigné, il fut nommé second missionnaire de cette paroisse dans le mois d'octobre mil huit cent quarante-quatre. M. Bélanger était entièrement dévoué au bonheur de ses nouveaux paroissiens, et ces derniers se reposaient beaucoup sur sa capacité et son énergie pour la prospérité de leur nouvelle colonie, lorsque; appelé pour régler une affaire d'où dépendait le bien spirituel et temporel de ses paroissiens, après les avoir édifiés par la célébration des Saints-Offices et sa prédication, le dimanche, vingt-trois novembre mil huit cent quarante-cinq, n'écoutant que son zèle ardent, malgré un temps des plus horribles, il-se mit en marche, et, épuisé de fatigues, souffrant la faim et engourdi par le froid, il trouva la mort dans la savane de Stanfold, à vingt arpents de l'église actuelle de Stanfold, dans la nuit du vingt-trois au vingt-quatre novembre mil huit cent quarante-cinq, étant âgé de trente-deux ans, deux mois et quatre jours et universellement regretté de ses bien-aimés paroissiens.

«Le panégyrique de M. Bélanger fut prononcé avant l'absoute par le Révérend M. Jean Langevin, curé de Beauport (1), ami et compagnon de séminaire, comme nous,

du dit défunt, au milieu des pleurs de l'immense auditoire, qui, malgré un temps affreux, remplissait toute l'église. Étaient présents, les Révérends Jean Langevin, curé dé Beauport; Joseph-Calixte Marquis, curé de St-Pierre Célestin; Narcisse Pelletier, curé de Stanfold; Joseph Béland, curé de Ste-Julie; Félix Brunet, curé de Ste-Sophie; Joseph Matte, curé de cette paroisse, et beaucoup d'autres qui ont signé avec nous.

Jean Langevin, ptre,

Calixte Marquis, litre, curé de St-P. C.,

 Narcisse Pelletier, ptre, curé de Stanfold,

J. O. Béland, ptre, curé de Ste-Julie,

F. Brunet; litre, curé de Ste-Sophie,

Jos Matte, ptre, curé de St-C.-de-Somerset,

Jos. Bettez,

L.-T. Bernard, ptre, curé de Ste-Claire-de-Joliette.

Lequel extrait, nous soussigné, vicaire de St-Calixte-de - Somerset, certifions être conforme au registre original déposé dans les archives de la dite paroisse.

Fait à St-Calixte-de-Somerset, le 23 avril 1913.

E.-A. Dupont, ptre.»

Nouveau transfert

En juin 1886, le corps de l'abbé C.-E. Bélanger fut de nouveau transporté dans le cimetière de St-Calixte. Les restes mortels de M. l'abbé Bélanger furent placés dans un même cercueil, avec ceux de M. l'abbé Joseph Matte et ceux de M. Ambroise Matte, père de M. l'abbé Joseph Matte.

A l'approche du cinquantième anniversaire de la mort de M. l'abbé Bélanger et de son compagnon Ambroise Pépin, on agita la question d'élever un monument à la mémoire de nos deux héros, à l'endroit où ils avaient perdu la vie.

Cette idée fut très favorablement accueillie et tous les citoyens des Bois-Francs rivalisèrent de zèle et de générosité pour en assurer la réalisation. Nous étions en 1890.

Monsieur l'abbé C.-F. Baillargeon, ancien curé de Stanfold, un des principaux promoteurs de ce noble projet, voulut bien se charger du travail de l'organisation de cette fête commémorative et de voir aux moyens à prendre pour se procurer et élever un monument convenable.

M. l'abbé C.-F. Baillargeon fut secondé et approuvé par M. l'abbé M. Matte, curé de Somerset, M. l'abbé P.-P. Dubé, curé de Ste-Julie, M. l'abbé L.-A. Buisson, curé de St­Norbert, M. l'abbé C.-E. Mailhot, curé de St-Louis-de - Blandford, et par nombre de citoyens marquants des comtés d'Arthabaska et de Mégantic.

M. Baillargeon s'adressa d'abord aux conseils de Plessisville, de Princeville et de St-Louis-de-Blandford, qui souscrivirent une somme suffisante pour couvrir les frais du monument, qu'on voulait inaugurer en 1895, cinquantième anniversaire de cet événement triste et mémorable.

On avait décidé de placer ce monument aussi près que possible de l'endroit où M. l'abbé Bélanger avait été trouvé mort.

On se dispute les restes de l'abbé Bélanger (P.35)

                I.      le curé de Stanfold, M. l'abbé A. Désaulniers, fut d'un avis contraire. Il aurait voulu que St-Calixte-de-Somerset cédât à St-Eusèbe-de-Stanfold les ossements de M. l'abbé C.­E. Bélanger, pour les placer dans le cimetière de Stanfold, et là y ériger lé monument. Somerset ne voulut pas acquiescer à cette proposition. Les choses étant ainsi, on crut devoir abandonner et remettre à plus tard l'exécution de cet acte de reconnaissance.

 

Ajoutons que lors de la bénédiction des cloches de Stanfold, en 1890, Mgr Antoine Racine, premier curé de Stanfold et premier évêque de Sherbrooke, apprenant ce louable projet, l'approuva fortement et promit d'assister à l'inauguration de ce monument qu'on voulait élever en témoignage de reconnaissance et de gratitude, à la mémoire de ce dévoué missionnaire, au sujet duquel M. C. Trudelle, premier curé de Somerset, en 1850, a dit, à la connaissance d'un grand nombre de témoins de cette lamentable épopée: «Comme toutes les oeuvres importantes et qui, dans l'ordre de la Providence, ne peuvent réussir qu'au prix de grands sacrifices, la colonisation des Bois-Francs avait eu ses héros, elle venait d'avoir ses martyrs”.

C'était le baptême de sang des Bois-Francs. En effet, l'enfant, digne fruit de l'union du patriotisme avec le dévouement, a dit quelqu'un, méritait d'être tenu sur les fonds

baptismaux par son grand-père le sacrifice et d'être aspergé par le plus pur sang de notre religion, le sang du prêtre.

Un voeu

En finissant, me serait-il permis d'exprimer un voeu? Pourquoi ne pas, au moins placer une pierre tumulaire à l'endroit où M. C.-E. Bélanger est mort, et ainsi commé-morer un événement dont les anciens des Bois-Francs nous parlaient encore, il y a quelques années, avec tant d'émotion, en versant des larmes? La génération qui a vu... s'en va!

 

Les premiers pionniers des Bois-Francs sont descendus dans la tombe; leurs enfants sont des vieillards, et à mesure que les rangs de ces derniers s'éclaircissent, à mesure que leurs têtes blanchies s'inclinent devant la mort pour ne plus se relever, le jour s'assombrit, la nuit se fait sur les faits et gestes de ces braves colons qui ont ouvert à la civilisation et donné à la patrie le sol qui nous a vu naître, que nous exploitions et qui se refermera bientôt aussi sur nous. La tradition locale, la belle et suave tradition des origines des Bois-Francs, va s'affaiblissant chaque fois que nous conduisons au cimetière l'un de ces vieillards, qui désormais, ne sera plus là pour l'entretenir, la raviver, pour relater au coin du feu, devant les plus jeunes, les péripéties de nos origines, les vertus, les combats, le courage de nos prédécesseurs.

 

 

 

Enlèvement d'une jeune enfant par les sauvages (indiens) Philomène Desharnais

Le printemps de 1846 fut témoin d'un drame bien navrant, d'un événement bien tragique qui jeta la consternation dans toute la population des Bois-Francs et dans bon nombre de paroisses du fleuve. Une jeune enfant fut enlevée par des misérables sauvages, laissant toute une famille dans la tristesse- et dans la désolation la plus profonde.

En 1840, M. Dominique Desharnais et sa courageuse épouse, Rose Fortier, entendant parler de la fertilité des terres de Stanfold, se décidèrent à venir y tenter fortune, Ils quittaient un petit établissement dont ils étaient en possession dans la paroisse de Sainte-Croix, comté de Lotbinière. Leur famille se composait de cinq enfants dont l'aîné, Élie. était âgé de 20 ans. Ils achetèrent un demi-lot (partie du 26e lot du 10e rang de Stanfold), près de la grande ligne de Bulstrode, et, quelques semaines après, ils en vendirent deux arpents à leur fils Elie, qui s'engagea à en payer la valeur par un campeau de ce lot qu'il devait faire à la charrue. Comme on le voit la fortune de M. Elie Desharnais n'était pas extraordinaire. Cependant, avec son énergie indomptable et son courage héroïque, il a pu se faire un bel établissement agricole, sur lequel il éleva sa famille, avec une bonne aisance. En 1841, M. Elie Desharnais épousa Luce Sévigny, fille d'Alexis Sévigny et de Luce Gagnon.

C'était une femme de dévouement qui, par son amour du travail et son esprit d'économie, a contribué, dans une large mesure à la prospérité et au bonheur de son époux. L'année suivante; il leur naquit une enfant à laquelle ils donnèrent le nom de Philomène. C'est cette enfant qui va jouer le rôle dominant dans le récit qui va suivre.

Ils découvrirent un chemin...       

En 1842, M. Elie Desharnais et M. Gilbert Lemay-Poudrier pénétrèrent dans l'épaisse forêt, en arrière de leur cabane, pour se préparer des auges dont ils avaient besoin pour faire le sucre au printemps; et, dans leur excursion, ils découvrirent un chemin qui longeait la grande ligne de Bulstrode et qui allait aboutir à la Rivière Bécancour, Saint-Louis-de-Blandford.

Ce chemin était praticable pour les voitures en hiver; et dans l'été, on le parcourait à pied, mais non sans y rencontrer des marais profonds et de périlleux endroits. Ce chemin, M. Elie Desharnais l'a souvent parcouru quand il se rendait à Saint-Louis-de-Blandford pour se procurer les provisions de bouche nécessaires à sa famille.

                I.      M. Elie Desharnais avait loué, en société avec son frère, M. Isidore Desharnais, une sucrerie située dans Bulstrode, à environ vingt arpents de sa demeure, non loin de la Coupe-Walker aujourd'hui, et il était occupé à y faire du sucre dans le printemps de 1846. C'était le 14 avril, jour des Rameaux. Dans l'après-midi, Madame Desharnais se prépara à s'en retourner à son logis, mais l'enfant manifesta un vif désir de passer la nuit à la cabane avec son père. Le temps était bien beau et l'on pouvait offrir un bon lit à la petite. Alors il fut décidé qu'elle passerait la nuit à la sucrerie et que son père la conduirait à sa demeure le lendemain, dans le cours de la journée. Après un bon sommeil, le lendemain matin, il y avait force besogne à expédier. La nuit avait été claire; une forte gelée s'était produite et un soleil radieux et chaud annonçait une grosse coulée.

 

Absence momentanée

Après avoir allumé le feu sous les chaudrons, pris toutes les précautions pour qu'il n'arrivât aucun accident à l'enfant, et fait force recommandations, Elie partit avec son frère pour faire la visite des érables et cueillir l'eau. En arrivant de sa première tournée, Elie Desharnais trouva sa petite fille assise sur le lit, pâle et paraissant en proie à une terreur profonde.

 

Qu'as-tu? lui demanda-t-il.

 Rien, répondit l'enfant.

A toutes les questions pressantes qui lui furent adressées, Philomène répondait qu'elle n'avait rien vu d'étrange. Une vive préoccupation s'empara alors de l'esprit de M. Desharnais. Cependant, les érables continuaient toujours à donner une eau beaucoup plus sucrée et en abondance, et comme le sucre était alors pour nos pauvres colons presque l'unique source de revenus, il se décida, malgré une terrible répugnance, à s'éloigner une seconde fois de la cabane, avec l'intention bien arrêtée de revenir aussitôt que possible. Il le fit; mais en arrivant à sa cabane il n'y trouva pas sa petite fille. Quelle déception! celle qu'il avait laissée là, une heure auparavant, n'y était plus. Le pauvre père ne fut pas trop inquiet tout d'abord, pensant qu'elle avait probablement pris le chemin de la maison, ennuyée qu'elle était de sa mère.

Prendre le chemin de sa demeure fut pour Desharnais l'affaire d'un instant. Quel ne fut pas son étonnement d'apprendre qu'on n'avait ni vu ni entendu l'enfant!

L'enfant est disparue

Figurez-vous le chagrin, le désespoir de ce pauvre père, de cette tendre mère: l'aînée de leur famille était disparue! Où la retrouver? Un malheur lui était-il arrivé? Comment expliquer cette subite disparition?

Immédiatement on donna l'alarme; les voisins furent prévenus. Il n'était pas encore nuit que déjà des recherches se faisaient de tous côtés. On fouilla, on vida tous les puits, on sonda les fondrières, on chercha dans les bois, on ne trouva rien.

Pendant que les pauvres parents, les amis, les voisins faisaient des recherches, les ravisseurs, de leur côté, ne restaient pas inactifs. N'ayant pas été soupçonnés tout de suite, ils avaient eu le temps de faire une longue route, favorisés qu'ils étaient par l'état de la forêt à cette saison de l'année, la neige étant toute disparue et leur passage ne laissant pas de traces.

Dès que le jour reparut, on se remit à faire une battue dans la forêt. On apprit de source à peu près certaine que des sauvages avaient été vus près de la rivière Nicolet. Madame Desharnais eut comme une intuition que son enfant avait été enlevée par eux.

On organise des recherches

On s'organisa par bandes et l'on parcourut toute la forêt comprise entre les rivières Nicolet et Bécancour; plus de cent hommes prirent part à ces recherches. Vains efforts, toutes ces démarches ne donnèrent aucun résultat.

On ne trouva pas l'enfant, on ne découvrit pas d'indices qu'elle avait été enlevée ou dévorée par les ours ou les loups qui, très souvent, étaient vus ou entendus dans les environs.

On abandonna les perquisitions, les recherches, mais la pauvre mère restait convaincue que son enfant n'était pas morte, qu'elle vivait en possession de cruels sauvages et que, Dieu aidant, elle retrouverait cette pauvre petite martyre. Aussi, que de prières ferventes ne faisait-elle pas, cette pauvre mère désolée!

Un indice

Des indiscrétions commises par certains sauvages eurent pour effet de fixer l'attention. On apprit par ces racontars que des sauvages étrangers à la tribu des Abénakis, dans le but de se venger de certaines prétendues injustices, avaient enlevé une petite fille blanche; mais on ne disait pas dans quelle partie du pays avait été commis le vol, ni où se trouvait la captive.

Durant le temps que l'on faisait des conjectures, la pauvre petite fille était bel et bien en la possession de sauvages qui, pour éviter d'être appréhendés, emmenèrent leur petite captive avec eux jusqu'au Saguenay, où ils demeurèrent tout l'été et l'hiver suivant.

Pendant tout ce laps de temps, la pauvre petite fille avait à souffrir les plus cruels tourments de la part de ses ravisseurs.

Ils lui arrachaient les cils, les sourcils, lui faisaient brûler les ongles des doigts et des orteils dans dés fourneaux de calumet. On lui enduisait le corps d'une matière grasse, et on l'exposait ainsi à la fumée d'un bûcher, dans le seul but de lui donner une couleur basanée comme celle des enfants des bois.

On pratiquait sur le corps de la pauvre petite captive tous les tourments, toutes les tortures que la cruauté et la barbarie les plus raffinées pouvaient suggérer.

 

 

 

Les ravisseurs reviennent aux Trois-Rivières

Au printemps de 1847, à l'ouverture de la navigation, nos sauvages revinrent par la voie du St-Maurice aux Trois-Rivières.

De là, ils traversèrent le St-Laurent et se rendirent à St-Grégoire. La surveillance étrange dont ils entouraient leur prétendue enfant éveilla les soupçons et attira l'attention des gens. Cette enfant, se disait-on n'appartient certainement pas à ces sauvages nouvellement arrivés. Le souvenir de la petite fille enlevée à Stanfold, l'année précédente, les confirmait davantage dans cette supposition qui, du reste, était bien fondée.

Par des moyens détournés, surtout en faisant parler la petite, on constata, à ne plus douter, qu'elle était réellement de famille canadienne; car, bien qu'elle s'exprimât assez bien en faisant usage de la langue de ses détenteurs, son accent canadien la trahissait.

Les sauvages, eux, se voyaient à une assez grande distance de l'endroit où ils avaient accompli leur vol criminel et barbare, au milieu d'une population de cultivateurs qui semblaient ignorer complètement ce qui en était, se croyaient en parfaite sécurité.

Ils vivaient sans inquiétude et sans crainte, comptant toujours garder cette victime qu'ils avaient ravie à l'affection de ses parents.

La petite victime est rendue aux parents

Une demoiselle Hébert, qui visitait assez souvent les sauvages de l'endroit et qui possédait leur confiance, eut l'idée d'arracher des mains dé ces misérables la petite esclave.

On avisa donc avec beaucoup de prudence aux moyens d'opérer la délivrance de la petite prisonnière. Un moment favorable se présenta. Mlle Hébert et un M. Larivière, de St-Grégoire, enlevèrent secrètement la petite Philomène et la firent conduire chez ses parents à Stanfold.

Je n'entreprendrai pas de décrire le bonheur que goûtèrent ces heureux parents en revoyant au milieu d'eux celle qu'ils pleuraient depuis plus d'un an et qu'ils n'espéraient plus revoir sur cette terre.

La joie semblait être revenue dans cette demeure depuis si longtemps désolée.

Mais hélas! cette tranquillité devait être de courte durée. Après trois mois de recherches, de perquisitions comme savent en faire les sauvages, ils apprirent que l'enfant était entre les mains de ses parents.

Les ravisseurs veulent la reprendre

Ils ourdirent de nouveau l'infâme projet de la ravir. C'est alors qu'on vit arriver dans le canton de Stanfold ces indignes voleurs d'enfants. La présence de ces sauvages jeta l'alarme et l'émoi dans la localité. La famille Desharnais, plus que toute autre, avait raison de craindre et d'être dans la consternation. L'idée que le malheur de l'année précédente pouvait se renouveler, que leur enfant pouvait être de nouveau enlevée, était pour eux un cruel martyre.

Car il n'y avait pas à en douter, ces misérables voulaient se venger et reconquérir leur proie.

Que d'inquiétudes, que de soucis donc pour ces infortunés parents!

Témoin des perquisitions que les sauvages faisaient dans les environs de sa demeure, craignant avec grande raison que les sauvages lui ravissent de nouveau sa chère enfant, M. Desharnais était obligé de la tenir continuellement cachée.

Elle est placée dans un couvent à Ste-Croix

En face d'un pareil danger, M. Desharnais prit le sage parti de la conduire à Ste-Croix, comté de Lotbinière, et la plaça au couvent, sous les soins d'une de ses soeurs faisant partie de la communauté.

Cette fois, on la croyait enfin en lieu sûr et les parents espéraient que leurs craintes allaient se dissiper. Illusions! les sauvages apprirent par leurs amis le lieu de la retraite de leur victime. Se rendre à Ste-Croix fut pour eux l'affaire d'un instant, et là, ils tentèrent de se faire livrer l'enfant, qu'ils réclamaient comme leur appartenant, menaçant de faire brûler la maison si on ne s'exécutait pas de bonne grâce. Ce ne fut que par l'intervention des autorités civiles que l'on réussit à les faire déguerpir.

Par crainte, elle est placée à la maison-mère à Québec (P.36)

 

Craignant que le séjour de la petite fille chez elles ne fût la cause de voies de fait de la part des sauvages, les dames religieuses prirent le parti de diriger leur petite pensionnaire

du côté de Québec; où elle fut placée dans leur maison-mère; là, enfin, elle se trouva en parfaite sécurité.

Philomène Desharnais ne revint que longtemps après chez, ses parents, qui purent enfin jouir sans crainte de la présence de leur enfant bien-aimée.

Mademoiselle Philomène Desharnais épousait, quelques années plus tard, Monsieur Esdras Beaudet, du canton de Stanfold.

M. Esdras Beaudet est décédé en 1895, tandis que son épouse, Philomène Desharnais, décédait en 1917. Elle était la mère de M. l'abbé Alfred Beaudet, autrefois professeur au

Séminaire de Nicolet et présentement retiré à la paroisse Notre-Dame-de-l'Assomption de Victoriaville.

La hardiesse et le travail surmontent les plus grands obstacles.

Fénélon.

 

_________________________________________________

Autre enlèvement à St-Eusèbe-de-Stanfold (P.36)

 

Napoléon Grenier, enfant de Antoine Grenier et de Marcelline Bélanger

Neuf années s'étaient écoulées depuis l'enlèvement de l'enfant d'Élie Desharnais. On avait presque mis en oubli ce drame terrible; on avait la certitude que pareille chose ne se renouvellerait jamais. Les défrichements étaient agrandis; on vivait maintenant dans une campagne ouverte de tous côtés, les bois étaient plus éloignés des maisons, les voisins vivaient plus rapprochés, la population était presque double de ce qu'elle était neuf ans auparavant, la circulation dans le chemin publie était presque continuelle. Il semblait qu'on n'avait plus rien à craindre des incursions des sauvages, que l'on ne voyait d'ailleurs que très rarement. Comme il n'y avait plus dé chasse, ils ne venaient dans les parages de Stanfold que pour vendre leurs paniers et autres mar­chandises. Enfin, on vivait dans la plus complète sécurité.

Le 25 avril 1855, un brave citoyen du 9e rang du canton de Stanfold, Monsieur Antoine Grenier, cultivateur, était occupé à des travaux de défrichement, à quelques arpents de sa demeure.

Absence momentanée

Son épouse était restée à la maison avec ses enfants, au nombre de trois. Elle eut à s'absenter chez une voisine, pour aller chercher un instrument dont elle avait besoin pour travailler au métier à tisser.

Madame Grenier revint de suite reprendre le soin de sa maison. 

Mais quelle ne fut pas sa stupéfaction, son horreur, en entrant chez elle, de trouver deux de ses enfants en pleurs, tout transis d'effroi, incapables de proférer une parole, et le troisième, son fils âgé d'environ quatre ans, disparu!

A l'instant, l'enlèvement de l'enfant de M. Desharnais lui revint à la mémoire et le récit des tortures endurées par la pauvre petite martyre repassa devant ses yeux, imprimé en lettres de sang. Quel in moment pour une mère!

L'aînée des enfants laissés à la maison pendant son absence, déclara, aussitôt qu'elle fut revenue de sa frayeur et put parler, que son frère avait été emporté par un gros homme noir, qui était entré dans la maison aussitôt après le départ de sa mère. La petite fille ajouta qu'elle avait eu tant peur, qu'elle n'avait pas regardé partir le voleur de son petit frère et qu'elle ne savait pas de quel côté il était allé.

 

L'événement fut connu à l'instant de toute la population de Stanfold et de Blandford. Ce fut comme un courant électrique, atteignant tous les pères et les mères de famille de toute la région.

On sentait que tous les parents étaient menacés, exposés au même danger. Aussi, il fallait voir l'empressement que l'on mettait à faire des recherches dans toutes les directions; les grandes forêts de Stanfold, Bulstrode et Aston étaient littéralement couvertes d'hommes armés de pied en cap. Vains efforts. Toutes les courses organisées furent inutiles. L'enfant était perdu, sans espoir, semblait-il, de le retrouver jamais.

Après plusieurs années

Plusieurs années se sont écoulées. Madame Grenier, devenue veuve, émigra aux États-Unis avec ses enfants. Pendant son séjour à Lewiston, un jeune homme, logeant dans la même maison de pension que la famille Grenier, entra en relations assez intimes avec une des demoiselles Grenier. Madame Grenier, voulant se renseigner sur ce jeune homme, interrogea la maîtresse de la maison. Celle-ci lui répondit que le jeune homme lui semblait un gentil garçon et qu'il leur avait raconté une histoire assez étrange. Étant enfant, il aurait été enlevé par des sauvages. Devenu plus grand, il serait parvenu à s'échapper de leurs mains et se serait rendu aux États-Unis.

Ce récit intrigua tout naturellement Madame Grenier, qui ne put s'empêcher de penser immédiatement à son enfant qu'elle savait avoir été volé par les sauvages alors qu'elle demeurait à Stanfold. Une lueur d'espérance traversa son âme et pénétra son coeur de mère.

Il n'est pas impossible, se disait-elle, dans son vif désir de retrouver son enfant; que ce soit lui.

Anxieuse d'éclaircir cette affaire un peu mystérieuse,

Madame Grenier, prudemment. prit de nouvelles informations, employa tous les moyens à sa disposition pour arriver à la solution de ce problème qui l'intéressait au suprême degré.

Enfin, elle arriva à la certitude que ce jeune homme était bien son enfant.

Version d'un citoyen de Stanfold

Cette coïncidence, cette reconnaissance, qui semble un peu romanesque, n'en est pas moins, selon la version d'un brave homme, ancien citoyen de Stanfold, l'exacte vérité. Cet homme, que j'ai tout lieu de croire digne de foi et bien renseigné; me disait qu'il avait bien connu la famille Grenier, alors qu'il était à Stanfold, qu'il demeurait dans le même canton. Il pouvait avoir une quinzaine d'années quand l'enfant Grenier fut volé par les sauvages (indiens). Émigré lui aussi aux États-Unis, il eut connaissance et fut, pour ainsi dire témoin de cette heureuse et inattendue rencontre.

Ce bon vieillard me racontait encore que vers le même temps où le jeune Grenier fut enlevé par les sauvages, une petite fille de M. François Vasseur et de Mme Josephte Verville, âgée de six ans, avait failli être la victime d'un pareil enlèvement. Elle était allée cueillir des framboises, non loin des bâtiments. Un sauvage, en embuscade, était sur le point de s'emparer de l'enfant et de s'enfuir avec elle, lorsque, tout à coup, un homme, allant à course de cheval, chercher le prêtre pour un malade, arriva providentiellement à cet endroit. En voyant cet homme, le sauvage abandonna sa proie et prit la fuite en se dirigeant vers la forêt.

Grâce à cette heureuse circonstance; la petite fille échappa à toutes les misères de la vie des bois, et à toutes les souffrances que ces ravisseurs barbares avaient l'habitude

de faire endurer aux enfants des Blancs malheureusement devenus leurs victimes.

        Hécatombe à St-Eusèbe-de-Stanfold (p.36)

  Dans la nuit du mardi au mercredi 20-21 juillet 1862

Dans la nuit du 20 au 21 juillet de l'année 1862, la paroisse de St-Eusèbe-de-Stanfold fut le théâtre d'un drame qui jeta la stupeur et l'effroi parmi tous les gens des Bois-Francs. Une

femme accomplissait un acte des plus lamentables et des plus horribles, une mère de famille, dans un moment de découragement, de désespoir, égorgeait ses propres enfants. Elle avait bien déjà donné des signes d'aliénation mentale, mais personne ne pouvait supposer qu'elle en viendrait à perpétrer un massacre dont le seul récit fait frémir de frayeur. Au commencement de juillet 1862, Fabien Bourret laissait St-Eusèbe-de-Stanfold dans le but de gagner la vie de ses nombreux enfants et de leur pauvre mère. Il se rendit dans les environs de Sherbrooke pour y faire la récolte du foin. Les années précédentes il avait déjà fait des voyages semblables. Ces absences duraient un mois, un mois et demi.

En 1862, Fabien Bourret entreprit un nouveau voyage du même genre. II laissa chez lui son épouse, née Domithilde Laventure, (1) et sept enfants, dont la plus âgée avait treize

ans; une autre de ses enfants, l'aînée, âgée de quatorze ans, demeurait dans la paroisse voisine, St-Norbert-d'Arthabaska, chez un de ses oncles.

Domithilde Laventure, comme toutes les bonnes épouses, les mères de famille dévouées, ne laissait pas à son mari le soin de pourvoir seul aux besoins de sa nombreuse famille; au contraire, elle faisait tout en son pouvoir pour aider, par son travail incessant, au maintien, à la nourriture et à l'entretien de ses enfants.

Aussi, la voyait-on toujours occupée, toujours travaillant à procurer le bien-être à ceux que Dieu lui avait confiés. Quelques jours avant le départ de son mari, elle était allée chez une voisine chercher de l'ouvrage, du filage dont son amie devait lui payer le coût en nature, en effets qui devaient servir à la nourriture de ses enfants.

La voisine amie, confiante en son honnêteté, en lui donnant les effets qu'elle devait travailler chez elle, lui remit en même temps une partie du paiement de son travail, sous forme de provisions de bouche.

Quelques jours après le départ de Bourret pour les Etats-Unis, un dimanche après-midi, 20

 juillet, Domithilde Laventure se rendait chez sa voisine amie, rapportant avec elle l'ouvrage

 qu'elle lui avait confié, en même temps ce qu'elle avait eu de provisions, en paiement de son

 futur travail.

Elle arriva en disant qu'elle avait trop présumé de ses forces, qu'elle prévoyait ne jamais être capable de remplir sa promesse, et, ne voulant pas tromper son amie, elle préférait lui rapporter son ouvrage et le paiement qu'elle avait bien voulu lui en faire d'avance, et elle ajoutait que quelque chose lui faisait pressentir qu'elle mourrait sous peu, et, ne voulant pas être engagée en faisant tort à quelqu'un, elle préférait rapporter ce que son amie lui avait mis en main, qu'ainsi elle serait sans inquiétude de ce côté.

Démarche surprenante

L'amie fut très surprise des démarches de sa pauvre voisine; après lui avait dit qu'elle avait tort de se décourager, elle tâcha de la réconforter et lui inspirer confiance en l'avenir, en lui disant qu'elle devait avoir bientôt de l'aide par ses enfants, qui ne manqueraient pas de donner à leurs parents les secours dont ils auraient besoin, et que bientôt, Dieu aidant, ils vivraient tous ensemble heureux et prospères.

Les sages conseils de son amie parurent lui faire du bien, et en partant pour retourner chez elle, elle lui dit un amical bonsoir.

Cela n'empêcha pas Domithilde Laventure de se rendre chez ses autres voisines, leur faire une visite, ce qui n'était pas dans ses habitudes, car elle ne sortait jamais de sa (1) Page 271. Le 11 janvier 1847, Fabien Bourret, fils de Joseph Bourret et de Geneviève Lafaure, de la paroisse de St-Eusèbe-de Stanfold, avait épousé à St-Calixte-de-Somerset, Mathilde (Domithilde) Laventure, fille de Pierre Lavertu et de Geneviève Syl vestre, aussi de St-Eusèbe-de-Stanfold. maisonnette. Là encore, elle faisait un récit de ses inquiétudes, de ses appréhensions d'une mort prochaine.

Ses voisines tâchèrent de la consoler, de l'encourager, en lui disant qu'elle était malade, que l'ennui causé par le départ de son mari allait disparaître aussitôt la réception de la première lettre. qu'il ne tarderait pas à écrire.

Vains efforts de la part des voisines. La pauvre femme ne voulait pas se rendre à leurs sages conseils de ne plus penser à de si tristes choses.

Une de ses amies lui disait qu'elle était malade, que la fièvre dont elle était menacée, une fois disparue, tout rentrerait dans le calme, et alors elle serait ce qu'elle avait toujours été jusque là, pleine de courage et d'énergie, ne penserait plus à mourir, mais plutôt à vivre, afin de pouvoir faire ce qu'elle avait toujours fait jusqu'alors: travailler pour élever ses nombreux enfants.

Une amie lui conseillait, avant de partir de chez elle, de ne pas tarder à se soigner, en prenant, dès le soir même, un bain bien chaud, et le lendemain, à bonne heure, elle irait la voir pour lui prodiguer ses soins, si toutefois elle n'était pas mieux.

La Fabien Bourret paraissait contente de l'offre de sa bonne voisine, et partait en souhaitant le bonsoir à son amie.

 L'ainée veut lui dire bonjour

Pendant qu'elle faisait ses visites chez ses voisines, l'aînée de ses enfants, venue le matin même, de St-Norbert - d'Arthabaska était à la maison, lorsqu'elle arriva.

La jeune fille dit à sa mère qu'elle ne voulait pas partir sans lui souhaiter le bonsoir. La mère fit beaucoup d'instances auprès de sa fille pour l'engager à, passer la nuit avec

elle, mais l'enfant après avoir passé la veillée à la maison, alla coucher chez une amie.

On se sépara vers dix heures et demie.

Il avait été convenu la veille au soir, que la jeune fille, avant de partir pour St-Norbert, viendrait voir comment était sa mère et lui souhaiter le bonjour.

Quelle ne fut pas la surprise de l'enfant de trouver la porte d'entrée de la maison barricadée en dedans, et la seule fenêtre qu'il y eût, hermétiquement fermée! Après avoir vainement frappé et appelé, elle aperçoit, par une petite ouverture de la porte, sa pauvre mère étendue sur le plancher, immobile et ne paraissant pas donner signe de vie! Affolée, elle part, en toute hâte, avertir le plus proche voisin de ce qu'elle venait de voir.

Les voisins accourent

On revient immédiatement, on essaie d'ouvrir la porte; rien ne cède; alors on se fait une entrée à coups de hache. Spectacle horrible: la maison est transformée en abattoir huit cadavres sont là gisant dans le sang!

Voyez devant vous une chaumière de dix-huit pieds de langueur par une largeur de quinze pieds environ, toute basse n'ayant qu'une porte et un petit châssis, des planchers tout rabotteux et disjoints, de petites couchettes faites avec du bois rond, une petite table, quelques chaises plus ou moins boiteuses, un poêle; voilà l'ameublement de cette pauvre demeure! ajoutez à cela du sang, toujours du sang, couvrant le plancher et les pauvres meubles.

Trois cadavres sont dans le haut de la maison; le sang de ces pauvres victimes, après avoir coulé à flots à travers le plancher disjoint du haut de la maison, s'écoule maintenant goutte à goutte et reste figé, coagulé, suspendu aux poutres et au plancher.

La plus âgée des victimes avait dû opposer beaucoup de résistance à la pauvre mère! Elle avait été frappée de sept coups de hache dans le dos; quelques-uns de ces coups de hache la traversaient de part en part. Un enfant de quatre ans avait le cou coupé, la tête n'étant retenue que par un lambeau de chair. Les cinq autres baignaient dans leur sang. La pauvre mère avait mis fin à ses jours en se coupant le cou avec un rasoir.

Spectacle terrifiant

Ce n'était pas un malheur domestique, c'était un malheur public. Tous les citoyens, non seulement de la paroisse de Stanfold, mais aussi ceux des paroisses environnantes, étaient dans le deuil, dans la consternation.

On ne pouvait croire qu'une mère pût en venir à un tel état de démence et être l'auteur d'un tel forfait.

Etait-il possible qu'une mère, même en proie à la folie, aurait poussé la barbarie jusqu'à égorger ses propres enfants?

On ne savait que penser.

Des soupçons, des conjectures furent à l'ordre du jour. Une main criminelle ou étrangère ne serait-elle pas la vrai aurait poussé la barbarie jusqu'à égorger ses propres enfants?

On ne savait que penser.

Des soupçons, des conjectures furent à l'ordre du jour. Une main criminelle ou étrangère ne serait-elle pas la vrai coupable?

Même, ô horreur! on en vint jusqu'à laisser planer des doutes sur la possibilité de culpabilité du père lui-même. On crut devoir députer quelqu'un pour aller s'enquérir des faits et gestes de Fabien Bourret, le jour et l'heure où s'accomplissait ce multiple meurtre. On ne fut pas lent à constater qu'à ce moment, Bourret était chez son bourgeois et bien loin, hélas! de penser au malheur qui l'attendait.

Verdict du coroner Poisson

D'ailleurs, l'enquête présidée par le docteur Médéric Poisson, coroner du district d'Arthabaska. prouva complètement que Mathilde alias Domithilde Laventure était, bien que trop malheureusement elle-même, l'auteur de ce crime atroce.

Le rasoir qu'elle tenait dans sa main gauche, (elle était gauchère) ne pouvait laisser aucun doute qu'après avoir mis à mort ses enfants, elle avait mis fin à ses jours en se tranchant la gorge.

Le vingt-cinq juillet au matin, huit voitures, portant chacune un cercueil, défilèrent en face de l'église de St-Eusèbe-de-Stanfold. Plus de cent voitures, tant de la paroisse que des paroisses environnantes, formaient le cortège funèbre. La tristesse la plus profonde était peinte sur toutes les figures. Le père faisait peine à voir, accablé qu'il était par la douleur.

Province de Québec,

Enquête du Coroner,

 District d'Arthabaska.

(P.37)

Attendu qu'une enquête a été, ce jour, tenue à la vue des corps de Domithilde Laventure, femme Bourret, laquelle s'est suicidée en se coupant la gorge avec un rasoir, dans un moment d'aliénation mentale, et de Délima Bourret, de Marie Elise, de Ludger, de Joséphine, de Julie, d'Adélard et d'Olivier Bourret, tous sept enfants de la dite Domithilde Laventure, lesquels ont été massacrés par leur dite mère, lorsque cette dernière était dans un moment d'aliénation mentale, tous, lesquels corps, sont maintenant gisant dans votre paroisse. Ces présentes sont en conséquence pour certifier que vous pouvez légalement permettre que leurs corps soient enterrés.

Et pour ce faire ceci est votre garant.

Donné à Princeville, ce vingt-unième jour de juillet de l'an mil huit cent soixante-deux.

Sous mon seing et sceau,

    Urgel Mederick Poisson,

   Coronaire (Coroner) d'Arthabaska.

   Inscrit aux registres

Au Rév. Messire Pelletier, curé de St-Eusèbe-de - Stanfold, et à tous les autres que les présentes pourront concerner:

Le vingt-cinq juillet mil huit cent soixante-deux, nous, prêtre curé soussigné, avons inhumé, dans le cimetière de cette paroisse, les corps de Domithilde alias Mathilde Laventure, épouse de Fabien Bourret, qui s'est suicidée le vingt et un du courant, en cette paroisse, à l'âge de trente-trois ans, sous l'influence de la folie, après avoir égorgé sept de ses enfants, dont les noms suivent comme il appert par le verdict du coronaire (coroner), Marie Rose de Lima, âgée de treize ans, de Sophie, Marie Mérélice, alias Elise, âgée de onze ans, de Fabien Ludger Napoléon, âgé de neuf ans, Joséphine, âgée de six ans, de Marie Julie, âgée de quatre ans, de Henri Adélard, âgé de deux ans, et de Olivier, âgé de quatre mois et cinq jours, tous sept enfants de Fabien Bourret et de défunte Domithilde alias Mathilde Laventure.

Parents:

Pierre Coulombe et Augustin Poisson,

ainsi qu'un grand nombre d'autres qui n'ont pu signer.    N. Pelletier, Ptre.

La maison est incendiée

La maison qui avait été le théâtre de ce drame terrible ne fut pas laissée longtemps debout; on la fit brûler pour effacer toute trace de ce sinistre hécatombe.

Fabien Bourret fut inhumé à St-Eusèbe-de-Stanfold le 9 février 1907. Il était alors veuf de Adélaîde Chandonnet.

___________________________________________________________________________

 

Annecdote Léon Pépin (P.38)

Léon Pépin naquit à Gentilly, le 12 août 1822. II était le fils de Joseph Pépin et de Angélique Brunel. Le 15 février 1849, il épousa à Gentilly, Julie Beaufort-Brunel, fille de Isaac et de Agathe Lacerte. En 1851, Léon Pépin vint s'établir dans les Bois-Francs. Pendant trois ans, il défriche une terre dans Stanfold. Il commençait à y gagner sa vie sans misère.

                                                                            

Mais voilà qu'au milieu de la nuit, au fin coeur de l'hiver, un huissier se présente à l'humble logis de Pépin et l'oblige à déguerpir sans délai. Le pauvre occupant fut obligé d'aller passer le reste de la nuit, avec sa femme et un jeune enfant, dans une ancienne perlasserie, espèce de caveau, sans feu et exposés à tous les vents. La terre appartenait à ce fameux William Wilson, que l'on pourrait appeler le bourreau des premiers colons de Stanfold.

Le coeur saigne encore quand on lit l'histoire des souffrances terribles qu'ont endurées un bon nombre des premiers colons des Bois-Francs. Et encore une fois, nos amis de l'Ontario oseront-ils dire que les Canadiens-Français ont persécuté les Anglo-Saxons propriétaires d'une partie des Cantons de l'Est?

L'histoire est là pour dire bien haut que les persécuteurs ne furent pas les Canadiens, mais bel et bien les Anglais. Léon Pépin, plein de courage, alla se fixer sur le 8e lot du 8e rang de Stanfold, et y demeura 18 ans. En 1876, il acheta une maison dans le village de Princeville: Cette maison a une histoire qu'il convient de signaler. Elle avait été dans le passé la propriété de M. Pierre Prince, fondateur du village de Princeville.

Dans l'hiver de 1840, M. Denis Marcoux, vicaire à Gentilly, dit la messe dans cette maison. C'était la première fois que la messe était célébrée dans cette partie de la paroisse de Stanfold qui forme aujourd'hui le village de Princeville. Avant cela, la mission avait lieu dans le canton de Stanfold, à l'endroit appelé «la Rivière Nicolet» chez M. Édouard Leclerc.

Léon Pépin mourut dans le village de Princeville, le 10 août 1898, âgé de 76 ans. C'était le père de Frank Pépin, de Princeville, et le beau-père de Rodolphe Boisvert de Victoriaville.    

Un voyage à Québec

Français vs Anglais

Un jour M. Pierre Richard, avec quelques compagnons de Stanfold, part pour Québec, chercher des marchandises. Dans ce temps-là, il fallait faire le voyage de Stanfold à Québec en voiture. On suivait le chemin passant par Inverness. La descente se fit sans accident, sans contre-temps. Il n'en fut pas de même au retour. Arrivés dans Inverness, nos voyageurs se virent tout à coup en présence d'une barrière nouvellement installée et au-delà, une douzaine d'Anglais armés de haches, de fourches et de bâtons, menaçaient de leur faire un mauvais parti, s'ils osaient aller plus loin.

La position n'était pas souriante. Retourner sur leurs pas ce n'était pas chose agréable; braver ces forcenés, il y avait certainement danger.

Mais nos vieux Canadiens n'ont jamais pris peur à l'approche d'un fanfaron, et ont toujours été de taille à défendre leurs droits et à mettre à la raison d'injustes agresseurs.

 Idée ingénieuse

Alors, M. P. Richard se rappela qu'il avait dans sa voiture une boîte de faulx et que c'était le temps de les étrenner, en fauchant ces mauvaises herbes. On délibéra quelque temps. On comprenait le danger qu'il y avait à engager un tel combat, mais enfin se dit-on: «il faut passer».

Qui fut dit fut fait. Chacun prend une faulx, et d'un seul bond, on franchi la barrière, brandissant ces sabres brillants, improvisés pour la circonstance.

En un clin d'oeil, nos braves agresseurs avaient pris le bois et laissé le chemin libre à nos paisibles voyageurs.

De retour à la maison, M. Pierre Richard et ses compagnons racontaient avec un légitime orgueil comment ils s'étaient débarrassés de ces dévaliseurs de grands chemins, et les avaient envoyés se promener dans la forêt.

Cette anecdote et d'autres racontées par M. St-Amant, dans son histoire de l'Avenir, ne sont pas de nature à prouver la vérité des accusations portées contre les Canadiens-Français: à savoir qu'ils ont persécuté et chassé les Anglais des Cantons de l'Est.

La vérité vraie

On crie bien haut de nos jours contre cette prétendue persécution. Quels sont les faits que l'on apporte à l'appui de ces criailleries? La vérité, c'est que ce sont les Anglais qui ont tracassé les colons canadiens au début de la colonisation des Bois-Francs. La grande partie des cantons des Bois-Francs fut octroyée à des miliciens anglais. Bien peu vinrent se fixer et défricher leurs terres. La plupart ne s'occupèrent nullement de faire de la colonisation.

Ces terres étant vacantes, les colons canadiens se mirent à les défricher. Les propriétaires ne firent tout d'abord aucune réclamation; mais lorsque les terres furent passablement défrichées, mises en valeur, ils firent leur apparition, demandèrent des prix exorbitants que la plupart des colons étaient incapables de payer. Charles Houle fut un de ceux qui purent garder leurs terres et jouir du fruit de leurs travaux, mais au prix de quels sacrifices.

Un chanceux

Joseph Houle, garçon de Charles, disait: «Notre terre nous a coûté bien des sueurs et beaucoup d'argent. Je crois, ajoutait-il, que si tout l'argent qu'il nous a fallu donner au propriétaire anglais était en billets d'une piastre, nous pourrions couvrir une bonne partie de notre terre.»

Houle a pu cependant garder sa terre; il n'en fut pas de même de certains autres colons. Ainsi, Joseph Deshayes et David-Régis Pard, établis dans les environs de Charles Houle, n'étant pas capables de payer ce qu'on leur demandait, furent obligés de déloger. Ils avaient droit raisonnablement à une indemnité pour leur ouvrage. Les propriétaires anglais les payèrent en disant: «Vous aviez beau à ne pas travailler sur nos terres! On ne vous doit rien! »

Deshayes et Pard reprirent le chemin de la forêt et allèrent se fixer dans le canton de Tingwick (aujourd'hui St-Rémi) où ils commencèrent le défrichement de nouvelles terres.

Aux premiers jours des Bois-Francs, Joseph Deshayes et David-Régis Pard avaient quitté Bécancour et étaient venus se fixer à Stanfold, à un demi-mille environ en bas du village de Princeville. Leur intention était de pouvoir établir plus facilement leurs garçons.

Malheureusement pour eux, les lots qu'ils prirent avaient été concédés à un Anglais qui fit le mort jusqu'à ce que les lots furent en grande partie défrichés. Alors, usant de ses droits de propriétaire, cet Anglais qui, sans doute, souffrait beaucoup de francophobie, jugea l'occasion favorable de dévorer d'un même coup de dents ces deux pauvres Canadiens-Français. Celui-ci donc les chassa impitoyablement de leurs terres, sans les indemniser le moins du monde de la plus-value que le travail de deux familles, pendant vingt ans, avait apporte a sa propriété.

Sans se décourager, Joseph Deshayes et David-Régis Pard s'enfoncèrent dans la forêt, à quinze lieues plus loin, dans le rang le plus reculé du Township de Tingwick, y prirent des terres pour eux et leurs enfants et recommencèrent à neuf de nouveaux établissements.

______________________________________________________________________________

Stanfold Communiants en 1839 (P.39)

les noms ont été retirés et mis dans la section famille (J.P).

Voir http://www.societehistoireprinceville.com/Photo_Familles.HTM

 

___________________________________________________________________

Charles Prince (p.44)

Charles Prince (Charles à Guenne) et Françoise Christian étaient dans les Pointes Bulstrode vers 1837. C'est sur leur terre que fut érigé le petit cimetière des Pointes de Bulstrode. En 1848, ils sont résidants sur le chemin Warwick, où ils tiennent une hôtellerie pour les voyageurs.

Françoise Christian mourut à St-Eusèbe-de-Stanfold, âgée de 47 ans, et son époux, Charles Prince, mourut au même endroit le 9 septembre 1861, âgé de 59 ans.

___________________________________________________________________

      M. l'abbé Narcisse Pelletier (P.47)

M. l'abbé Narcisse Pelletier naquit à St-Roch-des-Aulnaies, comté de l'Islet, le 17 janvier 1820, de François-Roch Pelletier et de Josephte Miville, fit ses études à Ste-Anne-de-la-Pocatière et fut ordonné à Québec, le ler octobre 1848. Vicaire à St-François-du-Lac (1848-1849), au Cap-Santé (1849-1850), encore à St-François-du-Lac (1850-1851), à Ste-Anne-de-la-Pérade (1851-1852); curé de Stanfold (1852-1874), avec desserte de Blandford (1852-1862); décédé à Stanfold, le 13 juillet 1874.

M. l'abbé Pierre Roy

M. l'abbé Pierre Roy naquit à Nicolet, le 27 Juliet 1824, de François Roy et d'Angèle Hallé, fit ses études à Nicolet, où il fut ordonné le 18 septembre 1852; vicaire à Yamachiche (1852-1854); curé de Kingsey (1854-1855), de St-Norbert d'Arthabaska (1855-1878), où il est décédé le 4 janvier 1878.

M. Onésime Caron

                I.      Onésime Caron, un des fondateurs et le premier rédacteur de «L'Union des Cantons de l'Est», était le fils de Moîse Caron et de Marie-Louise Gélinas, de Louiseville, comté de Maskinongé, où il fut baptisé le 9 septembre 1841. Il entra au séminaire de Nicolet en 1856 et en sortit en 1863.

 

II étudia le droit et fut admis au barreau en 1866. A l'automne de 1866, il accepta la rédaction de «L'Union des Cantons de l'Est», charge qu'il occupa pendant un an.

                I.      Onésime Gagnon, époux de Marie-Esther Barthelot, se noya accidentellement à St-François-du-Lac, le 14 août 1875, et fut inhumé le 17 du même mois.

                II.           

M. Joseph-Octave Bourdeau

M. Joseph-Octave Bourbeau est né à St-Pierre-les-Becquets, le 23 juillet 1836. Après son cours d'études, il s'est mis dans le commerce. Après avoir tenu magasin à Stanfold,

quelques années, il a passé trois ans en Californie. A son retour, il a fondé la maison de commerce «J.-O. Bourbeau», à Victoriaville, en 1862, laquelle maison a toujours prospéré par la suite sous le nom de J.-O. Bourbeau & Cie, étant composée de deux des fils du fondateur, MM. Emile et Édouard Bourbeau et M. Henri Poirier.

Le 10 septembre 1867, M. Bourbeau a marié Mlle Alphonsine Richard, qui est décédée le 11 janvier 1922 et qui était la fille de feu l'hon. Louis Richard, M. C. L., en son vivant de Stanfold. M. Bourbeau est décédé le 24 juin 1927.

M. Louis-de-Gonzague Houle

M. Louis-de-Gonzague Houle est né à Lotbinière; il était marié à Mme Adèle Berthelot de Québec. Après avoir été admis Barreau, il est venu pratiquer à Arthabaska. Il a été réviseur des listes électorales pour le gouvernement fédéral; en 1867, il était candidat pour la Chambre des Communes contre Ls-Adélard Sénécal, qui l'a battu par une petite majorité. II est mort à Tingwick le 11 mars 1893. II fut rédacteur de «L'Union des Cantons de l'Est» en 1866 et 1867.

M. Théophile Girouard

                I.      Théophile Girouard est né à Gentilly, le 1er décembre 1826, du mariage de M. Joseph Girouard et de Emilie Guillaume-Descormiers. A l'âge de 23 ans, en 1849, comme beaucoup d'autres, il est allé en Californie à la recherche de l'or, y est demeuré quatre ans, a été assez heureux pour réaliser une bonne somme.

 

Revenu au Canada, il s'est mis dans le commerce du bois, à Stanfold, où il a construit des moulins; son commerce a très bien réussi. Pendant son séjour à Stanfold, il s'est marié, le 6 octobre 1861, à Mlle Alexina Pacaud, fille de M. Charles-Adrien Pacaud, de St-Norbert-d'Arthabaska. En janvier 1873, il est allé résider à Québec et a construit des moulins à scie à Betsiamis. Quelques années plus tard, il vendit ses moulins de Betsiamis, et alla résider à Ste-Catherine, Ont., où il est mort en août 1897.

 

                I.      Girouard était le père de M. Raoul Girouard de Smith-Falls, de Mme Sydney Forest et Mlle M. L. Girouard, d'Ottawa, de Mme T.-E. Griffith d'Arthabaska et du L.-Col. René Girouard; aussi cousin du shérif Girouard, d'Arthabaska, l'oncle de Mme Pépin, l'épouse de M. Henri J. Pépin, ancien maire de la ville d'Arthabaska, et l'aïeul de Mme Maurice Maheu.

            II.        

 

 

 

L'hon. Louis Richard

M. Louis Richard est né à St-Grégoire, comté de Nicolet, en 1817. Il s'est occupé de commerce. Il est un des premiers marchands établis à Stanfold, ou il a très bien réussi; il a laissé une jolie fortune à sa mort, arrivée le 13 novembre 1876, à l'âge de 59 ans.

M. Richard fut nommé conseiller législatif quelques années avant sa mort.

Il était le père de feu M. Édouard Richard, ancien député; beau-père de feu M. J.-Octave Bourbeau, négociant de Victoriaville, et aussi le père de Philippe Richard, décédé à Battleford, et de feu Arthur Richard décédé à Stanfold en 1887. Mme Hermine Prince, veuve de l'hon. L. Richard, est morte plusieurs années après son mari. L'hon. L. Richard était l'oncle du grand financier philanthrope M. J.-Auguste Richard, L.L.D., de Montréal, et de l'hon. Sénateur Benjamin Prince, de Battleford, Sask., et l'aïeul de M. Louis Richard, avocat, de Québec.

M. Mathias Talbot

                I.      Mathias Talbot est né à St-Pierre-de-Montmagny en 1822. Il était le fils de François Talbot. Il est parti jeune de St-Pierre et s'est établi d'abord au Domaine de Gentilly. Quelques années après, il s'est fixé à St-Norbert, sur la terre occupée par la suite par son fils, M. Edmond Talbot (décédé en 1918), et occupée aujourd'hui par le gendre de ce dernier, M. Roland Labbé.

 

                I.      François Talbot, le père de M. Mathias Talbot, avait douze garçons et quatre filles: MM. François, Hubert, Hippolyte, Solyme, tous quatre de St-Pierre-de-Montmagny; David et Godfroid, de Stanfold; Mathias, Narcisse, Bonaventure et Édouard, de St-Norbert; Georges, de Tingwick; Prudent, de Ham-Nord; les quatre filles: Mesdames Hermine, épouse de M. Louis Collin; Rose, épouse de M. Théophile Carignan; Eulalie, épouse de M. Noé Carignan, tous de Stanfold; et Emélie, épouse de M. Poirier St-Grégoire.

 

                I.      Mathias Talbot était marié à Mme Marie-Mathilde Collin, soeur de M. Louis Collin; il est décédé le 16 juin 1876.

                     M. Ed. Germain Paradis

M. Ed.-Germain Paradis est né à Lorette. Il est venu s'établir à St-Norbert et fut un des premiers colons de cette paroisse. Après avoir vendu sa propriété à St-Norbert, il est allé résider à Stanfold, où il est mort il y a quelques années (1921).

M. Frs-Xavier Pratte

M. Frs-Xavier Pratte est né à St-Grégoire, comté de Nicolet, en 1818; après avoir fait ses études au Collège de Nicolet, il fit sa cléricature aux Trois-Rivières sous le notaire Guillet et fut reçu notaire le 30 avril 1844. M. Pratte, aussitôt admis à la profession, alla pratiquer à Stanfold, où il demeura jusqu'à sa mort arrivée le 1er avril 1873. C'était un bon citoyen toujours désireux d'être utile à ses compatriotes; c'était un bon notaire, le premier notaire pratiquant à Stanfold.

De son mariage avec Mlle Beaudet, il eut plusieurs enfants: MM. Alfred Pratte, négociant de la Rivière-du-Loup; Antonio Pratte, de Montréal; Lucien Pratte, des Etats-Unis; Mme Eugénie Pratte, épouse de M. Donat Duvert, de St-Rémi, comté de Napierreville; et Mlle Corinne Pratte, aussi de St-Rémi.

Mme Lapointe, l'épouse de l'hon. Ernest Lapointe, ancien ministre de la Marine, était la petite-fille de M. le notaire Pratte.

M. Pratte a été marguillier de Stanfold, maire du village de Princeville et membre du Conseil du comté d'Arthabaska. En 1867, lors des élections générales, la candidature lui fut offerte mais il refusa cet honneur.

 

Autres biographies

Famille Gravel

Là famille Gravel est l'une des plus anciennes du Canada. Le pays tout entier ne contenait que quelques centaines d'habitants lorsque Joseph Massé Gravel, né à Dinan. Bretagne, en 1616, arriva à Québec, en 1641. En 1644, à l'âge de 28 ans, i1 épousa Marguerite Tavernier, âgée de 17 ans et originaire de Randonnay, dans le Perche. Les nouveaux époux s'établirent à Château-Richer, à quinze milles de Québec. Ils eurent onze enfants, six garçons et cinq filles, qui tous surent lire et écrire, chose très remarquable dans les campagnes, au dix-septième siècle, non seulement dans la Nouvelle-France, mais même en Europe.

Trois des filles furent religieuses Ursuline à Québec; l'une d'elles, Françoise, en religion Soeur Ste-Anne, fut l'une des fondatrices des Ursulines de Trois-Rivières. Joseph Massé Gravel fut l'un des fondateurs de la paroisse de Château-Richer et le premier marguillier qu'elle ait eu. Les Gravel des Bois-Francs gui sont tous maintenant (1925) à Gravelbourg, Saskatchewan, descendent de lui, comme le démontre le tableau suivant:

I

Joseph Massé-Gravel, né à Dinan, Bretagne, en 1616, émigra à Québec en 1641; épousa, le premier mai 1644, Marguerite Tavernier, de Québec, né à Randonnay, Perche, en 1627. Il vécut à Château-Richer à partir de 1641 jusqu'à sa mort, en 1689; il eut onze enfants, dont Madeleine qui fut Soeur St-Paul; Françoise, Soeur Ste-Anne; Geneviève, Soeur de la Visitation; Pierre, ancêtre de M. Ludger Gravel, de Montréal; Joseph et Claude, frères jumeaux. Joseph, le premier, est l'ancêtre des Gravel de Louiseville et de St-Prosper, ainsi que de feu M. J. A. Gravel, de la maison de librairie Fabre et Gravel, et de feu M. J.O. Gravel, qui fut l'un des industriels les plus en vue de Montréal. Claude, le deuxième, est l'ancêtre de feu Monseigneur Gravel, premier évêque de Nicolet, de feu M. le Vicaire Général Gravel, de St-Hyacinthe, ainsi que des Gravel des Bois-Francs.

II

Claude Gravel, né à Château-Richer en 1662, épousa en 1687, dans cette paroisse, Jeanne Cloutier, sour d'Élisabeth Cloutier, épouse de Nicolas Gamache, Seigneur de L'Islet. Il mourut à Château-Richer en 1724. Il avait douze enfants, dont cinq filles et sept garçons. L'un d'eux, Jean, est l'ancêtre des Gravel de l'Ile-Jésus, où il alla s'établir en 1730. Un autre, Pierre, fut notaire.

III

Pierre Gravel, né en 1695 à Château-Richer, marié en 1721 à Marguerite Prieur, à Château-Richer; exerça la profession de notaire. Décéda à Château-Richer en 1761.

IV

Pierre Gravel, fils du notaire du même nom et de Marguerite Prieur, né en 1721 à Château-Richer; épousa Marie-Anne Bureau en 1746; décédé à Château-Richer en 1793.

V

Pierre Gravel, fils de Pierre Gravel et de Marie-Anne Bureau, né à Château-Richer en 1755; épousa Agnès Doyon en 1781 à Château-Richer; alla mourir en 1817 à St-Antoine-sur-Richelieu, où ses quatre fils étaient allés s'établir.

VI

Pierre Gravel, fils aîné de Pierre Gravel et d'Agnès Doyon, né à Château-Richer en 1783, alla s'établir, vers 1804, à St-Antoine-sur-Richelieu, avec ses trois jeunes frères, Charles, Prisque et Nicolas (père de feu Monseigneur Gravel). Épousa Rose Bonin en 1809. Mourut à St-Antoine en 1850.

VII

Louis Gravel, fils de Pierre Gravel et de Rose Bonin, né à Ste-Antoine en 1812, fit ses études classiques au Collège des Sulpiciens; épousa Amélie Gladu en 1835; vécut toute sa vie à St-Antoine, où il fut inhumé en 1889. Père de feu M. le Grand Vicaire Gravel de St-Hyacinthe (1843-1901), et de feu le Docteur L. J. Gravel, d'Arthabaska (1840-1888).

VIII

Docteur Louis-Joseph Gravel

Le docteur Gravel naquit à St-Antoine-sur-Richelieu le 21 octobre 1840. Il était le fils de Louis Gravel et de Amélie Gladu. Il fit ses études classiques au Collège de Saint-Hyacinthe et son cours de médecine au Collège Victoria, affilié à l'Université de Cobourg. Il fut admis à l'exercice de la profession en 1861. Il pratiqua successivement à St-Antoine-sur - Richelieu, sa paroisse natale, à St-Pierre-les-Becquets, à Princeville, de 1868 à 1878, et puis à Arthabaska jusqu'à sa mort, arrivée en 1888. Par conséquent, le docteur Gravel pratiqua la médecine pendant vingt ans dans les Bois-Francs.

Monsieur François Baillargeon, alors qu'il était curé de Princeville, qui l'a bien connu, et qui fut à même de l'apprécier, écrivait à son sujet, au lendemain de sa mort: «Partout où le docteur Gravel a passé, il a laissé de lui les meilleurs souvenirs. Médecin distingué, il a su faire honneur a sa profession et il inspirait là plus grande confiance à tous ceux qui se confiaient à ses soins. La veille de sa mort, nous avons veillé avec le défunt chez M. Onil Milot, chapelain du collège, (plus tard Monseigneur Milot, curé de Victoriaville) et nous l'avons quitté vers neuf heures au moment où il entrait chez lui plein de santé pour n'en plus sortir que dans un cercueil. Jeudi matin, le 13 décembre, la nouvelle de sa mort a causé une vive impression de douleur dans tout notre village où il comptait autant d'amis que de connaissances. »

Un médecin remarquable

Un autre ami de la famille nous écrit que le rôle joué par le docteur Louis-J. Gravel, bien qu'effacé, a eu son importance et qu'une place de tout premier rang lui était assignée parmi la pléiade d'hommes, plutôt remarquables, qui ont vécu à Arthabaska. Il brillait par des côtés qui ne laissent pas de traces, excepté dans le souvenir des survivants. Il était très digne, intelligent, bel homme et d'allure distinguée. Ses manières étaient raffinées, il passait pour un homme de beaucoup d'esprit. C'était un fervent chrétien, d'une foi vive et à toute épreuve. Il est bien vrai que le souvenir de tout cela a disparu avec ses contemporains et il n'aura rien laissé derrière lui si ce n'est une brillante et nombreuse génération de descendants. Il avait épousé, le 2 juillet 1864, Jessie Bettez, fille du docteur Joseph Bettez.

Nous avons dit que le docteur Gravel pratiqua la médecine pendant vingt ans dans les Bois-Francs. Son beau-père, le docteur Joseph Bettez, qui vécut jusqu'à un âge très

avancé, fit beaucoup mieux encore: outre l'honneur qui lui revient d'avoir été le premier médecin des Bois-Francs où, tout jeune docteur, il vint s'établir en 1842, sa carrière médicale s'étendant de 1842 à 1907, passée toute entière dans les Bois-Francs, fut la plus longue de toutes. De fait, on a dit de lui à l'époque de sa mort qu'il était le plus vieux médecin du Canada.

De son mariage avec Jessie Bettez, le docteur Gravel eut douze enfants, neuf fils et trois filles. A sa mort, son ami fidèle, M. lé notaire Louis Lavergne - plus tard sénateur - fit obtenir à sa veuve, cent acres de terre que le gouvernement Mercier donnait gratuitement aux familles de douze enfants vivants.

 

Les membres de cette famille se sont, pour la plupart, identifiés avec la colonie canadienne-française de Gravelbourg, en Saskatchewan, fondée par l'un des fils du docteur: M. l'abbé Louis-Pierre Gravel.

Voici la liste de ses enfants, qui sont tous nés et ont passé leur enfance et une partie de leur jeunesse dans les Bois-Francs:

Samuel, décédé en 1898;

Louis-Joseph-Pierre, missionnaire colonisateur, fondateur de Gravelbourg;

Henri, médecin à Admiral, Saskatchewan;

Paul, qui fut avocat dans le Massachusetts, puis journaliste à Montréal, où il mourut le 21 octobre 1909;

Alphonse, avocat à Plessisville, plus tard, à Moose Jaw, Sask., et en 1922, fut nommé par le gouvernement fédéral juge de la Cour de District de la Saskatchewan;

Maurice, médecin et coroner à Gravelbourg;

Berthe, épouse de l'honorable juge Joseph Demers, de Montréal;

Wilfrid, employé civil dans le département de la Gendarmerie à cheval;

Emile, avocat, substitut du procureur général de la Province, à Gravelbourg;

Laurianne, épouse de M. Georges Hébert, avocat à Gravelbourg et greffier de la ville; Guy, pharmacien, aussi de Gravelbourg.

Le docteur Gravel avait été nommé coroner du district d'Arthabaska en mai 1879, sous le gouvernement Joly et sa nomination est signée par Letellier de St-Just.

A l'époque de sa mort, il agissait depuis quelques mois comme député-protonotaire, avec les appointements de protonotaire-conjoint. Il était aussi le médecin attitré du collège dirigé par les Révérends Frères du Sacré-Coeur, ainsi que de l'Hôtel-Dieu auquel il fut très dévoué dès les pénibles débuts de la fondation de la maison jusqu'à la date de sa mort, le 13 décembre 1888.

Une lettre réconfortante

Trois jours après la mort du docteur Gravel, la Très Révérende Mère Pagé, Supérieure de l'HÔtel-Dieu d'Arthabaska, adressait à Madame Gravel, la lettre suivante:

J. M.J.

Hôtel-Dieu de St-Joseph Arthabaskaville, 16 déc., 1888.

 

Madame Jessie Bettez-Gravel (P.48)

Voici ce qu'écrivait, dans «L'Union des Cantons de l'Est», fin janvier 1901, M. C.-Flavien Baillargeon, ancien curé de Stanfold, qui avait bien connu Mme Jessie Bettez-Gravel, son ancienne paroissienne: «Nous avons la douleur d'enregistrer le décès de Mme Gravel, née Mlle Jessie Bettez, veuve de Louis Joseph Gravel, écuyer, médecin, arrivé à St-Calixte de Somerset, le 19 janvier. Elle était la fille unique de M. le docteur Joseph Bettez, de Plessisville, établi en nos cantons dès les premières années de leur défrichement.

«Mme Gravel est bien connue à Stanfold, où son époux a exercé longtemps sa profession. Epouse dévouée à sa maison, mère de famille irréprochable sous tous les rapports, femme franchement et profondément religieuse, instruite, de manières distinguées, douée des plus belles qualités du coeur et de l'esprit, elle fut en toutes circonstances l'honneur de son époux et fit le bonheur de sa nombreuse famille. Pendant tout le temps qu'elle demeura au milieu de nous, elle fut une des perles de la société de Princeville.

«Mme Gravel est morte subitement samedi dernier, à l'âge de 52 ans, en la demeure de son père, le docteur Joseph Bettez, pour le repos de son âme, mardi, au milieu d'un grand concours de parents, d'amis de la famille et de fidèles de la paroisse et des paroisses environnantes. Après le service, le corps a été transporté à Arthabaskaville, pour être inhumé dans le cimetière de cette paroisse, à côté des restes de son époux.»

Madame Jessie Bettez-Gravel avait fait de brillantes études littéraires et musicales au couvent des Ursulines de Québec. Devenue veuve à 39 ans, elle consacra le reste de sa

vie à l'éducation de ses nombreux enfants, qui ont fait honneur à leur mère. Elle en eut 14 dont deux moururent en bas âge. Elle trouva, cependant, le temps d'écrire à ses heures de loisir, un journal intime d'une belle tenue littéraire et d'une grande élévation d'esprit. Si ce journal eut été publié à l'époque de sa mort, il aurait agréablement surpris le monde des lettres canadiennes, assez restreint à cette époque.

Le monde a peu connu d'elle, si ce n'est les quelques jeunes étudiants - amis de ses fils - qui l'ont approchée de près et qui ont gardé d'elle non seulement un souvenir ému, mais le souvenir d'une femme très cultivée et d'une grande bonté. La vie matérielle, qu'entretenait un haut idéal, l'avait affinée au lieu de l'user; vaillante et forte au milieu des épreuves inévitables de la vie, elle conservait ce quelque chose d'indulgent et de très humain, de délicat et de jeune, que l'on trouve chez les personnes qui se dépensent à faire le bonheur des autres.

Elle est partie au moment où elle allait jouir de ses enfants grandis et identifiés avec la fondation de Gravelbourg, en Saskatchewan. Elle semble avoir eu un pressentiment de

sa mort prochaine. On trouve cette impression dans les dernières paroles de son journal, commentant, sous le titre: «Impressions musicales et religieuses», le verset du «De Profundis»: «Copiosa apud eum redemptio». Que le Seigneur, en qui est la miséricorde, donne, en effet, une abondante rédemption à cette admirable mère qui fut en même temps que la fille du premier médecin des Bois-Francs, le vrai type de la femme canadienne

Louis-Joseph-Pierre Gravel

Louis-Joseph-Pierre est né à Princeville le 8 août 1868, du mariage du docteur L:-J. Gravel et de Jessie Bettez-Gravel. Il fit ses études au Collège d'Arthabaska, au Collège des Trois-Rivières, à Nicolet, et au Grand Séminaire de Montréal. Il fut ordonné prêtre le 28 août 1892 par Monseigneur Elphège Gravel dans l'église de St-Christophe-d'Arthabaska. Le lendemain de son ordination, il fut envoyé comme vicaire à New-York, à l'église St-Jean-Baptiste, où il demeura près de neuf ans. Quand l'église St-Jean-Baptiste passa aux mains des Révérends Pères du St-Sacrement, l'abbé Gravel fut envoyé à St-Joseph de la Ste-Famille, où il demeura cinq ans.

C'est alors que Monseigneur Langevin, archevêque de St-Boniface, le nomma missionnaire colonisateur pour son diocèse qui, à cette époque, s'étendait jusqu'aux plaintes de la Saskatchewan-Sud. L'année suivante, le gouvernement le nommait agent de colonisation du Dominion. II fonda la colonie canadienne-française de Gravelbourg qui compte aujourd'hui (1925) un collège commercial, classique et de théologie, un couvent pensionnat, dirigé par les religieuses de Jésus-Marie de Sillery, et un Jardin de l'Enfance, tenu par les Soeurs Missionnaires Oblates du Sacré-Coeur de Jésus et de Marie Immaculée, fondé par Monseigneur Langevin.

Gravelbourg est devenu, grâce à l'énergie et au dévouement de l'abbé Gravel, non seulement le centre éducationnel français de la Saskatchewan, mais un centre judiciaire (1918) et un des points d'expédition de blé le plus considérable de l'Ouest, avec ses dix élévateurs à grain.

Le 15 février 1922, le collège, dont l'abbé Gravel était procureur, étant passé aux mains des Oblats, Monseigneur O.-E. Mathieu le nommait de nouveau missionnaire-colonisateur pour le diocèse de Régina, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort, survenue le 10 février 1926. M. l'abbé Gravel fut toujours un ami zélé et dévoué de l'oeuvre de l'histoire des Bois-Francs.

 

 

 

 

L'honorable juge Alphonse Gravel  

 Le juge Alphonse Gravel naquit à Princeville le 3 décembre 1875, du mariage du Dr Louis-Joseph Gravel et de Jessie Bettez, fille unique du Dr Joseph Bettez, de Plessisville. Il fit ses études classiques au Séminaire de Nicolet jusqu'après la rhétorique, et sa philosophie au Collège des Jésuites de Fordham, à New-York. Il reçut, en 1896, le diplôme de bachelier ès-arts, et entra, la même année, à la Faculté de Droit de l'Université Laval à Montréal. Pendant ses études légales, il suivit le bureau de MM. Béique et Lafontaine (plus tard l'honorable sénateur Béique et l'honorable juge en chef Eugène Lafontaine). En 1899, il obtint le titre de bachelier en droit et fut admis au barreau de la province de Québec.

II ouvrit son bureau à Plessisville, où résidait son grand-père, le Dr Bettez, et y pratiqua sa profession jusqu'en 1904, d'abord seul, et ensuite en société avec M. Camilien Noël, qui devint plus tard l'honorable juge Noël, d'Edmonton, Alberta. Il fit ensuite un séjour de quelques années à New-York, où il suivit les cours de la «New-York Law School», puis il alla s'établir à Moose Jaw, Saskatchewan, avec son frère Emile.

La paroisse canadienne-française de Gravelbourg, qui venait d'être fondée par leur frère, M. l'abbé L.-P. Gravel, faisait alors partie du district de Moose Jaw. Ils formèrent ensemble la raison légale de «Gravel & Gravel», qui exerça à Moose Jaw jusqu'en 1918, alors que fut formé le nouveau district judiciaire de Gravelbourg. Les deux frères transportèrent alors leur bureau à Gravelbourg, chef-lieu du district de ce nom. Le 22 juillet 1922, M. Alphonse Gravel fut nommé par le gouvernement fédéral juge du district judiciaire de Gravelbourg.

Le juge Gravel a épousé, le 18 novembre 1912, Mademoiselle Paula Trudeau, fille de feu le Dr L.-A. Trudeau, de St-Jean-d'Iberville, et de ce mariage sont nés quatre enfants:

Liliane, Armand, Alain et Thérèse. Le juge Gravel fut président de l'Association St-Jean-Baptiste, président du Cercle de Gravelbourg, de l'Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan, Chevaliers de Colomb du quatrième degré. Il est un des Canadiens-français du Québec qui aient été nommés juges en Saskatchewan depuis la création de cette province en 1905.

Docteur Joseph Bettez

Le docteur Joseph Bettez, né à Yamachiche le 6 octobre 1818, était le fils de Jacques Bettez, marchand et maître de poste, et de Geneviève Houle; le petit-fils de Jean Jacob, - fils de Jacob Anthoine Bettez, de Combremont-le-Petit, Suisse, et de Marie Tapis, sa femme - baptisé le 9 août 1733, mort le 19 octobre 1808, à Yamachiche, et enterré dans l'ancienne église des Récollets, à Trois-Rivières, devenue une église épiscopalienne. L'honorable Jean Jacob Bettez avait épousé Geneviève Lappare. Elle est morte et a été inhumée à Yamachiche, le 21 avril 1799.

Le docteur Joseph Bettez étudia au Collège de Nicolet et, après un cours classique complet, étudia la médecine sous les docteurs Lord et Badeaux, des Trois-Rivières, et finalement suivit les cours d'anatomie sous le docteur Marsden, de Québec. Il fut reçu médecin le 5 juillet 1841. Le 10 janvier 1842, il fut nommé par Vallières de St-Réal, greffier de la Cour de Division no 3, dans le district inférieur des Trois-Rivières.

La même année, pressé par Monsieur Pierre Prince qui venait de fonder Stanfold, aujourd'hui Princeville, il vint s'établir à Somerset, aujourd'hui Plessisville. Il fut le

premier médecin des Bois-Francs. Le 23 mars 1849 il fut nommé par le gouvernement président de la Cour des Commissaires. Le 12 décembre 1862, il fut nommé chirurgien major du deuxième régiment de Mégantic, et sa commission a été signée par de Salaberry. Il fut nommé marguillier de sa paroisse en 1868.

Il pratiqua la médecine pendant 65 ans et mourut à l'âge avancé de 89 ans, le 3 novembre 1907, le doyen des médecins dé la province de Québec.

Le 31 mars 1845, il avait épousé Julie, fille de Paul Mailhot et de Marie Viens, de Gentilly.

Julie Mailhot, née en 1817, décéda le 18 août 1884.

De ce mariage le docteur eut deux enfants: Hedwidge, née en 1846, morte le 6 août 1861, et Jessie, née en 1849, épousa le docteur L.-J. Gravel en 1865 et décéda le 19 janvier 1901.

-------

Famille Richard

C'est probablement de la Saintonge qu'était originaire le premier Acadien du nom de Richard, Michel Richard, venu avec l'expédition Le Borgne et Guilbeau, en 1654, et arrivé à Port-Royal tout juste pour être témoin de la prise de la place par Robert Sedgwick, 16 août 1654. Michel Richard était alors un jeune homme de 24 ans, dans toute la vigueur de l'âge, qui venait chercher fortune sur la terre d'Amérique, mais en n'y apportant que la force de ses bras. Il se mit immédiatement à l'oeuvre en travaillant au défrichement d'une terre que lui concéda le nouveau seigneur Le Borgne, dont les Anglais avaient reconnu les titres de propriété.

Bientôt il voulut se marier, mais les filles françaises étaient rares dans la colonie et dans les quelques familles établies à l'Acadie, celles qui en avaient l'âge trouvaient vite

à se marier. Regardant donc autour de lui, Michel Richard vit que la petite Madeleine Blanchard, fille de Jean et de Radegonde Lambert, qui arrivait à sa douzième année, pourrait bientôt lui faire une bonne compagnon (e). En effet, il célébrait son mariage au plus tard vers 1656, car au recensement de 1671, l'aîné de ses fils, René, est déjà âgé de 14 ans.

Ce même recensement fait constater que Michel Richard, arrivé à peine à 41 ans, était devenu l'un des habitants les plus aisés de Port-Royal par le nombre d'arpents qu'il avait mis en valeur, 14, et par le lot d'animaux qui remplissaient ses étables, 15 bêtes à cornes et 14 moutons.

Autour de sa table se rangeaient déjà sept ou huit enfants: René, né en 1657; Pierre, né en 1661; Catherine, née en 1663; Martin, en 1665; Alexandre, en 1668; Marie-Anne et Marie-Madeleine, jumelles, nées en 1671. Le bonheur et l'aisance commençaient à sourire à cette famille qui continua à se développer par la naissance de nouveaux enfants: Marie, née en 1674; Cécile, en 1667; Marguerite, en 1679.

Après la mort de sa femme, survenu vers cette époque, Michel Richard, épousa en secondes noces Jeanne Babin, à peine âgée de 15 ans, fille d'Antoine et de Marie Mercier.

Martin Richard

Martin Richard, fils de Michel et de Marie Madeleine Blanchard, né à Port-Royal en 1665, marié vers 1689 à Marguerite Bourg, née en 1668, fille de François et de Marguerite Boudrot.

___________________________________________________________________________

 

Famille Quesnel (P.49)

La famille Quesnel était d'origine française. M. Joseph Quesnel, grand-père du shérif J. A. Quesnel et par conséquent de sa femme, Marie Mélanie Quesnel, sa cousine germaine, était né à St-Malo, France, le 15 novembre 1749, d'Isaac Quesnel de la Rivaudais et de Pélagie Jeanne Marguerite Duguen.

                I.      l'abbé Camille Roy, dans «Nos origines littéraires», page 127, dit: «Joseph Quesnel termina ses études à l'âge de dix-neuf ans, et il se fit ensuite, comme tant de vigoureux malouins, marin et coureur des mers.» Il entreprit d'abord quelques longs voyages dans les mers d'Afrique et de l'Inde. En 1779, il s'embarqua pour New-York, sur un vaisseau dont il avait le commandement. A la hauteur du banc de Terre-Neuve, ce vaisseau fut pris par une frégate anglaise et Quesnel fut conduit à Halifax. De là, il vint à Québec.

Protégé par Haldimand, qui avait connu sa famille en France, il songea bientôt à s'établir au Canada. Il se fit naturaliser et épousa à Montréal (Acte de mariage, Greffe de Montréal) le 10 avril 1770, Marie Josephte Deslandes, fille de Pierre et de Marie Josephte Le Pellé de la Haye. Vers 1781, il fit un voyage dans la vallée du Mississippi, puis fixa sa résidence à Boucherville. Il y pratiqua paisiblement le négoce de marchand de village, et quand la clientèle désertait son comptoir et le laissait seul avec ses ballots de marchandises, le poète consolait le marchand en faisant des vers.

En effet, M. l'abbé Camille Roy dit que Joseph Quesnel est le premier des poètes franco-canadiens, et que J.-D. Mermet et lui furent les maîtres incontestés de la poésie canadienne au neuvième siècle. Joseph Quesnel, première souche de la famille Quesnel au Canada, décéda à Montréal, le 4 juillet 1809.

Des treize enfants qui vinrent égayer son foyer, la plupart moururent en bas âge. Timoléon, baptisé à Boucherville le 4 mars 1799 et père de Joseph-Auguste, fut l'avant dernier de cette nombreuse famille. Il fut reçu médecin vers 1822, se fixa à Ste-Marguerite-de-Blairfindie, nommée aussi L'Acadie et devenue aujourd'hui St-Jean-d'Iberville, et épousa à St-Philippe, en premières noces, le 22 octobre 1823, Flavie Singer, fille de Frédéric Singer, ancien voyageur des pays d'en haut, et de Catherine Laman. (En secondes noces, il épousa à L'Acadie, le 19 février 1844, Adélaïde Bourgeois, veuve de François Provost.)

Timoléon Quesnel ne fut pas favorisé des biens de la fortune, contrairement à ses frères qui la virent leur sourire, soit dans la carrière politique, les professions libérales, le commerce des fourrures, soit dans des spéculations toujours heureuses. L'abbé Moreau, dans l'histoire de la paroisse de L'Acadie, page 92, dit que Timoléon était un bureaucrate et qu'il prêchait le respect des lois. Il a été inhumé à Boucherville le 30 juin 1864.

Un futur marchand

Son second fils, Joseph-Auguste, naquit le 24 mai 1826. (il fut maire de Stanfold en 1858). D'une intelligence remarquable, celui-ci, vers l'âge de douze ans, voyant peut-être les soucis que causait alors à son bien-aimé père l'avenir de sa chère famille, lui manifesta, un jour, simplement et résolument son désir de se mettre en état de gagner sa vie. L'enfant avait de l'attrait pour le commerce, aussi fut-il bientôt placé chez un marchand, leur voisin et ami. De bonne heure, Joseph-Auguste connut ainsi la vie sous son vrai jour et dut marcher dans les seuls sentiers battus de l'honneur et de l'équité pour se créer, par un énergique et constant labeur, une position d'abord simple et honnête, qui fit bientôt place à une situation honorable et lucrative. Il fut l'artisan de sa vie et chacun de ses jours porte l'empreinte du courage, de la hardiesse et de l'esprit d'entreprise qui forment le fond de son caractère.

Dès le début, le jeune J.-Auguste fit preuve d'énergie, de bonne volonté et d'acquitta consciencieusement de ses modestes fonctions. Deux ans plus tard, il entrait comme commis dans un magasin plus important de sa même paroisse natale. Toujours il se montra actif, travailleur autant que déférent envers ses patrons, courtois et bienveillant pour tout le monde. Après quelques années d'expérience et de persévérante économie, il put prendre un magasin à son compte. Toutefois, il avait soif d'instruction et de même qu'il l'avait fait, alors qu'il n'était que simple commis, il consacrait tous ses moments libres à l'étude du français et de l'anglais. Le 25 mai 1850, il épousa, à Bécancour, sa cousine, Marie Mélanie Quesnel.

Les jeunes époux vinrent asseoir leur foyer dans nos chers Bois-Francs, suivant en cela l'élan général qui, à cette date, dirigeait nombre de familles de toutes conditions vers cette région fortunée que, dit M, l'abbé Trudelle, dans un ouvrage paru en  1852, l'on regardait comme la Californie du temps ou encore les bords enchanteurs de l'Eldorado. A vrai dire, ce n'était réellement ni l'un ni l'autre; du moins les Cantons de l'Est offraient de réels avantages au commerce et à l'industrie, et la fertilité des terres rendait cent et plus pour un au colon infatigable, penché tout le jour sur la glèbe féconde ou défrichant, sans merci, d'un bras musculaire et nerveux, le sol qui lui promettait pour demain, l'aisance et la sécurité d'une vie paisible et heureuse.

M. J.-A. Quesnel habita d'abord la paroisse de St-Médard-de-Warwick, continuant, avec succès, à s'occuper du commerce et y ajoutant même certaine branche d'industrie par la construction d'un moulin à farine et à scie; puis St-Eu­sèbe-de-Stanfold, où il ajouta aux soucis du commerce la charge de surveillant des chemins publics. Son épouse, qui possédait une instruction complète, s'imposa la tâche douce et facile, sans doute, pour son coeur aimant de se constituer une institutrice, afin de compléter les connaissances déjà acquises.

Premier shérif (P.50)

Sa brillante intelligence sut si bien en profiter que, nommé shérif du district d'Arthabaska en 1858, il remplit avec honneur cette charge pendant près de trente (30) ans; de plus, le 3 novembre 1862, il obtenait du Barreau du Bas-Canada, section du district des Trois-Rivières, un diplôme signé par Mtre Thomas Burns et contresigné par trois secrétaires, portant que: «après une cléricature régulière, tel que prescrit par la loi, J.-A. Quesnel subit devant quatre examinateurs l'examen requis pour être admis dans l'Ordre des avocats, et que d'après cet examen, il a été trouvé digne et qualifié sous tous rapports à obtenir cette admission et le diplôme présentement donné et octroyé lui confère le droit de pratiquer comme avocat, conseil du roi, solliciteur et praticien en loi dans toutes les cours de justice du Bas-Canada.» (1)

Page 366. Province du Canada, District des Trois-Rivières

A tous ceux que ces Présentes verront, Salut:

Nom soussigné, Bâtonnier du Barreau du Bas-Canada, section du district des Trois-Rivières, conformément aux dispositions du soixante-douzième chapitre des Statuts Refondus pour le Bas-Canada, w le Certificat à nous délivré par quatre examinateurs de la dite Section, en date du troisième jour de novembre mil huit cent soixante et deux, constatant que Auguste Quesnel, écuyer, natif de au désir du dit Acte, après une cléricature régulière, tel que prescrit par la Loi, a subi devant eux, le troisième jour de novembre courant, l'examen requis pour être admis dans l'Ordre des Avocats, et que d'après cet examen il a été trouvé digne et qualifié sous tom les rapports, à obtenir cette admission, nous lui avons donné et octroyé, et par le présent lui donnons et octroyons, aux termes du dit Acte, le Présent Diplôme, lui conférant le droit de pratiquer comme Avocat, Conseil, Procureur, Solliciteur et Praticien en Loi dans toutes les Cours de Justice du Bas-Canada.

Donné en la Cité des Trois-Rivières, sous notre seing et le sceau de 4a Section et le contreseing de notre secrétaire, le troisième jour de novembre de l'an de Notre-Seigneur, mil huit cent soixante-deux.

Y. BURN,   Bâtonnier.

J. N. BUREAU, Secrétaire.

___________________________________________________________________________

Un héros des Bois-Francs  (P.51)

 

                            I.      l'abbé Rosaire Crochetière

Aumônier militaire du 22e bataillon canadien

 L'abbé Rosaire Crochetière naquit à Arthabaskaville, le 20 juillet 1878, de Alphonse Crochetière, imprimeur, et de Joséphine Cormier. Il fut ordonné à Nicolet le 9 juillet 1905. Décédé en France le 2 avril 1918.

 

C'est l'âme remplie à 1a fois d'un regret sincère et d'une espérance réconfortante, que l'Alma Mater veut honorer la mémoire d'un de ses plus nobles fils, par l'expression vive et sympathique d'une profonde admiration.

C'est uniquement pour obéir au désir de son évêque et par amour des âmes que l'abbé Crochetière est allé sur les champs de bataille. Avant de partir, il avait offert à Dieu le sacrifice de sa vie pour le bien de ces âmes et de la patrie canadienne. Son sacrifice a été accepté, trop tôt, selon la sagesse humaine. Car le passé de ce jeune prêtre était pour l'avenir le gage d'un ministère des plus féconds. Mais qui dira la valeur du sacrifice d'une vie devant Dieu!

Il est mort victime du devoir et du dévouement, après avoir passé une nuit entière à assister les mourants. Il était 6.33 heures du matin; il devait offrir bientôt le Saint Sacrifice de la messe. Ce jour-là, il fut lui-même la victime offerte sur l'autel de son amour pour Dieu et pour ses chers gars. On l'a trouvé à genoux, blessé mortellement au coeur, à l'épaule et à la cuisse. II avait le sourire aux lèvres et paraissait très heureux. Il est mort en consolant un blessé.

Une lettre, écrite par le sergent Boiteau, de Québec, le jour même de sa mort, nous dit éloquemment quel fut son apostolat parmi les soldats de son bataillon. Nous en citons une partie: «Chers parents, vous ne saurez croire comme tous les officiers, sous-officiers et soldats déplorent une si grande perte, car c'était un saint homme et son dévouement pour nous était illimité. Il nous appelait ses amis, nous traitait en frères et nous rendait, en autant qu'il était en son pouvoir, la vie de soldat, qu'il appelait une vie misérable, aussi douce que possible. Principalement moi, chers parents, sa mort m'affecte beaucoup, car il était mon seul et vrai ami au bataillon; et comme il me comprenait bien et savait me consoler! Pauvre Père, je lui dois beaucoup pour le bien qu'il m'a fait et les services rendus.

«Aussi, veuillez, avec mon argent, lui faire chanter une grande-messe et préparer, si possible, un bouquet spirituel. De mon côté, ici, son pieux souvenir ne me quittera jamais et

je continuerai de lui parler tout comme s'il vivait, car, pour moi personnellement il n'est pas mort: il vivra toujours dans ma pensée».

Le capitaine aumônier qui a su provoquer une telle expression de regret et de reconnaissance, et elle n'est pas la seule, doit avoir aujourd'hui une belle récompense dans le ciel. Aussi, les coeurs que peuvent émouvoir les grands dévouements et les généreux renoncements, l'admirent et lui gardent, dans leur souvenir, une reconnaissance impérissable.

Le bonheur appartient à qui fait des heureux.

Abbé Delille.

__________________________________________________________________________

 

P. 53, col.2

Avait-on du grain à faire moudre, il fallait aller le porter soit à Bécancour, soit à Gentilly, une distance de huit lieues. C'était pour les pauvres colons toute une corvée; c'était bien souvent un voyage de trois jours et par quels chemins!

Charles Héon comprenait fort bien la position dans laquelle il se trouvait, ainsi que ses amis. II voulut combler cette lacune en construisant lui-même un moulin à farine, qu'il adossa à son moulin à scie.

Il put se procurer une moulange de M. Louis Massue, mais le lit de la moulange était en granit très dur, et de sa fabrication.

Il ne faut pas croire qu'il sortait de cette moulange et d'un bluteau de quatre pieds de longueur, aussi fabriqué par lui-même, une farine qui aurait pu subir une comparaison avec la farine hongroise d'Ogilvie; mais n'ayant rien de mieux on s'en contentait.

Ce moulin de Charles Héon a été le premier moulin à farine des Bois-Francs. Les gens partaient de Stanfold, une distance de quatre lieues et demie, traversaient la savane par un petit sentier à peine visible, et apportaient au moulin le blé. l'orge ou le sarrasin qu'ils voulaient faire moudre.

 

 

 

Les premières familles de colons (P.53)

Voici, en outre de celles déjà mentionnées, les noms de quelques-unes des familles résidant à la rivière Bécancour, dans les premières années de son établissement:

Bien avant 1832:   les noms ont été retirés et mis dans la section famille (J.P).

Voir http://www.societehistoireprinceville.com/Photo_Familles.HTM

La seule voie d'accès

La route entre Blandford et Stanfold fut ouverte en 1846. Elle fut, jusqu'en 1854, la seule voie de communication, entre Lévis et Nicolet, pour pénétrer dans les Bois-Francs, les routes de Ste-Croix, de Ste-Gertrude et d'Aston n'ayant été terminées qu'en 1854.

En mil huit cent quarante-huit, date de la confection de la ligne de chemin de fer St-Laurent et Atlantique, depuis Longueuil jusqu'à Richmond, on avait agité la question de la construction d'une ligne de chemin de fer à partir de cette dernière ville (qui n'était alors qu'un village de quelques maisons en pleine forêt), jusqu'à la Pointe Lévis.

L'importance, l'extension que prenaient tous les Cantons de l'Est; l'avenir brillant que l'on prévoyait pour cette belle partie du. Bas-Canada; le manque de communications intérieures, furent autant de raisons qui attirèrent l'attention des hommes éclairés qui étaient à la tête du gouvernement d'alors.

Après un chemin de terre, un chemin de fer

Une compagnie fut formée pour la construction d'un chemin de fer depuis Richmond jusqu'à Lévis.

La compagnie poussa les travaux avec tant d'entrain, de vigueur, que dès les premiers jours de l'automne de mil huit cent cinquante-quatre, la ligne de chemin de fer était livrée au trafic dans toute sa longueur.

Les pauvres colons ne pouvaient en croire leurs yeux: après tant d'années de souffrances, de privations, de misères, se trouver tout-à-coup, pour ainsi dire, au milieu de la civilisation, aux portes des villes de Montréal, Québec et Portland; à proximité des marchés, soit pour la vente de leurs produits ou l'achat de ce dont ils pouvaient avoir besoin pour là vie et le vêtement. C'était, il faut l'avouer, un changement radical.

 

Un service de malle

La construction de la ligne de chemin de fer de Québec à Richmond amenait aussi avec elle un grand changement dans le service de la malle qui, jusque-là, avait été très défectueux.

Avant cette époque, la malle était transportée par voitures, dans des chemins à peine ébauchés, très difficiles; aussi, il n'était pas rare qu'elle ne se rendit à destination que deux ou trois jours après qu'elle était due.

Vers mil huit cent cinquante-trois, une ligne de diligence était établie par M. Pierre Richard, entre Stanfold et Trois - Rivières. Ce mode de transport exista jusqu'en mil huit cent cinquante-cinq. Le trajet se faisait par la route de Stanfold à la rivière Bécancour et, de là on continuait par la fameuse route de Gentilly. Cette diligence était chargée du transport de la malle.

Jusqu'au mois de juin mil huit cent cinquante-six, il n'y avait pas de bureau de poste dans la paroisse de Saint-Louis-de-Blandford. A cette date un bureau de poste fut ouvert dans la partie ouest de la paroisse, dans le Canton de Maddington; et il y a toujours existé jusqu'au mois d'août mil huit cent quatre-vingt-cinq.

Avant mil huit cent cinquante-six, les citoyens de Saint-Louis recevaient leur malle à Stanfold, ou par le courrier qui conduisait la poste de Stanfold à Bécancour, via Ste-Gertrude. Ce trajet se fit pendant deux ans, à pied, dans les saisons du printemps, de l'été et de l'automne; la route de Ste-Gertrude n'ayant été complétée que dans l'automne de mil huit cent cinquante-huit.

La distance de Bécancour à Stanfold, qui est de douze lieues, par Ste-Gertrude, était parcourue deux fois la semaine, par un monsieur Théophile Rivard, de Bécancour.

La paroisse de St-Louis-de-Blandford, la plus ancienne des Bois-Francs, est demeurée presque stationnaire. Elle fit peu de progrès. A quoi en attribuer la cause? Les paroisses voisines, plus jeunes, l'ont surpassée en richesse, en importance, en population.

Si la paroisse de St-Louis-de-Blandford n'a pas fait plus de progrès, n'est pas entrée davantage dans la voie de la prospérité, elle le doit plutôt à sa situation, au milieu de savanes immenses et de terrains peu propres à la culture.

________________________________________________________________________

Saint-Eusèbe-de-Stanfold(P.56)                                          

(PRINCEVILLE)

                         De 1832 à 1848

Stanfold fut érigé en Canton le 9 juillet 1807. La paroisse de Saint-Eusèbe-de-Stanfold fut érigée canoniquement lé 11 juillet 1848 et civilement le 19 avril 1855.

L'érection du village de Princeville date du 31 octobre 1856. Le nom de Princeville fut donné à ce village en mémoire de M. Pierre Prince.

                        Monsieur Pierre Prince (1)

Monsieur Pierre Prince a été un des premiers et des plus courageux colons de Stanfold; pendant neuf ans, il a donné généreusement l'hospitalité aux Messieurs Denis Marcoux, Clovis Gagnon, Chs-Édouard Bélanger et Édouard Dufour, qui firent successivement la mission, dans sa maison même, jusqu'à l'arrivée du premier curé résidant, M. Antoine Racine.

Il céda, pour une minime somme, un terrain de huit arpents et demi en superficie pour la construction de l'église et d'une maison d'école. Pendant près de dix-huit ans, il a été le type du parfait gentilhomme, du chrétien modèle, du défricheur vaillant, du marchand intègre. Compatissant pour les malheureux, M. Prince avait toujours la main largement ouverte aux besoins du pauvre, et jamais la mémoire de ce bon citoyen ne s'effacera du souvenir de ceux qui l'ont connu sur la terre de Stanfold.

D'où vient le nom de Princeville?

Il n'est donc pas étonnant que, dans l'année 1856, lorsqu'il s'est agi de séparer le village de la municipalité de la paroisse, les citoyens de cette époque n'aient eu qu'une voix pour demander que le village de Stanfold formât une corporation sous le nom de «Village de Princeville». C'était là, la reconnaissance solennelle et pleinement manifestée des mérites et des vertus de M. Pierre Prince, et toujours le nom de Princeville rappellera, jusque dans les âges les plus reculés, la mémoire d'un citoyen irréprochable qui a passé dans le canton de Stanfold en faisant le bien.

En 1851, M. Prince avait ouvert à Stanfold un magasin général; il y fit de très bonnes affaires et arriva en peu d'années à la tête d'une jolie petite fortune; mais malheureusement pour lui, par suite de circonstances qu'il ne pouvait contrôler, M. Prince, voyant sa fortune diminuer considérablement tous les jours, se décida à quitter sa chère terre de Stanfold. II vendit son demi-lot à M. Louis Richard, acheta un lopin de terre sur les bords de la rivière Nicolet à Ham-Nord, (aujourd'hui, 1914, Notre-Dame-de-Ham) y bâtit un moulin et se rendit à sa nouvelle destination vers l'an 1855. Le départ de M. Prince, de Stanfold, fut un deuil général pour tous ses concitoyens, qui avaient su apprécier les brillantes qualités son esprit et de son coeur. M. Prince mourut à Ham-Nord. paroisse des Sts-Anges, le 22 février 1863, âgé de 67 ans. Il était le frère de Sa Grandeur feu Mgr Charles Prince, évêque de St-Hyacinthe, et des Sieurs Jean Prince, Joseph Prince et François Prince, tous trois, en leur vivant, des plus distingués citoyens de la paroisse de St-Grégoire-de-Nicolet.

On ramène son corps à Stanfold

En apprenant la mort de M. Prince, M. le curé Pelletier, de Stanfold, et Messieurs les marguilliers décidèrent, d'une seule voix, de donner gratuitement Is sépulture dans l'église ce brave citoyen. C'était le 25 février 1863.

Voici son acte d'inhumation: -

«Le 25 février 1863, nous, prêtre curé soussigné, avons inhumé dans l'église de cette paroisse le corps de Pierre Prince, un de ses premiers fondateurs et bienfaiteurs, décédé dans le canton de Ham, le 22 courant, époux de Marguerite Pratte, après avoir reçu les secours de la religion, comme il appert par le certificat de M. de Carufel, missionnaire du lieu, à l'âge de soixante-sept ans.

Présents: Joseph Prince. François Prince, frères du défunt, Cyrille Prince, Ed. Thibodeau, Léon Thibodeau, ses neveux, ainsi que plusieurs autres, dont plusieurs ont signé avec nous.

(Signé)

 J. 0. Prince, ptre,

J. B. Leclair, ptre,

     Joseph Prince,

     François Prince,

     C. Prince,

     Léon Thibodeau,

     Ed. Thibodeau,

     Nap. Pelletier, ptre.

Un ami de l'histoire

                I.      l'abbé C.-F. Baillargeon, comme on le sait, fut curé de St-Eusèbe-de-Stanfold, de 1874 à 1886. A cette époque, fatigué des labeurs du ministère curial, épuisé par la maladie, il crut devoir prendre sa retraite, pour jouir d'un juste et légitime repos.

 

Pendant ses heures de loisirs, M. Baillargeon, qui était un ami de l'histoire, un littérateur et un patriote, s'occupait à recueillir et à rédiger des notes historiques sur les Bois-Francs, et, en particulier, sur son ancienne paroisse: St-Eusèbe. Que de choses, que de faits que d'anecdotes, par suite de ce travail, sont parvenus jusqu'à nous et ont été empêchés de tomber dans l'oubli!

En parcourant ces notes intéressantes et instructives, les anciens verront passer sous leurs yeux les événements d'autrefois. Ils se rappelleront ce que furent les pionniers fondateurs, le genre de vie pénible et laborieuse auquel ils durent se soumettre pour coloniser, défricher les Bois-Francs. Que de souvenirs glorieux reviendront à leur mémoire, que de choses, que de faits oubliés, même inconnus, repasseront devant leurs yeux en lisant ou entendant lire ce qui va suivre.

Les jeunes, la génération actuelle, en entendant raconter la vie de labeurs, de sacrifices, de privations des premiers colons, en voyant le courage, le patriotisme, l'héroïsme de ces valeureux défricheurs, apprécieront davantage leur oeuvre sublime, admireront plus sincèrement leur dévouement et leur rendront le tribut d'hommage et de reconnaissance auquel ils ont pleinement droit.

Je reconnais les difficultés que l'on rencontre, dit M. Baillargeon, à se procurer des renseignements exacts et détaillés quand, après cinquante ans, soixante ans passés, il faut se fier exclusivement à la mémoire des hommes. Car, il faut l'avouer, les notes écrites sur nos paroisses sont assez rares et les archives à consulter ne nous fournissent pas toujours tous les renseignements désirés et nécessaires.

Édouard Leclerc ( TOME 1 P.124)

Fondateur de la paroisse de Stanfold.

C'est un fait acquis à l'histoire, que Monsieur Édouard Leclerc, de St-Grégoire-de-Nicolet, fut le premier colon du Canton de Stanfold, le fondateur de la paroisse de St-Eusèbe.

 C'est en mars 1832 qu'il arriva dans les Bois-Francs et se fixa sur les cinquième et sixième lots du douzième rang du Canton de Stanfold, près de la rivière Nicolet, pour s'y faire un établissement agricole.

Il ne pouvait trouver un sol plus riche que celui des pointes étendues que forme le cours irrégulier de cette rivière, serpentant alors entre une double rangée d'ormes qu'il osa le premier frapper. Ce fut lui qui, abattant le premier arbre pour construire sa cabane, annonça à cette forêt encore sauvage, sa prochaine destruction sous les coups incessamment répétés de la hache des colons qui devaient marcher sur ses traces.

Le fondateur laisse le célibat

A son arrivée à Stanfold, Édouard Leclerc était célibataire, âgé d'environ 24 ans. Il épousa à Gentilly, le 8 avril 1839, Demoiselle Marie-Zoé Landry-Bercase, de Stanfold.

                I.      Édouard Leclerc était un homme de taille moyenne, d'une constitution robuste, traits accentués, front large et découvert, oeil vif et pénétrant, nez aquilin, bouche toujours souriante. On sentait invinciblement en lui l'homme de coeur et d'énergie. Sur le déclin de sa vie, ses traits étaient, à la vérité, altérés par les rudes travaux auxquels il s'était livré pendant de longues années, et son visage était un peu labouré par les rides des soucis de famille; car si M. Édouard Leclerc a été béni dans sa pénible besogne du défrichement de son champ, il ne l'a pas été moins dans sa postérité. A un moment donné, il pouvait réunir autour de sa table vingt-deux enfants, dont sept issus de son premier mariage avec Demoiselle Zoé Landry-Bercase, et quinze de son second mariage avec Demoiselle Olive Poisson.

Monsieur Édouard Leclerc, après avoir occupé la même propriété toute sa vie, mourut le 28 mars 1878, âgé de 70 ans. Terre de stanfold, sois légère sur la tombe de cet homme de bien, de ce chrétien irréprochable, de ce héros de la colonisation qui dort d'un paisible sommeil dans le champ de Dieu, dans ce village de la mort, à l'ombre tutélaire de la croix et de la maison de Dieu!

Heureux celui qui repose Au pied du clocher natal, Réveillé dès l'aube rose Par la chanson du métal;

Il dort près de sa demeure, N'a changé que de lit clos; De sa femme qui pleure, Il entend tous les sanglots.

 Celui qui meurt au village N'est jamais tout à fait mort.

D'autres colons suivent

Dans l'année mil huit cent trente-deux arrivaient encore à Stanfold MM. François Pellerin, Narcisse Béliveau, Pierre Poirier, Alphée Hébert et Noël Bourque. Tous s'établirent dans les environs de leur coparoissien Édouard Leclerc, sur les bords de la rivière Nicolet.

 

Trois des pères de ces hardis colons les avaient conduits dans trois voitures, avec le bagage strictement nécessaire d'ustensiles, de linge de corps et de provisions de bouches. On arriva à la rivière Nicolet le soir. II fallut pourvoir tout de suite à l'installation pour la nuit; les chevaux, enveloppés dans leurs couvertures, durent coucher dehors au fin clair de lune, et les neuf hommes, majestueusement drapés dans des peaux de buffle, durent passer la nuit à la belle étoile.

Un ciel serein, une lune qui dardait sur la terre ses rayons enchantés, une température sèche, un froid presque sibérien, un vent du nord-est qui soufflait aigre-doux, il y avait de quoi mettre en verve les favorisés des muses; pour ces voyageurs fatigués, ils n'y trouvèrent rien qui pût faire monter d'une manière alarmante le baromètre de leur enthousiasme. Le lendemain matin, les trois conducteurs des voitures reprirent la route de St-Grégoire.

Du renfort

Vers 1834, M. Zéphirin Coulombe et sa femme, Marie Prince, M. Pierre Landry-Bercase et sa femme, Olive Gaudet, vinrent renforcer la petite colonie de la rivière Nicolet. Après quelques années passées sur le cinquième lot du douzième rang de Stanfold, M. Pierre Landry-Bercase se choisit une nouvelle propriété, sur le quatrième lot du onzième rang d'Arthabaska. Il fut le premier colon de la partie du canton d'Arthabaska appartenant aujourd'hui à la paroisse de St-Norbert.

Quelque temps après l'arrivée de MM. Z. Coulombe et Pierre Landry-Bercase à Stanfold, MM. Alexis Turcotte et sa femme, Charlotte Prince, Pierre Landry-Bercase, père, et sa femme, Marie Abraham, Abraham Landry-Bercase et sa femme, Marie St-Cyr, eux aussi de St-Grégoire, vinrent s'établir à Stanfold.

Dans le printemps de 1836 ou 1837, M. Joseph Pellerin, natif de St-Grégoire, mais résidant à la rivière Bécancour depuis quelques années, (1) vint se joindre aux premiers colons de Stanfold, mais il se fixa à une assez grande distance de leurs établissements, sur le neuvième lot du neuvième rang, non loin de l'endroit où la voie ferrée traverse le chemin qui conduit de Stanfold à Somerset. Il ne pensait certainement pas, ce brave habitant, à son arrivée dans ce lieu, qu'avant 20 ans, des chars traînés par la vapeur passeraient devant sa porte avec la rapidité de la flèche.

Avant de se fixer à Stanfold, M. J. Pellerin séjourna trois à quatre ans à la rivière Bécancour, dans le 1er rang de Bulstrode. Le 5 juin 1833, il épousa, à Gentilly, Angélique Houle, fille de Charles Houle et de Louise Deshayes, aussi de Bulstrode. Le 29 juillet 1834, il fit baptiser, à la rivière Bé­cancour, un enfant du nom de Joseph, né le 20 avril 1834; parrain, Charles Houle, marraine, Louise Deshayes. Le 13 jan­vier 1836, encore à la rivière Bécancour, il fait baptiser une fille du nom de Célina, née en novembre 1835. Le 6 février 1838, à la rivière Nicolet, Stanfold, il fait baptiser un garçon du nom de Joseph, né le 28 juillet 1837; parrain, Charles Houle, marraine, Marie Houle.

Première déception

A peine M. Joseph Pellerin était-il arrivé à Stanfold et avait-il commencé sérieusement les travaux de défrichement sur le lot qu'il s'était choisi, qu'il découvrit que cette terre n'entrait pas dans le domaine du Gouvernement, mais qu'elle était bien et dûment la propriété de quelques gros capitalistes anglais, qui savaient si bien, dans ces temps, jouer à la cachette avec les colons.

Ils ne se gênaient pas de les déposséder sans pitié, ou d'exiger d'eux des prix exorbitants. Sans hésiter un seul instant, M. Pellerin céda son lot à son beau-père, M. Charles Houle, (1) et se plaça sur le lot voisin, le huitième lot du neuvième rang, qui appartenait à la Couronne. Ce fut son bonheur, car M. Joseph Pellerin est demeuré tranquille, possesseur de son champ jusqu'au jour de son décès, arrivé le 4 juin 1865. Il était âgé de 52 ans.

Dans le printemps de l'année 1836, M. Charles Houle, de Bécancour, avec sa femme, Louise Deshayes, vint résider sur le 9e lot du 9e rang de Stanfold, qu'il avait obtenu de son gendre, M. Joseph Pellerin, et le défricha courageusement au prix de ses sueurs, aidé dans ses travaux par ses enfants qui ne les cédaient en rien à leur père quant au courage et à l'énergie. M. Charles Houle, avant de se fixer à Stanfold, passa quelques années dans le 1er rang de Bulstrode.

Avant de mourir, M. Charles Houle avait partagé son lot entre ses quatre fils: Charles, Joseph, David et Louis. M. Joseph Houle, qui devint l'un des plus aisés cultivateurs de Stanfold, était devenu possesseur des terres de ses deux frères, David et Louis. M. Charles Houle avait su et pu, au milieu de certaines tracasseries qui lui furent suscitées par un grand propriétaire qui s'était montré le bout de l'oreille, conserver son lot jusqu'à sa mort, arrivée le 10 juin 1861. Il était âgé de 78 ans.

(1) Page 33. Voir Monde Illustré, 1891, et Foyer Canadien, 1864.

(i) Page 38. Charles Houle était l'oncle maternel de la mère de l'auteur (M. l'abbé Charles-Édouard Mailhot) .

 

Pierre Richard et ses quatre fils (p.57)

Vers 1827, M. Pierre Richard, habitant de St-Grégoire-de-Nicolet, marié en premières noces à Demoiselle Marie Thibaudeau. et en secondes noces à Demoiselle Marie Jalbert, vint s'établir à la rivière Bécancour. Parmi les membres de sa famille se trouvaient quatre garçons: Pierre, Auguste, Bruno et Charles.

Pierre épousa à Gentilly, le 9 janvier 1832, Demoiselle Julie Héon dit Raymond, de la rivière Bécancour.

Auguste épousa à Gentilly, le 18 janvier 1831, Demoiselle Luce Héon, de la rivière Bécancour.

Bruno épousa à Gentilly, le 17 janvier 1835, Demoiselle Julie Leblanc, du 1er rang de Bulstrode mission de la rivière Bécancour.

Charles épousa à la rivière Bécancour, le 25 novembre 1839, Demoiselle Angèle Mailhot.

Vers 1836, M. Pierre Richard acheta, dans le 10e rang de Stanfold, un lopin de terre pour y établir ses quatre garçons. Ceux-ci vinrent prendre possession de ce terrain au printemps de 1837.

A cette même date, un autre habitant de St-Grégoire, M. Pierre Béliveau, époux de Olive Bourque, vint s'établir à la rivière Nicolet, dans les environs de M. Édouard Leclerc.

                I.      Pierre Richard, père, mourut à St-Louis-de-Blandford, chez son fils Stanislas, le 23 janvier 1858, âgé de 76 ans.

 Les quatre frères Richard étaient des hommes robustes, infatigables et accoutumés aux rudes travaux des champs. Ils se mirent résolument à l'oeuvre et tous les superbes géants de la forêt qui s'étaient crus jusque là invincibles dans leur retraite culbutaient tour à tour, sous les coups incessamment répétés de la hache de ces hardis pionniers de la colonisation. En peu de temps, nos braves travailleurs se firent des défrichements assez considérables.

La première chaudière à potasse

Dans l'hiver de 1838, un nommé Joseph Hébert, de St-Grégoire, époux de Julie Garon, ayant vendu sa terre, vint prendre possession du lot voisin des Richard. Il avait apporté avec lui une chaudière à potasse; c'était la première qui pénétrait dans le canton de Stanfold. Les frères Richard en profitèrent pour fabriquer un quart de potasse de première qualité. Mais le quart de potasse fabriqué, il fallait aviser aux moyens de l'exporter, et ce n'était pas une petite entreprise que de se rendre à Gentilly. On se voyait dans l'obligation de traverser d'abord la savane de Stanfold, longue de trois lieues, et ensuite celle de Blandford, entre la rivière Bécancour et le Domaine de Gentilly, aussi longue que la première. Il fallait suivre un chemin à demi fait, dans un état impraticable et même dangereux pour la vie des voyageurs.

C'était en plein milieu de juillet. Le lundi au matin, de bonne heure, les quatre frères Richard fixèrent solidement le quart de potasse sur un rustique traîneau; les deux boeufs de l'établissement furent chargés de la besogne de transport; Storn fût placé dans les menoires et Bock fut mis de l'avant. Pierre et Auguste Richard furent choisis pour faire le voyage. On partit joyeusement, résignés à toutes les péripéties de la route.

Les maringouins font des leurs

Quand on arriva à la savane, le soleil était déjà haut sur l'horizon. A peine avait-on parcouru quelques arpents de cette voie périlleuse, que toutes les familles malcommodes de la forêt s'étaient donné rendez-vous auprès de la petite caravane, décidées de profiter largement de la bonne aubaine qui s'offrait à leur appétit vorace. Les maringouins, les moustiques, les brûlots torturaient affreusement les hommes, tandis que les taons s'étaient assemblés autour des deux bêtes de somme, les enveloppaient de toutes parts comme une ville assiégée et les pressaient avec fureur. Les hommes suaient à grosses gouttes et avaient toutes les peines du monde à se protéger contre les piqûres de leurs ennuyeux visiteurs. Les boeufs enfonçaient à chaque pas jusqu'aux genoux dans les marais, et, par temps, devenaient presque furieux: ils se jetaient à terre et poussaient des cris formidables; les deux conducteurs en avaient tout leur raide à ramener Storn et Bock au devoir.

Pierre Richard, dont la patience était mise à une rude épreuve, saisissait, de sa main vigoureuse, un long fouet et le faisait jouer dans les airs, et sa mise allait invariablement s'abattre sur le dos d'un des taons qui s'était imaginé avoir élu domicile sur les flancs du pauvre Bock. Le taon ainsi terrassé pirouettait sur lui-même et allait mordre la poussière. Cette oeuvre de destruction se poursuivait pendant des demi-heures avec une dextérité étonnante, mais c'était peine complètement perdue. Pour vingt taons qui succombaient sous les coups de fouet de Pierre Richard, quarante autres plus alertes s'élançaient en colonne serrée sur le dos des deux bêtes à cornes, pour venger la mort de leurs camarades. Et dire que, dans de pareilles circonstances, il fallait toute la journée à nos hommes pour franchir la savane de Stanfold! Ils arrivèrent dans la veillée à la rivière Bécancour et allèrent se reposer des fatigues du voyage chez leur père. Le lendemain matin, on mit un cheval vigoureux et une bonne charrette à la disposition des voyageurs, qui prirent sans délai le chemin de Gentilly.

Il y avait alors un gros magasin tenu par Monsieur Adolphe Stein. Ce marchand acheta le quart de potasse à un prix qui donna entière satisfaction aux deux vendeurs. Pierre et Auguste Richard apprirent qu'il y avait aux Trois-Rivières une goélette chargée de blé qui se vendait à bon marché. Ils s'y rendirent tout de suite, achetèrent vingt minots de blé et retournèrent à Gentilly.

Un moulin à farine

En ce temps-là, Monsieur Grindelair avait là un petit moulin à farine mû par le vent. Or, comme le vent n'était pas favorable et que Grindelair n'avait pas en mains la corde à virer le vent, il arriva que Pierre et Auguste Richard furent obligés de passer deux jours et deux nuits à bailler dans le moulin en attendant leur fleur. Enfin, le vendredi au midi, nos hommes purent prendre la route de St-Louis-de-Blandford. Le samedi, nos deux voyageurs entreprirent de remonter la savane de Stanfold. Mêmes difficultés et mêmes souffrances que le lundi. Ils arrivèrent au commencement de la veillée à un ruisseau communément appelé «ruisseau du cheval» parce qu'un cheval y perdit la vie. Ce ruisseau serpentait en arrière de la maison occupée pendant de longues années par Monsieur Louis Leclerc. Nouvel obstacle, car le ruisseau était gonflé démesurément. Heureusement, Bruno et Charles étaient venus au-devant de leurs frères. Nos quatre bons hommes ne se laissèrent point décourager; ils se munirent de longues perches, chargèrent leurs épaules des sacs de fleur et se mirent en frais de traverser le ruisseau, non sans courir quelque danger, car l'eau atteignait leurs poitrines. Toutefois, la farine fut protégée contre l'eau; les deux boeufs franchirent à la nage le ruisseau. Une fois le sauvetage opéré, nos colons, mouillés jusqu'aux os, mais gais comme des pinsons, se dirigèrent du côté de leur logis, où ils arrivèrent au milieu de la nuit. Ainsi, six mortelles journées et une grande partie des nuits pour ce voyage! C'est presque incroyable.

Une maison de pension

" Vers 1843, M. Pierre Richard, fils, abandonna la culture de la terre et vint se fixer au village de Princeville. II échangea avec M. Célestin Brunel sa propriété du dixième rang pour une maison bâtie au coin du chemin provincial et de la rue St-Jacques.

C'est là que M. Pierre Richard tint maison de pension pendant vingt-huit ans. Avant la construction du chemin de fer qui, depuis 1861, relie Victoriaville à la ville des Trois-Rivières, M. Pierre Richard avait établi une communication au moyen d'une diligence qui faisait le service entre Stanfold et les Trois-Rivières trois fois par semaine. Plus tard, cette diligence devint quotidienne. M. P. Richard a eu de plus, durant plusieurs années, le contrat de la malle, qu'il faisait transporter trois fois par semaine de Stanfold à Richmond.

                I.      Pierre Richard était un des descendants de ces valeureux Acadiens qui furent chassés de leur patrie contre toutes les lois de l'honneur et de la justice et qui, en grande partie, fondèrent la paroisse de St-Grégoire, comté de Nicolet. M. Pierre Richard a amplement prouvé dans le ( canton de Stanfold qu'il n'avait pas dégénéré de sa nationlité. M. Pierre Richard est décédé à Stanfold, le 24 décembre       c 1895, âgé de 90 ans.

 

M. Pierre Richard était né à St-Grégoire, le 2 septembre 1805.

L'élan étant donné, l'oeuvre de la colonisation du canton de Stanfold entrait dans une ère de progrès sensible. C'est alors que bon nombre de familles des paroisses du fleuve se décidèrent à marcher sur les traces de leurs courageux devanciers et à venir tenter fortune dans le canton de Stanfold.

Quelques résidants de Stanfold en 1840

Nos résidants  pionniers déjà connus les registres de Ste-Grégoire, de Bécancour, de Gentilly et de St-Pierre-les-Becquets, de 1833 à 1840, signalent plusieurs autres colons résidants à Stanfold, entre autres:

 les noms ont été retirés et mis dans la section famille (J.P).

Voir http://www.societehistoireprinceville.com/Photo_Familles.HTM

 

On désire un prêtre

Les premiers colons de Stanfold, depuis l'année 1832 jusqu'à 1840, étaient demeurés sans prêtre résidant au milieu d'eux. Les dimanches et les fêtes, jours de repos consacrés au Seigneur, ils s'assemblaient au pied d'un tronc d'arbre sur lequel ils plaçaient l'image du Christ et adressaient au ciel de ferventes prières. On lisait dans ces réunions quelques pages d'un livre édifiant; on récitait le chapelet et on chantait quelques cantiques, de ceux si aimés de notre population.

Quel touchant spectacle pour le ciel que celui de ces hommes, de ces enfants adressant à l'Auguste Reine des Cieux qu'on n'invoque jamais en vain, ces belles paroles:

Je mets ma confiance, Vierge, en votre secours. Servez-moi de dérense, Prenez soin de mes jours.

Et les petits anges du Seigneur, voyant couler les larmes de ces généreux colons, disaient pour eux à la Consolatrice des affligés:

Je pleure et je souffre; ô ma mère!

Sur moi daignez jeter les yeux: Car, avant d'être Reine aux cieux,

Vous avez partagé notre existence amère.

Quoi! dans la gloire oublierez-vous

Tout ce que notre exil enferme de souffrance? Non, vous avez souffert; voilà notre espérance, Marie, ayez pitié de nous!

Et ces doux épanchements de coeurs malheureux dans ce coeur tout d'amour et tout de consolation ranimaient ces pauvres défricheurs, exilés sur la terre de Stanfold.

 

Premiers missionnaires de Stanfold

Le 8 mars. 1834, M. Michel Carrier, curé de Gentilly, bénit, sur les bords de la rivière Nicolet, dans le canton de Stanfold, la fosse de Laurent Héon, époux de Marie-Anne Tourigny, décédé l'été précédent, âgé de 30 ans. (1)

    (1)    Page 44. Voir Registres de Gentilly.

            (2)        Si M. Carrier a dit la messe, lors de cette visite, ce qui n'est pas impossible, il est le premier prêtre qui ait célébré les Sts-Mystères sur la terre de Stanfold; sinon, l'honneur en revient à M. Olivier Larue, curé de Gentilly et missionnaire des Bois-Francs.

                (3)          

Il est bien certain que M. O. Larue fit la mission à Stanfold, sur les bords de la rivière Nicolet, les 6, 7 et 8 février 1838. II dit la messe dans la maison de M. Pierre Landry dit Bercase, sur le cinquième lot du douzième rang de Stanfold.

Il baptisa sous condition huit enfants et suppléa aux cérémonies du baptême de deux autres.

Le premier de ces enfants baptisés sous condition fut Joseph Pellerin, fils de Joseph Pellerin et de Angélique Houle. Parrain, Charles Houle, marraine, Marie Houle. Cet enfant était né le 28 juillet 1837.

M.0. Larue bénit aussi les fosses de Luce Dubois, décédée le 10 août 1836, âgée de 17 ans; de Flavie Cantin, décédée le 24 mars 1837, âgée de deux ans, et de Zoé Cantin, décédée le 14 octobre 1837, âgée de 18 mois. Cette jeune fille et ces deux enfants avaient été enterrés par M. Antoine Abelle.

Le premier acte relatif à Stanfold que nous trouvons dans les registres de Gentilly est le baptême, par M. Michel Carrier, le 4 mars 1834, de Marie Lucie, née le 24 février précédent, fille de Charles Roy et de Marie Leblanc.

 

Les 15 et 16 janvier 1839, M. O. Larue fit une seconde mission à Stanfold. Il suppléa aux cérémonies du baptême de onze enfants. Le mercredi, 16 janvier 1839, dans la maison de M. Landry dit Bercase, eut lieu le mariage de Édouard-Abraham Landry et de Marie St-Cyr. Ce fut le premier mariage célébré dans le canton de Stanfold.

    I.      Olivier Larue visita encore les fidèles de Stanfold en décembre 1839, en juin, juillet et octobre 1840.

 

Un premier cimetière (p.58)

Dans sa première mission, en février 1838, M. Larue bénit un petit cimetière sur les bords de la rivière Nicolet, sur la propriété de Monsieur Édouard Leclerc, sur le 5e lot du 12e rang de Stanfold. Dans le printemps, les colons se firent un religieux devoir de l'entourer d'une clôture en pieux debout. C'est dans cette terre bénite que reposèrent de leur dernier sommeil: Luce Dubois, Flavie Cantin, Zoé Cantin, Salomon Vézina, époux de Marie-Anne Baril et Philomène Lafrance, fille de Siméon Lafrance, et probablement Laurent Héon, lui aussi enterré sur les bords de la rivière Nicolet en 1833. Ce petit cimetière était situé sur le côté nord de la rivière Nicolet, où M. Édouard Leclerc avait alors sa cabane, et avait été donné par lui, pour y inhumer les morts, en attendant que la chose fût réglée par qui de droit.

                I.      l'abbé Denis Marcoux, vicaire à Gentilly et chargé d'aider M. le curé O. Larue dans le travail de la desserte des Bois-Francs, vint deux fois pour les malades à Stanfold, dans les années 1839 et 1840, et chaque fois il a dit la messe dans la maison de M. Pierre Prince, sur le onzième lot du neuvième rang de Stanfold. Cette maison était bâtie près de la résidence de l'honorable Louis Richard, aujourd'hui (1914) propriété de M. le docteur P. U. Garneau, sur la moitié ouest du lie lot du 9e rang de Stanfold.

Le 11 février 1840, M. D. Marcoux fit sa première mission à Stanfold, où il baptisa vingt enfants.

En mars 1840, M. D. Marcoux fit sa seconde mission. Le 30 mars 1840, il inhuma dans le cimetière de Stanfold le corps de Marie-Louise Matte, décédée le 28, âgée de 57 ans, épouse de Adrien Piché, du township d'Arthabaska. (1)

(1) Page 46. Voir Greffe d'Arthabaska, Missions catholiques de Blandford, etc..

La troisième et dernière mission de M. D. Marcoux à Stanfold eut lieu en juillet 1840.

A l'automne de 1840, la mission de Stanfold fut confiée à M. l'abbé C. Gagnon, nommé missionnaire des Bois-Francs, avec résidence à Somerset.

Pour les différents actes de baptêmes, mariages et sépultures relatifs à Stanfold, du 4 mars 1834 à décembre 1839, il faut recourir aux registres de Gentilly ou au greffe des Trois-Rivières.

De janvier 1840 à octobre 1848, ces actes se trouvent dans les registres de Somerset ou au greffe d'Arthabaska. Il est bon de ne pas oublier que les registres pour les Bois-Francs, de 1840 à 1844 inclusivement, déposés au greffe d'Arthabaska, sont intitulés: Registres pour les missions catholiques de Blandford, etc..

Après 1840, on trouve encore, dans les registres de Gentilly, quelques actes relatifs à Stanfold. De même que de 1844 à 1848, il pourrait être nécessaire de consulter les registres de St-Norbert-d'Arthabaska.

Le premier registre de Stanfold

Le premier registre de Stanfold, déposé au Greffe d'Arthabaska, a été authentiqué par le juge Bourne, le 9 octobre 1848. Il contient quatre actes de sépultures et douze actes de baptêmes. Ces actes ne se trouvent pas dans les archives de la cure de St-Eusèbe-de-Stanfold.

Liste des baptisés dont les noms ne se trouvent pas à Stanfold, mais au Greffe d'Arthabaska: Octave Michel, Marie Richard, Hélène Girouard, M.-Emélie Beauchesne; Joseph Galarneau, M.-Louise Fiset, Clovis Goudreau, M.­Adélaïde Richard, M.-Anne Girouard; Zoé Labelle, Cyrille Rau, M.-Rosalie Bourassa, Marie Arseneau, J.-Guillaume Prince, Ludger Brunel.

Le premier registre conservé dans les archives de la cure de St-Eusèbe fut authentiqué le 8 janvier 1849, et le premier acte enregistré est daté du 9 et signé par M. l'abbé Antoine Racine, premier curé de St-Eusèbe-de-Stanfold.

Salomon Vézina

Monsieur Salomon Vézina était un brave colon, mais il n'était pas fortuné; pour le sûr, il ne l'était pas autant que Salomon des temps anciens. Après les semailles du printemps de l'an 1839, Salomon Vézina descendit à pied à Gentilly (distance de plus de neuf lieues) pour se pourvoir d'un sac de farine. En remontant la savane, avec cent livres de fleurs sur }e dos, il transpira affreusement sous l'effet des rayons brûlants du soleil de juillet, et, en arrivant le soir, à sa chaumière, il commit l'imprudence de se désaltérer avec de l'eau bien froide. Il contracta tout de suite une pleurésie et succomba au bout de quelques jours.

Pour le transporter au cimetière, à travers l'épaisse forêt, les colons avaient lié solidement des branches flexibles d'arbres tout autour du cercueil; une longue perche fut passée entre ces branches et le couvercle de la tombe, et huit hommes, quatre en avant de la bière et quatre en arrière, tenant sur leurs épaules les deux extrémités de la perche, le conduisirent à sa dernière demeure. On traversa la rivière Nicolet sur un petit cageu. Quand le corps fut déposé dans la terre, un des colons, Antoine Abelle; fit l'office de. Fossoyeur et tous s'agenouillèrent, en priant pour le repos de l'âme de celui qui les avaient précédés dans le champ de la mort.

 Philomène Lafrance

Simon Lafrance, époux de Marie-Anne Baril, défrichait en ces temps-là une terre sur les bords de la rivière Nicolet. Sa fille était engagée en la paroisse de Gentilly. Quand elle

eut fini son temps de service, en août 1839, elle prit le chemin de la demeure de ses parents. Arrivée à la rivière Bécancour, elle ne voulut pas s'aventurer sans compagnons dans la savane, car, à cette époque de l'année, on y voyait souvent rôder des ours; d'ailleurs, la simple prudence lui faisait une loi de ne pas entreprendre seule une pareille course. On lui dit que François Pellerin, de Stanfold, avait traversé la rivière, une heure auparavant avec une paire de boeufs attelés l'un devant l'autre sur un sleigh, avec quatre poches de farine, et que, sa marche devant être nécessairement bien lente, si elle faisait tant soit peu diligence, elle pouvait le rattraper bientôt. Elle traversa la rivière, s'enfonça dans la savane à pas précipités, et cependant elle ne put le rejoindre que sur les bords de la rivière Blanche. Les pluies terrentinelles (torrentielles) tombées les jours précédents avaient gonflé démesurément cette rivière, et cependant, il fallait traverser à tout prix et coûte que coûte. François Pellerin se cramponna hardiment au joug du boeuf de l'avant, et Philomène Lafrance au joug de celui de l'arrière, et les deux animaux furent lancés à la nage. Nos deux voyageurs baignèrent dans l'eau jusqu'à la hauteur des épaules. La traverse effectuée sans encombre, il fallut continuer la marche précipitamment, pour ne pas trop refroidir après le bain forcé. Rendus à l'endroit où est bâti aujourd'hui le pont, sur le grand chemin provincial, Pellerin continua sa route et Philomène Lafrance prit celle de la demeure de ses parents. Elle y arriva sur le soir et trouva la porte de la cabane fermée à clef.

Elle parvint assez facilement à pénétrer dans l'intérieur de la maison, car alors les colons n'avaient pas à redouter les incursions des voleurs et ne se servaient pas de serrures brevetées. Simon Lafrance et son épouse avaient passé la journée chez Pierre Landry Bercase, pour aider dans un levage de bâtiment. Croyant que ses parents s'en reviendraient dans le cours de la soirée, Philomène Lafrance se coucha, persuadée qu'elle s'éveillerait à leur arrivée. Elle s'endormit d'un profond sommeil, fatiguée qu'elle était, et, malheureusement pour elle, ses parents ne revinrent pas le soir. Ils passèrent la nuit chez Pierre Landry Bercase, et ce ne fut que le lendemain au midi qu'ils regagnèrent leur logis. Surpris de voir la porte débarrée, ils pénétrèrent avec une certaine inquiétude à l'intérieur de leur cabane et trouvèrent leur fille, couchée dans leur lit.

La seconde victime de la savane

Grande fut leur surprise et terrible leur stupéfaction quand ils découvrirent que leur fille était morte. Philomène Lafrance fut la deuxième victime qui succomba à la suite des misères endurées dans le trajet de cette affreuse savane de Stanfold qui, comme on l'a dit bien des fois et avec raison, a bien fait mal parler d'elle pendant sa vie et n'a pas entendu grand bien se dire sur son compte après sa mort. Philomène Lafrance fut inhumée, à côté de Salomon Vézina, dans le petit cimetière, sur la terre de M. Édouard Leclerc.

Dans le printemps de l'année 1840, les eaux de la rivière Nicolet s'élevèrent à une très grande hauteur, et les glaces, charroyant une grande quantité de corps-morts et d'arbres culbutés par le vent, brisèrent trois côtés de la clôture de ce premier cimetière de Stanfold, en rognèrent entièrement la terre et emportèrent dans leur course précipitée les cercueils des personnes inhumées dans ce petit coin de terre, sans qu'on eût jamais pu les retrouver. Cependant, des anciens que j'ai pu consulter disent que quelques-uns de ces corps furent retrouvés, ci et là, après un certain temps, et déposés dans le cimetière. Les registres ne nous donnent aucun renseignement sur ce sujet.

On priait au pied de la croix

Ce fut, pendant cinq ans, au pied de la croix de ce cimetière, que les colons de la rivière Nicolet se réunissaient, les dimanches et les fêtes, pour prier, chanter des cantiques et réciter le chapelet, alors qu'ils étaient privés de tout secours religieux.

Les premiers colons des Bois-Francs qui avaient fait leurs établissements sur la terre de Stanfold, trois ans avant ceux de Somerset, croyaient avoir le droit de réclamer le privilège d'avoir une chapelle avant eux. Quoiqu'on leur eut donné une espèce d'assurance qu'il en serait ainsi, l'autorité religieuse en décida autrement, et, le 10 juin 1840, fut fixée par M. Larue, curé de Gentilly, la place d'une chapelle dans Somerset, sur un terrain agréablement situé, près des bords de la rivière Blanche.

Ce fut un bien grand désappointement pour les braves colons de Stanfold. On se résigna cependant de bon coeur et en enfants soumis de l'Église, soutenus par la pensée que si un prêtre venait résider à Somerset, il leur serait, à cette distance, assez facile de se procurer les secours religieux dont ils auraient besoin.

M. l'abbé Clovis Gagnon

Premier missionnaire résidant dans les Bois-Francs

Après quinze années de privations et de souffrances, le 29 septembre 1840, fut nommé le premier missionnaire résidant dans les Bois-Francs: M. Clovis Gagnon. M. Gagnon, conformément à l'injonction de Sa Grandeur Mgr Signay, évêque de Québec, fixa sa résidence à Somerset. II avait à desservir les cantons de Somerset, de Stanfold, de Blandford, d'Arthabaska et de Warwick. A Stanfold, il disait la messe alternativement dans la maison de M. Pierre Prince, sur le l le lot du 9e rang, dans celle de M. Joseph Verville, établie sur le 16e lot du 9e rang, et dans celle de Pierre Landry Bercase, cultivateur, fixé sur le 5e lot du 12e rang.

M. C. Gagnon a dit aussi la messe dans la maison de M. Moîse Rhault, dans le 10e rang de Stanfold.

Il était obligé d'aller porter les secours de son ministère à des malades, tantôt à St-Jules-de-Bulstrode (aujourd'hui St-Valère), tantôt à St-Louis-de-Blandford, tantôt à la rivière Nicolet, tantôt dans les cantons d'Arthabaska et de Warwick. Il  lui fallait parcourir une étendue de plus de douze lieues à travers la forêt et dans des chemins pour ainsi dire impossibles.

M. Louis Prince, qui a fait quelques courses avec cet infatigable missionnaire, disait qu'il avait une fois traversé la rivière Nicolet avec lui, à la raquette, et qu'ils enfonçaient tous deux dans la neige et dans l'eau jusqu'à la profondeur de sept ou huit pouces. C'était aux yeux de M. Prince une espèce de miracle que de voir la santé de M. Gagnon se soutenir au milieu des misères semblables et presque journalières.

Un grand marcheur

M. Clovis Gagnon a été considéré dans son temps comme le plus grand, le plus intrépide et le plus infatigable marcheur que nos cantons aient jamais porté. C'était un jeudi, le avril 1842. Dans l'après-midi de ce jour, M. Gagnon était parti à cheval de Somerset, à travers le bois, et s'était rendu à sa mission qu'il devait commencer le lendemain, dans la maison de M. Joseph Verville. II faut vous dire que M. Joseph Verville n'était pas connu en ces temps-là dans la colonie de Stanfold autrement que sous le nom de Thazo Verville.

On l'informa, vers la fin de la nuit, qu'il était demandé pour un malade, dans le bas de la rivière Bécancour. Il se lève tout de suite, dit la messe, prend le St-Sacrement et se rend au point du jour à la maison de M. Pierre Richard. Il s'informa à lui s'il croyait qu'il serait possible de traverser la savane à cheval.

Un bon conseil

M. Pierre Richard, qui connaissait très bien le chemin à parcourir, lui répondit que, vu les grands dégels des jours précédents, il ne serait pas prudent de s'aventurer à cheval dans la savane; que les chemins défonceraient et qu'il pourrait lui arriver quelque accident. M. Gagnon ne tint pas compte de cet avis et il se lança dans la savane. A peine M. Gagnon avait-il fait quelques arpents, qu'il comprit la gravité de la situation et rebroussa chemin. Il fit mettre son cheval dans l'écurie de M. Richard, prit ses jambes, enchâssées dans de grandes bottes de cuir rouge, et se rendit à pied à la cabane du malade. Il le confessa, lui administra les sacrements de l'Eucharistie et de l'Extrême-Onction, le prépara à la mort et fut de retour à la maison de M. Pierre Richard vers quatre heures de l'après-midi. Après avoir soupé, M. Gagnon reprit la route de sa mission.

Ainsi, dans sa journée du vendredi 29 avril 1842, M. Gagnon avait parcouru douze longues lieues, deux à cheval, et dix à pied dont six dans cette affreuse savane de Stanfold, si redoutée des voyageurs les plus courageux. Par ce seul fait, pris entre un grand nombre, on peut se faire une idée du courage et de la force physique de M. Clovis Gagnon.

Le premier marchand de Stanfold

Le premier marchand de Stanfold a été M. Joseph Girouard. Il s'était choisi, en 1838, un lopin de terre, au 10e rang, avait bâti une potasserie et une perlasserie et y avait en même temps ouvert un petit magasin. M. Girouard achetait le sall des colons et leur donnait souvent, lorsque le stock était en baisse à Stanfold, un bon, qu'on était obligé d'aller échanger pour des provisions de bouche à St-Louis-de­Blandford, où M . Girouard tenait un dépôt de fleur et de lard.

Voyons les inconvénients de cet ordre de choses pour les pauvres colons.

 

Ainsi M. Elie Desharnais, fixé en 1840 sur un demi-lot (lot 26 du 10e rang dé Stanfold) près de 1a ligne de Bulstrode, parcourait près de trois lieues à travers la forêt, avec un sac de sall sur le dos, pour venir le vendre à M. Girouard, qui lui donnait en retour un bon payable en fleur, à la rivière Bécancour. II fallait ensuite prendre le chemin de la savane pour aller s'approvisionner à cet endroit. Une fois rendu à la rivière Bécancour, il ne faut pas demander si la main le pressait après une marche si pénible. Alors, sans cérémonie, il attachait solidement sa poche de provisions, près de la gueule, y mettait un peu de farine qu'il délayait avec de l'eau de la rivière et faisait cuire cette pâte sur un couvercle de chaudron qu'il empruntait d'un colon du voisinage, On me croira facilement si je dis que cette galette, ainsi improvisée, sans oeuf, sans sucre blanc et sans poudre allemande, ne valait pas les succulents gâteaux de nos jours.

Tout de même, M. Desharnais, réconforté par ce pain grossier, plaçait sur ses épaules un sac de provisions pesant plus de cent livres et reprenait joyeusement le chemin de son logis, en suivant la grande ligne de Bulstrode, par une voie difficile et semée de marais. Ainsi, dans ces temps-là, nos braves défricheurs de Stanfold étaient obligés de parcourir à pied huit ou neuf lieues avant de pouvoir mettre sur leurs tables la nourriture nécessaire pour eux et pour leurs familles.

Le second marchand (P.59)

Monsieur Louis Richard, de St-Grégoire, marié avec demoiselle Hermine Prince, le 15 janvier 1841, vint se fixer à Stanfold quinze jours après son mariage. Après avoir cultivé pendant six mois une terre à la rivière Nicolet, il s'établit sur un demi-lot (moitié est du onzième lot du neuvième rang de Stanfold) situé dans les limites actuelles du village de Princeville, et comme il avait exercé le métier de colporteur, il ouvrit un modeste magasin; ainsi, M. Louis Richard fat le second marchand de Stanfold.

Le troisième marchand

                I.      Pierre Prince, fixé à Stanfold en I839, ouvrit un magasin à la fin de l'été de l'année 1841 et +ut le troisième marchand de cette paroisse.

 

En 1838, M. Joseph Prince, de St-Grégoire, avait acheté de l'Agent des terres du Gouvernement des Trois-Rivières, le onzième lot du neuvième rang du canton de Stanfold, la moitié ouest pour M. Pierre Prince et la moitié est pour M. Hilaire Richard. M. H. Richard n'a jamais habité ce demi-lot, mais il l'échangea avec son frère, M. Louis Richard, pour un demi-lot à la rivière Nicolet et un lot entier situé dans le onzième rang du canton de Somerset.

Avant que M. Pierre Prince prît possession de son demi-lot, ce lopin de terre était occupé par M. Ls Prince, beau-père de M. François Pellerin, qui y avait fait quelques petits défrichements et y avait construit un caveau pour mettre en sûreté les patates qu'il récoltait. Ce caveau, fait tant bien que mal, ou plutôt beaucoup plus mal que bien, était, situé sur le terrain actuel de la Fabrique, près de la rue St-Jacques. Vers le 15 octobre 1837, cinq voyageurs remontaient la savane, portant sur leurs épaules d'énormes sacs de provisions: c'étaient Messieurs Édouard Leclerc, François Pellerin, Alexis Turcotte, François Jeannotte et un autre défricheur nommé Baby Fontaine, dont le vrai nom était Jean-Baptiste Billy. Ces Braves colons furent assaillis, en plein milieu de la savane, par une pluie torrentielle de longue durée. Ils arrivèrent sur le soir à ce caveau, épuisé, tout mouillés et tout glacés. II fut décidé unanimement qu'on y passerait la nuit. Les fatigues de la journée ne les empêchèrent pas de dormir d'un profond sommeil. Le lendemain matin, il fallut songer à sortir de ce gîte. Ce fut presqu'un mystère d'en trouver le moyen. D'abord grande difficulté pour trouver la porte, au milieu de l'obscurité affreuse qui les enveloppait de toutes parts. Le soleil avait beau darder ses plus ardents rayons sur le caveau, pas une parcelle de sa brillante lumière ne pénétrait à l'intérieur, pour la bonne raison qu'il n'y avait aucun châssis.

 

Une fois la porte trouvée, nouvel embarras pour l'ouvrir, parce que les pluies abondantes du jour précédent et de la nuit l'avaient tellement renflée, qu'elle se tenait aussi serrée dans son encadrage grossier qu'une cheville enfoncée à coups de massé dans de gros piquets d'une clôture de cèdre. Nos voyageurs n'avaient pas à leur disposition tous les outils qu'on rencontre dans les boutiques des ouvriers; des couteaux de poches étaient les seuls instruments qu'ils avaient en mains. Cependant, il leur fallait sortir, sortir par la porte, et pour passer par là il était absolument nécessaire que la porte, s'ouvrît. Ces colons n'avaient pas encore revêtu les qualités glorieuses des corps ressuscités: ils n'avaient pas la subtilité pour passer à travers les corps les plus opaques et les plus durs, comme Notre-Seigneur, qui entra dans le cénacle les portes fermées. Leurs genoux et leurs bras vigoureux avaient beau lutter d'énergie et de désespoir, la porte semblait se rire de leurs efforts et refusait opiniâtrement de leur livrer passage.

La position devenait de plus en plus tendue.

Enfin, de guerre lasse, la porte céda sous les coups redoublés et la clarté du jour ne se fit autour de nos courageux voyageurs que pour leur faire comprendre le triste état de deux de leurs compagnons de route.

Trois des voyageurs, MM. Édouard Leclerc, François Pellerin et Baby Fontaine étaient, le matin, assez réconfortés et avaient bon pied et bon oeil. Il n'en était pas ainsi de MM. Alexis Turcotte et François Jeannotte. Ils avaient les jambes et les bras presque perclus et ils étaient incapables de faire un mouvement. On fut obligé de les traîner hors du caveau à force de bras, de les exposer aux rayons du soleil pour les dégourdir et de leur frictionner les bras et les jambes, pendant plusieurs heures, pour les mettre sur pieds. Enfin, après bien des soins, plus ou moins doucereux, Alexis Turcotte et François- Jeannotte purent se dresser sur leurs jambes et continuer, quoique misérablement, avec leurs trois compagnons, leur route jusqu'à la rivière Nicolet, lieu de leur résidence.

Le premier notaire

Le premier notaire à Stanfold a été M. François-Xavier Pratte, qui arriva le 10 mai 1844. M. Pratte, pendant près de 30 ans, a exercé sa profession à Stanfold, et, par son amour du travail et son honorabilité, a su gagner à un haut degré la confiance de tous ses concitoyens qui, à plusieurs reprises, l'ont porté aux charges les plus importantes.

Le premier médecin

Le premier médecin a été M. Urgèle-Médéric Poisson, qui se fixa à Stanfold le 28 septembre 1848, y pratiqua sa profession avec succès pendant l'espace de onze ans et demi, et finalement alla résider à St-Christophe-d'Arthabaska, où il fut nommé coroner des comtés de Drummond, Arthabaska et Mégantic.

La première chapelle

A l'automne de 1844, la population des Bois-Francs étant devenue plus considérable, l'autorité religieuse jugea à propos de diviser la mission: M. C. Gagnon alla résider à St-Norbert-d'Arthabaska, avec la desserte de St-Christophe et de Warwick, et M. C.-E. Bélanger, nouveau missionnaire, se fixa à Somerset, avec desserte de Stanfold et de St-Louis-de-Blandford.

Le 18 avril 1844, les paroissiens de Stanfold présentèrent une requête à Mgr l'Évêque de Québec, lui demandant la permission de bâtir une chapelle.

M. Louis Proulx, curé de St-Antoine-de-Tilly, dans le comté de Lotbinière, reçut ordre de se rendre à Stanfold, de vérifier les allégués de la requête et d'y fixer la place d'une chapelle et d'un presbytère. Cette commission porte la date du 17 juin 1844.

Le 15 août de la même année, M. Proulx se rendit à Stanfold et fut reçu avec beaucoup d'enthousiasme par cette brave population qui voyait enfin luire le jour où il lui serait

donné d'élever un modeste temple au Seigneur. Les chemins furent préparés et ornés du mieux possible et ce fut un véritable jour de fête. Il y eut cependant une division assez prononcée parmi les colons. Les uns voulaient que la chapelle fut fixée au dixième rang, sur la terre de M. Joseph Girouard; les autres la demandaient à deux milles et demi de l'église actuelle, sur la terre de M. Gilbert Poudrier, (gore de Stanfold, lot A, neuvième rang) et enfin, d'autres la voulaient sur le onzième lot du neuvième rang. Ce fut une joute oratoire et un procès en règle. Un des colons, dans la chaleur de la discussion, s'oublia jusqu'à dire à M. le délégué de l'évêque que s'il n'avait pas une étole au cou il y aurait du train dans l'assemblée.

Discussions acerbes

M. Proulx, en homme calme et digne, répondit froidement qu'il n'était pas venu à Stanfold pour y causer du trouble, mais bien pour exécuter les injonctions de l'autorité épiscopale et qu'il avait ordre de ne déterminer une place pour une chapelle et un presbytère que sur une terre dont le fonds fût sans aucune redevance. C'était bien là, assurément, trancher le noeud gordien de la situation, puisque pas un des colons qui demandaient la fixation de la chapelle un peu plus haut, sur le chemin qui conduit à la Coupe-Walker, ne pouvait offrir une telle garantie. Après bien des pourparlers, finalement M. Proulx fixa la place de la chapelle sur la terre de M. Pierre Prince, (partie ouest du lie lot du 9e rang de Stanfold) à un arpent du chemin royal.

Il régla les dimensions de la chapelle comme suit: longueur 120 pieds, largeur 45 pieds, hauteur au-dessus des lambourdes 25 pieds. Les dimensions du presbytère furent: longueur 50 pieds, largeur 36 pieds, hauteur 15 pieds.

Ces diverses opérations de M. Proulx furent approuvées par Mgr l'Évêque de Québec, le 4 avril 1845.

Le nouveau missionnaire de Stanfold, M. C. E. Bélanger était doué d'une belle intelligence; c'était un homme d'énergie et d'une grande activité; il était l'homme qu'il ,fallait pour donner un élan considérable à la colonisation des terres des Bois-Francs.

M. Pierre Prince, avec l'aide de quelques habitants au coeur profondément religieux comme le sien, avait planté près de son humble logis une croix, au pied de laquelle les colons venaient chanter des cantiques, réciter le chapelet, prier en commun, les dimanches et les jours de fête.

 

Le site de la première chapelle

Le 15 du mois d'août 1844, M. Proulx avait fait transporter cette croix et l'avait fixée à l'endroit qu'il avait déterminé pour être le site de la première chapelle de Stanfold.  

Or, en ce temps-là, il se produisit dans la colonie de Stanfold un événement qui eut un retentissement douloureux. C'était le 8 novembre 1844. Dans une bonne nuit, alors que le soleil, ce grand oeil de l'univers, avait fait une course de sept heures au-dessous de notre horizon, dans un moment où la lune, cet unique charme de nos nuits, refusait sa lumière à la terre, la croix fixée par M. Louis Proulx sur le lot de M. Pierre Prince, à l'endroit où devait se construire plus tard la chapelle, se trouva solidement plantée sur la terre de Paul Chandonnais, (15e lot du 9e rang de Stanfold). Cette croix n'avait reçu aucune égratignure dans ce déménagement, qu'elle n'avait nullement sollicité: preuve que les choses avaient été faites comme il le faut du moins au point de vue des opérations matérielles. Personne ne se crut autorisé à crier au miracle, et pas à l'intervention des anges, du moins à celles des bons Anges Gardiens.

L'autorité religieuse, informée de la chose, ne s'en émut pas et tint ferme devant le petit orage. On trouva la clef de ce mystère, qui n'était pas, à coup sûr, au-dessus de la portée de l'intelligence humaine, dans le fait qu'un certain nombre d'habitants voulaient la chapelle un peu plus haut, sur le grand chemin actuel; et ainsi la mèche mise à la poudrière était éventée et l'incident n'eut pas de conséquences fâcheuses. Ces braves gens avaient bien chargé leurs épaules du lourd fardeau de la croix, mais comme ils n'avaient pas suivi leur divin Maître dans la voie du renoncement à leur volonté, ils en furent quittes pour les fatigues et le travail de la nuit; et quand, quelques semaines après, on commença à préparer le bois pour la construction de la chapelle à l'endroit choisi par M. Proulx, ils durent dire, comme les apôtres: «Maître, nous avons travaillé toute la nuit et nous n'avons rien pris.»

Une sérieuse épreuve pour le missionnaire

Le nouveau missionnaire de Stanfold, M. C. E. Bélanger, commençait donc par une assez sérieuse épreuve, une carrière de sacrifices qu'il devait couronner, au bout de quatorze mois, le 24 novembre 1845, d'une manière bien lamentable. Néanmoins, au commencement de l'hiver de l'année 1845, les colons de Stanfold, sous l'action de la parole entraînante de M. Bélanger, leur dévoué pasteur, s'étaient mis hardiment à l'oeuvre, en préparant le bois de la nouvelle chapelle, qu'ils levèrent dans le courant de l'été de la même année. Elle occupait la place de l'église actuelle (1914) et avait à peu près la même position. Cette chapelle, faite à l'entretoise, avait été assise sur des chantiers élevés, vu la déclivité du terrain, et ces appuis n'étaient pas assez solides.

 La chapelle est renversée

Le 2 avril 1847, il tomba une couche épaisse de neige, et un vent furieux, soufflant du nord-est, renversa de fond en comble cette chapelle. Ce fut une lourde perte pour les pauvres colons encore au début de leur carrière. Ils avaient mis dans cette oeuvre tant de bon vouloir et ils avaient fait de si généreux sacrifices pour élever au Seigneur cet humble temple!

Les semailles étant faites, les fidèles de Stanfold se mirent en devoir de relever leur chapelle, voulant, cette fois cependant, la refaire plus petite, vu la pauvreté des colons et leur nombre encore assez restreint. C'est alors que surgit la fameuse question de réunir la mission de Stanfold à celle de Somerset. C'était pour les gens de Stanfold une nouvelle et cruelle épreuve qui menaçait de s'ajouter à la première. Il fut donc décidé qu'on s'adresserait à l'autorité religieuse pour conjurer ce malheur. M. Pierre Richard se mit en tête de l'opposition. II ne recula devant aucun sacrifice, bien déterminé à tenir bon contre l'orage. Il fit deux voyages à Québec, en voiture, à ses frais et dépens, pour aller soutenir les intérêts religieux de la petite colonie auprès de Mgr l'Archevêque de Québec. La justice de -cette cause fut heureusement reconnue, et c'est en grande partie aux efforts de M. Pierre Richard si la mission de Stanfold a été alors maintenue.

Jusqu'à l'arrivée de M. l'abbé Antoine Racine, en octobre 1848, M. l'abbé Édouard Dufour, missionnaire d'une partie des Bois-Francs et résidant à Somerset, continua à desservir les fidèles de Stanfold, faisant les offices religieux dans la chapelle qu'on avait réussi à relever de ses ruines.

 Le dernier acte du missionnaire

Son dernier acte comme missionnaire de Stanfold, daté du 13 octobre 1848, est le baptême d'Alexandre Bourassa. La veille, il avait inhumé dans le cimetière de Stanfold, Simon Marcoux, époux de défunte Geneviève Courteau, décédé le 10, âgé d'environ cent ans.

Le 10 avril 1848, M. Pierre Prince et son épouse, Dame Marguerite Pratte, passèrent un acte devant M. le notaire Charles Cormier, de Somerset, cédant, pour le prix de six livres, argent courant, un terrain pour l'église, aux Sieurs Édouard Dufour, missionnaire des cantons de Somerset, Standfold et Blandford, Louis Richard, Léon Thibaudeau, Joseph Bourbeau dit Verville, et Louis Trottier, syndics élus le 26 octobre 1847 par les paroissiens, et agissant au nom de la paroisse de Stanfold. Ce terrain était une partie du l le lot du 9e rang de Stanfold, moitié ouest, contenant huit arpents et demi en superficie, sauf à distraire sur ce terrain un demi-arpent en superficie, qui avait été approprié pour une maison d'école quelque temps auparavant.

Première école

Cette école se trouvait à peu près vis-à-vis le presbytère actuel (1) (1914). Elle fut fréquentée par tous les enfants des alentours, jusqu'en 1854, alors qu'on fut obligé de la faire disparaître parce qu'elle était bâtie sur le tracé même de la ligne projetée du chemin de fer du Grand Tronc.

 

                     De 1848 à 1914

Nomination du premier curé de Stanfold

«Québec; 4 octobre 1848. Révérend M. Racine, Vicaire de la Malbaie. Monsieur,

Je vous confie par la présente, jusqu'à révocation de ma part ou celle de mes successeurs, le soin des cures et paroisses de St-Eusèbe-de-Stanfold et de St-Louis-de-Blandford. Vous percevrez les dîmes et oblations ordinaires, auxquelles sera jointe, au moins pour cette année, une allocation sur les fonds de l'oeuvre de la Propagation de la Foi. Vous exhorterez vos paroissiens à se mettre en mesure de pourvoir par eux-mêmes au soutien de leur prêtre et de ne pas compter pour l'avenir sur de nouveaux secours de l'oeuvre ci-dessus mentionnée, laquelle n'aura pas toujours les mêmes ressources.

Vous trouverez sur une des feuilles ci-jointes la liste des pouvoirs que vous êtes autorisé à exercer, en votre qualité de curé de Stanfold et autres lieux; l'autre renferme des instructions qui pourront vous être utiles dans l'occasion.

En attendant que l'on vous ait bâti un presbytère à Stanfold, vous pourrez prendre pension chez M. le curé de Somerset, à moins que vous ne trouviez à Stanfold une maison convenable où vous puissiez le faire.

Je suis, etc.

t Jos. Archevêque de Québec.»

Notes biographiques

Mgr Antoine Racine, né à la Jeune-Lorette, près de Québec, le 26 janvier 1822, de Michel Racine, forgeron, et de Louise Pépin, fit ses études à Québec, où il fut ordonné le 12 septembre 1844. Vicaire à La Malbaie (1844-1848); premier curé de Stanfold (1848-1851), où il a construit un presbytère; curé de St-Joseph-de-Beauce (1851-1853), de St-Jean-Baptiste de Québec (1853-1874) ; premier évêque de Sherbrooke (1874­1893), élu le 1er septembre 1874 et sacré à Québec par Mgr Taschereau le 18 octobre suivant; fondateur du séminaire de Sherbrooke, en 1875. Il est décédé à Sherbrooke, succombant à une affection organique des valvules du coeur, le 17 juillet 1893.

 

En arrivant à Stanfold, M. A. Racine trouva une chapelle, mais le presbytère n'était pas encore habitable. Il logea en attendant chez M. Louis Richard, marié à la nièce de M. Pierre Prince.

Les paroissiens de Stanfold, ayant à coeur de loger aussi convenablement que possible leur curé, se firent un devoir de faire les sacrifices voulus en de telles circonstances. Grâce à cette bonne volonté qui caractérisait nos ancêtres, M. A. Racine n'attendit pas longtemps avant de pouvoir habiter son modeste logis. Il était heureux et content de partager la pauvreté de ses ouailles.

Quel dévouement! quels sacrifices de la part des premiers missionnaires des Bois-Francs! Les temps sont changés, mais nous serions bien ingrats de ne pas reconnaître leurs mérites et de ne pas remercier la Providence d'avoir suscité à l'heure propice des hommes au coeur noble et magnanime, capables de tous les sacrifices.

Premier corps de marguilliers (P.60)

Le 28 octobre 1848, Mgr l'Archevêque de Québec émit un décret ordonnant l'élection d'un corps de marguilliers pour la paroisse de St-Eusèbe-de-Stanfold.

Cette élection se fit dans la maison d'école, le 12 novembre 1848, sous la présidence de M. Antoine Racine, curé de St-Eusèbe-de-Stanfold. Les marguilliers élus furent MM. Louis Richard, Léon Thibaudeau, Pierre Prince, François Pratte, Moîse Rhault, Rémi Grenier, Gilbert Lemay-Poudrier et Amable Sicard. M. Louis Richard fut proclamé premier marguillier du banc, M. Léon Thibaudeau, deuxième, et M. Pierre Prince, troisième.

Le 11 janvier 1849 eut lieu la bénédiction de la première cloche de Stanfold, baptisée sous les noms de Julie-Esther. Cette cérémonie fut présidée par M. l'abbé Olivier Larue, archi-prêtre, curé de Gentilly et ancien missionnaire de Stanfold.

Le 15 mars 1849, M. Édouard Dufour, missionnaire de Somerset, érigea canoniquement dans la chapelle de St-Eusèbe, les stations du Chemin de la Croix.

A la fin de l'année 1851, M. Antoine Racine fut nommé curé de St-Joseph-de-Beauce. Le dernier acte signé par M. Antoine Racine comme curé de St-Eusèbe est daté du 21 décembre 1851.

Le devoir des Canadiens-français

Dans une causerie intitulée «Les débuts d'une oeuvre: publiée en 1902, M. J.-A. Chicoyne, parlant de M. l'abbé John Holmes, un des premiers missionnaires de Drummondville et professeur au séminaire de Québec de 1827 à 1852, disait: Dans sa nouvelle carrière de professeur il ne perdit jamais occasion d'insister sur le devoir qui incombait aux Canadiens-français de sauvegarder cette partie de leur héritage.

Plusieurs de ses élèves, prêtres et laîques, fidèles à ses leçons, devinrent d'ardents promoteurs de la colonisation. Parmi ces adeptes de l'abbé Holmes, il en est un qui joua un rôle remarquable à plus d'un titre; je veux parler de Mgr Racine, qui débuta comme missionnaire dans les Bois-Francs et devint le premier évêque de Sherbrooke, en 1874.

 Mgr Racine nourrissait la plus profonde vénération pour son ancien professeur, et, en maintes circonstances, il l'a désigné comme ayant été le premier apôtre de la colonisation française et catholique dans les Cantons de l'Est.

Un mot d'ordre

C'est à l'abbé Holmes que nous devons le fameux mot d'ordre: «Emparons-nous du sol.»

M. l'abbé A. Racine, premier curé de Stanfold, devenu premier évêque de Sherbrooke en 1874, mourut-en sa ville épiscopale, le 17 juillet 1893.

Le Courrier du Canada, à la fondation duquel Mgr Antoine Racine avait participé trente-six ans auparavant, lui consacra l'article nécrologique suivant:

 

«Mgr Antoine Racine naquit le 26 janvier 1822. II était donc, à sa mort, âgé de plus de soixante et onze ans. Bel âge, sans doute, et l'éminent évêque semblait porter allègrement le poids des années, lorsque la mort, la mort accidentelle, est venue le ravir à l'affection de son peuple. Sa visite pastorale allait se terminer au milieu des plus douces consolations. Qui aurait cru qu'une chute fatale enlèverait si tôt à l'Église du Canada un de ses prélats les plus distingués? Quel coup pour le diocèse de Sherbrooke, pour le clergé tout entier! A Québec, on ne pouvait croire le télégramme qui apportait cette nouvelle, tant le prélat avait paru jusque là défier l'âge, la fatigue, le travail. C'est qu'ici le défunt a laissé des traces inoubliables de son zèle apostolique.

Comme il fut desservant de l'église St-Jean-Baptiste pendant vingt et un ans, il nous appartient peut-être autant qu'au diocèse de Sherbrooke de le pleurer, et de payer à sa mémoire un tribut de reconnaissance.

Quant au Courrier du Canada, c'est un bienfaiteur qu'il a perdu, et c'est le deuil qu'il lui faut prendre.

En 1857, notre journal prit naissance. M. Racine se distingua parmi les plus zélés de ses fondateurs. De quels soins n'a-t-il pas entouré le berceau de l'organe naissant du clergé de Québec? On put dès lors reconnaître en lui l'homme des bons combats, sans cesser d'être prêtre partout, heureux et fier de servir partout les grands intérêts de la terre et du ciel.

 Dans les Bois-Francs

Avant d'être promu à la desserte de l'église St-Jean, M. Racine avait séjourné pendant deux ans dans cette partie des Cantons de l'Est alors connue sous le nom de Bois-Francs. (1) C'est là qu'il se fit connaître et apprécier comme colonisateur. La Providence l'y exerça à tenir la houlette, dans cette mission immense qui comprenait les cantons de Stanfold, de Blandford et de Bulstrode. Les vieux n'ont pas oublié ce jeune prêtre de vingt-sept ans, parcourant la forêt pour porter la consolation dans le coeur des affligés, se faisant tout à tous, aussi pieux que modeste, charitable comme St-Vincent de Paul. Tout dévoué aux intérêts matériels de ses ouailles, l'abbé Racine se multiplia pour leur rendre plus agréable la vie pénible du défricheur abandonné à ses propres ressources, et il rédigea en collaboration cette célèbre brochure intitulée: Le Canadien émigrant, qui produisit un grand effet dans le monde politique. A partir de ce jour, les gouvernements vinrent en aide aux pauvres colons délaissés, et quand le missionnaire des Bois-Francs, obéissant aux ordres de son évêque, courut prendre charge de la paroisse de St-Joseph, dans la Beauce, il pouvait prévoir pour ses colons une nouvelle ère de prospérité et de bonheur.

L'abbé Racine ne passa que deux ans à St-Joseph, et il y laissa une belle réputation de vertus et de science.

Le premier évêque de Sherbrooke

C'est en 1853 qu'il fut appelé à Québec pour servir, sur un théâtre plus vaste, la cause de la religion et de la patrie. Quel dévouement à toutes les oeuvres de Dieu! Son nom est identifié à toutes les grandes fêtes nationales et religieuses. Tantôt on le voit monter dans la chaire de vérité pour y célébrer les gloires de la patrie en liesse, tantôt il vient verser des pleurs sur la tombe d'un prélat défunt. Lorsque l'autorité ecclésiastique institue le procès de béatification de la fondatrice des Ursulines, il est choisi comme l'un des membres du jury. Et quand sonna l'heure où il fallut ériger un diocèse dans les Cantons de l'Est, il n'y eut qu'une voix dans le clergé, pour jeter en avant le nom de l'abbé Racine. Cette élection fut ratifiée à Rome, et, en 1874, le prêtre devenait le pasteur intrépide qui commande et fait tout marcher à sa parole, c'est-à-dire l'évêque, le successeur des Apôtres, revêtu de la plénitude du sacerdoce, juge de la foi, gardien de la discipline.

«Gouvernez hardiment», disait Bossuet en s'adressant aux princes. «Soyez mères», disait Fénelon en s'adressant aux pasteurs. Mgr Racine avait sans doute entendu ces deux oracles, car il y conforma toute sa conduite. Il conduisait son clergé et son peuple en étendant sur leur tête cette verge de consolation et d'honneur dont parle l'Écriture, cette crosse à l'abri de laquelle il fait bon vivre, quand rien ne la fait vaciller ni fléchir dans la maison qui la porte: virga tua et baculus tuus ipsa me consalata sunt. Il gouverna hardiment, commandant le respect, l'inspirant lui-même. L'autorité de sa parole suffit à conserver la paix dans ce diocèse où le protestantisme compte de nombreux et puissants adeptes. Sa prévoyance s'émut pour le recrutement du sacerdoce dans cette Église où il voulait voir les biens spirituels plus abondants encore que les moissons de la terre et les richesses du commerce et de l'industrie. Il a semé, d'autres récolteront.

Tous se souviennent de lui

Les directeurs du séminaire de Sherbrooke se souviendront de l'intérêt paternel que leur portait leur vénérable évêque, de la haute estime qu'il faisait des professeurs, de la confiance qu'il leur a accordée en tout temps. Quelle est, du reste, la communauté qu'il n'ait pas conseillée, consolée, mise à l'abri des coups du sort? Que n'a-t-il pas imaginé pour donner au prêtre, dans chaque paroisse, l'honneur qui lui est dû, pour assurer sa subsistance, embellir sa demeure et la lui faire aimer?

Voilà, dans une rapide esquisse, comment parlera l'histoire des oeuvres de Mgr Antoine Racine, premier évêque de Sherbrooke, et des mouvements qu'il a laissés de son zèle et

de sa piété. Mais, à côté de cet esprit si ferme, il faut voir un coeur plus tendre encore, un coeur qui fut vraiment celui d'une mère. On le connaissait dans chaque couvent, dans chaque paroisse, où ses tournées pastorales étaient attendues avec tant d'impatience, signalées par les démonstrations d'une joie si vive, dans ces familles où il portait, par ses visites, non pas le pain du corps, mais le pain de l'âme, la parole de la vérité et de la vie. Hic est qui multum orat pro populo et pro universa civitate.

O vénérable prélat, votre moisson est belle, reposez-vous maintenant; vous avez été véritablement le bon ouvrier de l'Évangile, vous avez bien répondu à cette voix qui vous appelait, il y a dix-neuf ans, sur les bords de la rivière St-François, pour travailler dans le champ du Seigneur».

Deuxième curé:

M. l'abbé Pierre-Léon Lahaye

Le successeur de M. Antoine Racine fut M. l'abbé P.-L. Lahaye, vicaire à St-Roch de Québec. Le premier acte qu'il a signé dans les registres de Stanfold est daté du 4 janvier 1852.

M. l'abbé P.-L. Lahaye demeura à peine neuf mois à Stanfold. Trois-Rivières ayant été érigé en diocèse en 1852, M. P.-L. Lahaye préféra appartenir au diocèse de Québec. Il demanda son rappel, et, à l'automne de 1852, il retourna à St-Roch de Québec, comme vicaire.

Le dernier acte signé par M. P.-L. Lahaye comme curé de St-Eusèbe-de-Stanfold est daté du 5 octobre 1852.

Troisième curé:

M.l'abbé Narcisse Pelletier

 Avant sa nomination à la cure de St-Eusèbe-de-Stanfold, M. l'abbé Narcisse Pelletier était vicaire à Ste-Anne-de-la-Pérade. Il prit possession de la cure en 1852.

Le 11 septembre 1859, les paroissiens de Stanfold présentèrent aux commissaires civils une requête demandant la permission de faire une élection de syndics pour la construction d'une église et d'une sacristie. L'autorisation fut accordée le 23 septembre 1859. La confirmation de l'élection des syndics par les commissaires civils est datée du 11 novembre de la même année. Les sept syndics élus furent: MM. Jean-Baptiste Pellerin, Auguste Desroches, Louis Richard, Prosper Roux, Pascal Lacourse, Léon Thibaudeau et Louis Trottier.

Les 23, 24 et 25 juillet 1852, Mgr Turgeon archevêque de Québec, visita Somerset, mais ne se rendit pas à Stanfold, parce que Stanfold devait faire partie du nouveau diocèse des Trois-Rivières.

Le nouveau diocèse des Trois-Rivières

Le 8 juin précédent, le St-Siège avait érigé le diocèse des Trois-Rivières, lui donnant, pour chef spirituel le Très Révérend Messire Thomas Cooke, vicaire général de l'évêque de Québec et curé des Trois-Rivières. A cette date, une grande partie des Bois-Francs fut confiée à la sollicitude pastorale du nouvel évêque des Trois-Rivières. La partie dans le comté de Mégantic seule continua à appartenir à l'Archidiocèse de Québec.

Mgr Thomas Cooke, né à La-Pointe-du-Lac, comté de St-Maurice, le 9 février 1792, de Jean-Thomas Cooke, meunier, et Isabelle Guay, fit ses études à Nicolet, à Québec et à St-Hyacinthe; fut ordonné par Mgr Plessis, le 9 septembre 1814: Secrétaire de Mgr Panet à la Rivière-Ouelle (1814-1817) ; curé de Caraquet, avec desserte des rivages immenses (1817-1824) ; y compris Tracadie du Nouveau-Brunswick (1818-1823) ; curé de la Jeune-Lorette (1824-1835) ; curé aux Trois-Rivières (1835-1852) ; grand vicaire (1835-1852), avec desserte du Cap-de-la-Madeleine (1835-1844); élu premier évêque des Trois-Rivières le 8 juin 1852, par S. S. Pie IX, et sacré le 18 octobre 1852, dans sa cathédrale, par Mgr Turgeon; évêque des Trois-Rivières (1852-1870) où il fonda le séminaire; décédé aux Trois-Rivières le 3 avril 1870.

Le 27 décembre 1899, M. Georges Courchesne, (1) élève finissant au séminaire de Nicolet, dans l'adresse qu'il lut à Mgr J. S. H. Brunault, évêque de Tubuna et coadjuteur de Monseigneur de Nicolet, en rappelant le souvenir de Mgr Thomas Cooke, disait les paroles suivantes:

«1852 apporta de nouveau au Séminaire de Nicolet un immense sujet de joie: le sixième de ses fils était consacré évêque, et cette fois son évêque, puisqu'il devenait le fondateur du diocèse des Trois-Rivières, Monseigneur Thomas Cooke, de douce mémoire, dont le nom brille, avec celui du premier évêque de St-Boniface, en tête de la liste des premiers élèves de Nicolet, en 1803. Tous deux méritent, 'a la fin de leur cours, en 1808, le bulletin suivant, envoyé par le directeur à Mgr Plessis: «Parmi nos philosophes, les plus ingénieux sont Cooke et Provencher; les plus vertueux, Provencher et Cooke; les plus enclins à l'état ecclésiastique, autant que je puis le connaître, Provencher et Cooke». »

Le nouvel évêque visite Stanfold

En juillet 1855, Mgr Thomas Cooke, évêque des Trois-Rivières, fit la première visite épiscopale à St-Eusèbe-de-Stanfold. C'était la première fois que les paroissiens de Stanfold recevaient la visite de leur premier pasteur.

La seconde visite de Mgr Thomas Cooke à St-Eusèbe eut lieu les 6, 7 et 8 septembre 1859.

Il y avait alors 1708 âmes, 980 communiants et 280 familles. En 1839-1840, il n'y avait que 432 âmes et 251 communiants.

Le 25 septembre 1860 eut lieu la bénédiction de la pierre angulaire de l'église de St-Eusèbe, par M. Joseph Auclair, curé de Notre-Dame de Québec.

Le 22 novembre 1860, dans une assemblée présidée par M. P.-H. Suzor, curé de St-Christophe, il fut décidé d'agrandir le cimetière. Cette résolution fut approuvée le 27 novembre 1860, par Mgr Thomas Cooke, évêque des Trois-Rivières.

Le 6 octobre 1861, les francs-tenanciers de Stanfold présentèrent à Mgr Thomas Cooke, évêque des Trois-Rivières, une requête demandant à bâtir un nouveau presbytère. Mgr l'évêque approuva cette requête le 15 novembre 1861.

Bénédiction de l'église

Le 4 février 1863, l'église de St-Eusèbe-de-Stanfold fut solennellement bénite par M. Antoine Racine, chapelain de l'église de St-Jean-Baptiste de Québec et ancien curé de Stanfold. Cette église avait 130 pieds de longueur, 55 pieds de largeur, les murs 33 pieds de hauteur, le clocher 160 pieds de hauteur. Elle fut incendiée le 3 mars 1911.

(P.61)

Le 1er mai 1864, dans une assemblée de paroisse, M. le curé N. Pelletier et messieurs les marguilliers du banc furent autorisés à donner l'entreprise du parachèvement de l'intérieur de l'église à M. Gédéon Leblanc, architecte. Cette résolution fut approuvée par Mgr Thomas Cooke, évêque des Trois-Rivières, le 3 mai 1864.

Le 27 juillet 1864, M. l'abbé Louis-Henri Dostie, curé de Gentilly, fit la bénédiction de la seconde cloche de Stanfold. Elle pesait 825 livres et reçut les noms de Marie-Lucille-Caroline.

La troisième cloche de Stanfold fut bénite le 5 juin 1871, par M. l'abbé Louis Sévérin Rheault, procureur de l'évêché des Trois-Rivières. Elle était du poids de 758 livres et fut baptisée sous les noms de Charles-Lucie-Louise-Hermine.

M. Narcisse Pelletier, curé de St-Eusèbe-de-Stanfold près de vingt-deux ans, mourut le 13 juillet 1874. Son corps repose dans l'église de St-Eusèbe-de-Stanfold.

Un lourd fardeau

Le premier curé de Stanfold, M. Antoine Racine, ayant été curé à peine trois ans, et le second M. P.-L. Lahaye, seulement neuf mois, M. Narcisse Pelletier, leur successeur et troisième curé, eut en réalité tout le fardeau de l'organisation paroissiale. Presbytère et église à bâtir, il lui a fallu supporter tous les inconvénients et toutes les misères occasionnés en de telles circonstances. Il n'a pas failli à la tâche. Toujours sur la brèche, il a lutté comme un digne ministre du Christ et de son Église. Aimé et respecté de ses ouailles, il se dépensait généreusement pour le salut des âmes qui lui étaient confiées. A sa mort, il avait la consolation de voir la paroisse de St-Eusèbe-de-Stanfold bien organisée et possédant un établissement religieux des plus enviables. La population de St-Eusèbe a conservé de ce pasteur zélé et dévoué un souvenir des plus précieux.

Quatrième curé: (P.61)

M. l'abbé Charles-Flavien Baillargeon

A l'automne de 1874, M. l'abbé C.-F. Baillargeon prenait possession de la cure de St-Eusèbe-de-Stanfold, laissée vacante par la mort de M. l'abbé Narcisse Pelletier.

Miné par la maladie, épuisé par l'exercice d'un ministère laborieux, M. l'abbé C.-F. Baillargeon espérait recouvrer ses forces en jouissant du grand air de la campagne. Il n'avait cependant rien perdu de son énergie, de son amour au travail et de son zèle pour le bien des âmes. M. Baillargeon fut un homme d'action, un vaillant distributeur de la parole de Dieu, un pasteur vigilant, un prêtre rempli de dévouement.

Mais il est une question qui a toujours été chère à son coeur: c'est l'instruction de la jeunesse. Si nous étions tentés d'en douter, nous n'aurions qu'à jeter les yeux sur Trois-Rivières et considérer les oeuvres qu'il a accomplies en faveur de cette importante et noble cause.

Un collège commercial

Aussi, un de ses premiers soins, en arrivant à Stanfold, fut-il de procurer à la jeunesse de sa paroisse les avantages, la facilité d'acquérir ce grand bienfait d'une bonne et sainte éducation. II ne laissa pas s'écouler un long temps sans se mettre à l'oeuvre, sans aviser aux moyens de réaliser ce patriotique et religieux projet. Il s'agissait d'appeler ou des Frères ou des Soeurs à Stanfold, pour l'enseignement de la jeunesse. Un collège commercial était bien à souhaiter; mais les Frères ne pourraient se charger que du soin des petits garçons, il fut résolu qu'on appellerait des Soeurs, parce que celles-ci s'occuperaient et des filles et des garçons.

Mais, pour exécuter cette oeuvre, il y avait des obstacles assez sérieux à vaincre. L'échec subi au sujet du collège, quelques années auparavant, était de nature â en tenir un

bon nombre dans la crainte, à faire des incrédules. M. Baillargeon était de taille à affronter et à surmonter tous les obstacles. Les difficultés d'une oeuvre à accomplir n'ébranleraient nullement son courage ni sa volonté. Il savait par expérience qu'avec du travail, de l'énergie et de la persévérance on peut opérer des merveilles.         

Il poursuivait ainsi son but, lorsque, par une disposition de la Divine Providence, la maison qui, jadis avait été bâtie pour un collège devint disponible.

Le couvent

M. Baillargeon comprit que le moment favorable était arrivé et qu'il fallait en profiter. Cette fois, le succès va couronner l'oeuvre entreprise. Après plusieurs pourparlers avec messieurs les fabriciens, il fut décidé qu'on ferait l'acquisition de la maison en question, pour en faire un couvent, dont on confierait la direction aux Révérendes Soeurs de l'Assomption de Nicolet, lesquelles arrivèrent le 27 août 1884.

La première supérieure fut la Révérende Soeur Ste-Marie. La Fabrique, qui avait acheté l'ancien collège de M. P. H. Matte, le 2 septembre 1884, le revendit aux Révérendes Soeurs de l'Assomption, le 30 décembre 1886.

 

 

 

 

Cinquième curé:

M. l'abbé Thomas-Alexis-L. Desaulniers

 

Le successeur de M. l'abbé C.-F. Baillargeon fut M. l'abbé Ths-A.-L. Desaulniers, curé de St-Bonaventure.

 Monsieur le curé Desaulniers fit considérablement agrandir le presbytère, restaurer l'intérieur de l'église et l'enrichit de trois superbes cloches. La bénédiction de ce carillon eut lieu le 27 mai 1890. Mgr Antoine Racine, évêque de Sherbrooke et ancien curé de Stanfold, présida cette grande cérémonie. Mgr Gravel, évêque de Nicolet, était aussi présent, ainsi qu'un grand nombre de membres du clergé et de laïques importants.

La première cloche pesait 1500 livres, la seconde, 1 171 livres, et la troisième 950.

Ce carillon fut détruit dans l'incendie du 3 mars 1911.

Sixième curé:

M. l'abbé F.-Édouard Baril

Le sixième curé de St-Eusèbe-de-Stanfold fut M. l'abbé F.-Édouard Baril. Il fut nommé en mars 1907.

M. le curé Baril a fait construire une splendide église pour remplacer l'ancienne, incendiée le 3 mars 1911. Ce temple élevé à la gloire du Seigneur, un des plus beaux, non seulement des Bois-Francs mais de tout le diocèse de Nicolet, redit bien hautement la générosité et l'esprit de foi des braves paroissiens de Stanfold et le zèle de son dévoué curé. Ce temple a été ouvert au culte pour la messe de minuit, le 25 décembre 1913. Il a 180 pieds de longueur et 64 de largeur. La hauteur des clochers est de 192 pieds. La bénédiction solennelle a été faite, le 16 janvier 1914, par Sa Grandeur Monseigneur J. S. H. Brunault, évêque de Nicolet, qui, la veille, avait présidé à la bénédiction d'un superbe carillon composé de quatre cloches.

L'abbé François-Édouard Baril, né à St-Pierre-les-Becquets, comté de Nicolet, le 12 octobre 1854, de Pierre Baril, cultivateur, et de Olive Tousignant, fit ses études à Nicolet et aux Trois-Rivières, où il fut ordonné par Mgr Laflèche, le 18 décembre 1884. Vicaire à St-Médard de Warwick (1884-1885), â Drummondville (1885), encore à St-Médard de Warwick (1885-1886), â la cathédrale de Nicolet (1886-1887), au séminaire de Nicolet, professeur de philosophie (1887-1903), en même temps directeur des ecclésiastiques (1900-1903), curé de Notre-Dame de Pierreville (1903-1904), aumônier des Soeurs de l'Assomption, à Nicolet (1904-1907), curé de Princeville de 1907 à sa mort survenue au presbytère le 27 février 1916. Inhumé sous l'église.

Septième curé:

          M. l'abbé Arthur-Odilon

    Né à Ste-Anne-de-la-Pérade, le 1 juillet 1861, de Félix de Valois Papillon, cultivateur, et        d'Esther Matte. Etudes classiques (1877-1884) et théologiques au Séminaire de Nicolet. Ordonné le 29 juillet dans la cathédrale de Nicolet et par S. Exc. Mgr Elphège Gravel, évêque de Nicolet. Au Séminaire: professeur de rhétorique (1888-1893), étudiant à l'Université de la Propagande, à Rome (1893-1895). Secrétaire privé de S. Exc. Mgr Elphège Gravel. Desservant puis curé de Ste-Gertrude (1895-1904) ; curé de Bécancour (1904-1916) ; curé de Princeville (1916-1924). Décédé à son presbytère le 13 mai 1924. Inhumé dans le cimetière de Princeville.

Huitième curé:

Mgr Sévérin Poirier

Né à St-David, comté d'Yamaska, le 29 avril 1867, de Octave Poirier, cultivateur, et de Marie Bourque. Etudes classiques (1879-1887) et théologiques (1887-1892), au Séminaire de Nicolet. Ordonné le 25 juillet 1892 à la Maison-Mère des Soeurs de l'Assomption de Nicolet par S. Exc. Mgr Elphège Gravel, évêque de Nicolet. Vicaire à Warwick (1892-1893) ; vicaire â Ste-Monique (1893-1894) ; vicaire à St-Grégoire (1894-1895); vicaire â St-David (1895); vicaire à St-Pierre-les-Becquets (1895-1898); vicaire à Nicolet (1898-1899) ; directeur des élèves du Séminaire de Nicolet (1899-1920) ; curé de Nicolet (1920-1924) ; curé de Princeville (1924-1952). Chanoine titulaire le 1er décembre 1923. Prélat domestique le 13 juillet 1942. Après sa résignation comme curé de Princeville, il demeura au presbytère jusqu'au 26 décembre 1963, après quoi il se retira à l'Ermitage St-Joseph de Victoriaville, où il est décédé le 30 juillet 1969.

Neuvième curé:

M. l'abbé Eugène Autate

Né à St-David, le 18 juillet 1891, de Joseph Autate, sellier, et de Clothilde Laplante. Etudes classiques (1904-1911) et théologiques au Séminaire de Nicolet. Ordonné le 13 septembre 1914 dans la chapelle du Séminaire de Nicolet par S. Exc. Mgr Hermann Brunault, évêque de Nicolet. Vicaire à St-David (1914-1915) ; vicaire à Ste-Anne-du-Sault (1915) ; vicaire à St-Paul (1915-1916); vicaire à St-Frédéric de Drummondville (1916-1919) ; vicaire à Kingsey (1919-1920) ; vicaire à St-Grégoire (1920-1921); vicaire à Bécancour (1921-1923); vicaire à Princeville (1923-1924); vicaire à Victoriaville (1924-1929); curé à Lemieux (1929) ; curé à Précieux-Sang (1929-1937) ; curé à Ste-Anne-du-Sault (1937-1952) ; curé à Princeville (1952-1954). II doit démissionner à cause de sa santé précaire. Se retire à Saint-David et y meurt le 8 décembre 1954. Inhumé dans le cimetière de la paroisse.

Dixième curé:

Mgr Eugène Demers

Né à Ste-Sophie, le 15 janvier 1892, de Martial Demers, cultivateur, et de Phélonise Verville. Cours classique (1907­1915) et théologie (1915-1918) au Séminaire de Nicolet. Ordonné le 14 septembre 1918 dans l'église de Victoriaville lors d'un grand Congrès eucharistique, par S. Exc. Mgr Hermann Brunault, évêque de Nicolet. Vicaire à Princeville (1918) ; vicaire à St-Cyrille (1918-1919) ; vicaire à St-Grégoire (1919) ; vicaire à St-Célestin (1919-1921); vicaire à Yamaska (1921-1922); vicaire à Notre-Dame-du-Bon-Conseil (1922-1924); prêté au diocèse de Gaspé (1924-1926); vicaire à Pierreville (1926-1927) ; vicaire à Drummondville (1927-1930) ; curé à St-Majorique (1930-1943) ; curé à Ste-Eulalie (1943-1949) ; curé à St-Wenceslas (1949-1954); curé à Princeville (1954-1967). Nommé chanoine honoraire le 17 septembre 1959. Décédé le 27 janvier 1967.

Onzième curé:

M. le chanoine Wilfrid Bergeron

Né à St-Grégoire-le-Grand, le 4 avril 1909, de Édouard Bergeron, cultivateur et commerçant, et de Alvina Rouleau. Etudes classiques (1920-1928) et théologiques au Séminaire de Nicolet. Ordonné le 10 juillet 1932 dans la chapelle du Séminaire de Nicolet par S. Exc. Mgr Hermann Brunault, évêque de Nicolet. Vicaire à St-Valère (1932-1933); vicaire à Bécancour (1933-1934); desservant à Bécancour (1933); vicaire à Ste-Angèle (1934), et durant ce temps doit prendre un repos à l'Hôpital du Christ-Roi de Nicolet et dans sa famille; reprend son poste à Ste-Angèle (1934-1942) ; vicaire à St-Germain (1942-1944); patient à l'Hôpital Ste-Croix de Drummondville (1944); repos au Sanatorium St-François de Sherbrooke (1944-1945) ; en repos chez son frère, curé de Ste-Séraphine (1945); repos au Lac-Masson (1945-1946); repos à Kingsey-Falls chez son frère (1946); assistant-aumônier à l'Hôtel-Dieu de Nicolet (1946); vicaire à Wickham (1946) et revient à l'Hôtel-Dieu de Nicolet la même année; vicaire à St-Germain (1948); revient â l'Hôtel-Dieu de Nicolet; aumônier de la Maison-Mère (1948-1951); le 18 février 1949, en gardant sa fonction, est nommé aumônier de l'Oeuvre diocésaine de l'Intronisation du Sacré-Coeur et de l'Adoration nocturne au foyer. Le 24 février 1951, il est nommé supérieur du Grand Séminaire de Nicolet qui ouvre ses portes en septembre 1951. Nommé chanoine du chapitre honoraire de la cathédrale de Nicolet le 13 août 1952. Supérieur du Grand Séminaire pour un second triennat du 24 juillet 1954 au 15 juin 1957. Professeur de morale spéciale en IVe année, Pastorale (1951-1957); en plus, professeur de liturgie sacramentaire (1951-1957); procureur de la Mission nicolétaine au Brésil (1955-1957). Curé de St-Philippe de Drummond (1957-1961); curé de St-Célestin (1961-1967); curé de Princeville (1967-1975). Se retire au Grand Séminaire de Nicolet le 24 janvier 1975. Vicaire-économe de St-Grégoire-le-Grand (3 juillet au 1 er août 1979).

Douzième curé:

M. l'abbé Pierre-Paul Lefebvre, Bc. Ph.

Né à La Baie-du-Fèbvre le 28 avril 1924, de Albert Lefebvre, cultivateur, et de Aline Proulx. Etudes classiques (1937-1945) au Séminaire de Nicolet et théologiques au Grand Séminaire de Québec (1945-1950). Ordonné prêtre le 11 juin 1949 dans la chapelle des Soeurs du Précieux-Sang de Nicolet par S. Exc. Mgr Joseph Guay, ex-évêque de Gravelbourg. Entré à l'Hôpital Laval de Québec le 10 mai 1949 pour en sortir le 16 août 1950. En repos. Professeur de dogme au Grand Séminaire de Nicolet (1951-1952). Assistant-aumônier à l'Hôpital du Christ-Roi de Nicolet le 28 août 1952, 25 mars 1954. Assistant-aumônier à l'Hôtel-Dieu de Nicolet (25 mars 1954 au 7 juillet 1955). Vicaire à St-Grégoire-le-Grand (7 juillet 1955 au 19 juillet 1956) et aumônier diocésain de la J.A.C. et J.A.C.F. (20 août 1955 au 19 juillet 1956). Directeur spirituel au Petit Séminaire de Nicolet (septembre 1956 au 8 juillet 1958). Assistant-directeur diocésain de l'Action catholique et aumônier diocésain de la J.E.C., de la J.E.C.F. et de la Croisade eucharistique (8 juillet 1958 au 26 mai 1965). Directeur de la revue diocésaine «Panorama» (29 juin 1961 au 26 mai 1965). Curé de la cathédrale de Nicolet (26 mai 1965 au 18 janvier 1975). Vicaire forain du Vicariat de Nicolet, no 4, le 3 août 1965. Curé de Princeville depuis le 18 janvier 1975.

______________________________________________________________________________

St-Norbert-d'Arthabaska  (P.69 journal union)

La paroisse de St-Norbert-d'Arthabaska, comprenant une partie des cantons d'Arthabaska, de Chester et d'Halifax fut érigée canoniquement par Mgr Cooke, évêque des Trois-Rivières, le 18 avril 1855. Son érection civile date du 19 janvier 1860.

Dans les premiers temps des Bois-Francs, la paroisse de St-Norbert était désignée par le seul nom «d'Arthabaska». Selon M. P.-G. Roy, le mot Arthabaska tirerait son origine du cri «Ayabaskaw», il y a des joncs ou du foin ça et là. Les Cris de la forêt prononcent: Arabaskaw.

Les premiers colons

Le fondateur de la paroisse de St-Norbert-d'Arthabaska est tout probablement M. Pierre Landry, dit Bercase, de St-Grégoire-de-Nicolet. Il quitta sa paroisse natale vers 1835, pour venir s'établir dans les Bois-Francs.

M.Pierre Landry-Bercase, alors âgé d'environ 27 ans, s'établit en premier lieu sur le 5e lot du 12e rang de Stanfold, non loin de son beau-frère, Édouard Leclerc. Vers 1840, M. Pierre Landry-Bercase alla se fixer sur le 4e lot du lie rang d'Arthabaska, près du canton de Stanfold. C'est sur cette terre que serpente le petit ruisseau appelé «Ruisseau Bercase».

Sur ses vieux jours, M. P. Landry-Bercase, voulant se rapprocher de l'église de St-Norbert, vint se fixer sur le lot numéro 3 du 11e rang. C'est là qu'il finit ses jours le 11 octobre 1891, âgé de 83 ans, comme il est mentionné dans l'extrait des registres de la paroisse.

Extrait du registre des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de St-Norbert-d'Arthabaska, pour l'année mil huit cent quatre-vingt-onze et suivantes:

«Le treize octobre mil huit cent quatre-vingt-onze, nous prêtre soussigné, avons inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de Pierre Landry, décédé l'avant-veille, à l'âge de quatre-vingt-trois ans, époux de défunte Oville Gaudet, de cette paroisse. Présents: Édouard Savoie et Onésime Henri, cultivateurs de cette paroisse, lesquels n'ont pu signer, lecture faite.

________________________________________________________________________

Curé fondateur: (Victoriaville)

M. le chanoine ALCIDE PELLERIN (P.85)

Né à Princeville, le 22 septembre 1880, de Joseph Pellerin, cultivateur, et de Marie Girouard. Etudes classiques (1895-1902) et théologiques au Séminaire de Nicolet. Ordonné le 15 juillet 1906 dans l'église de Princeville par Son Exc. Mgr Hermann Brunault, évêque de Nicolet. Au Séminaire: assistant-professeur en Rhétorique (1903-1904), professeur de Troisième (1904-1907), professeur de physique, chimie et astronomie (1907-1911); étudiant à l'Angélique, à Rome (1911-1913); docteur en théologie (1913); au Séminaire de Nicolet; professeur de théologie et philosophie morale (1913-1928); principal de l'Ecole normale de Nicolet le 1er mars 1928 tout en continuant à enseigner la théologie morale au Séminaire jusqu'en 1930; Chanoine titulaire théologal le 1er janvier 1934; curé fondateur de la paroisse Sts-Martyrs-Canadiens de Victoriaville-(1939-1952) Vicaire forain le 29 avril 1947. Laisse la cure et se retire à la Fraternité Sacerdotale à La-Pointe-du-Lac le 23 avril 1951. Décédé dans cette communauté le 17 avril 1954. Inhumé dans le cimetière du Grand Séminaire de Nicolet.

___________________________________________________________________________

M. LOUIS-ÉDOUARD PACAUD (P.102)

M. Cannon, au cours de son étude sur la vie de Sir Wilfrid Laurier, a fait allusion à une conférence donnée par celui-ci, à Québec, en 1897, intitulée:

«LOUIS-ÉDOUARD PACAUD, PREMIER AVOCAT DES BOIS-FRANCS» Voici un résumé de cette conférence.

«M. Édouard Pacaud fut le premier avocat de cette partie de la province de Québec qu'on appelle «Les Bois-Francs».

«Comme avocat, c'était un travailleur, un consciencieux disciple de Thémis. Lorsqu'il avait pris en mains la cause d'un client, il la défendait envers et contre tous, allant jusqu'à soutenir, souvent avec succès, des théories assez hasardeuses. C'était un brillant orateur.

«Comme citoyen, c'était un patriote et un homme de coeur. On ne connaissait pas de limites à sa générosité et à son esprit d'hospitalité. Sa résidence, tous les soirs, était le rendez-vous de l'élite de la société d'Arthabaska. On se réunissait chez lui pour jouir du charme de sa conversation et de ses causeries toujours spirituelles.

«Comme politicien, c'était un orateur de haute volée, de grande envergure. Il a été deux fois candidat pour la législature. Il était battu la première fois par une majorité de 30 voix, et la deuxième fois il avait à lutter contre un adversaire qui était l'un de ses amis politiques, C. Télesphore Fournier. Cette lutte, pour ainsi dire fratricide, avait malheureusement pour résultat la division des amis du parti libéral, et par conséquent l'élection de leur commun adversaire.

«Appelé au Conseil législatif en 1888, il ne put faire qu'une session, et conséquemment ne put donner la mesure de ses capacités exceptionnelles, de ses rares dispositions naturelles, à cause de la funeste maladie qui le minait déjà et qui finit par le conduire au tombeau.

«Si Édouard Pacaud eût été appelé au Conseil législatif une dizaine d'années plus tôt, c'est-à-dire à l'époque où il était dans toute sa vigueur, la ville de Québec se serait précipitée dans les salles d'ordinaire si tranquilles, si calmes, si paisibles du Conseil législatif, pour aller l'entendre.

«C'était un esprit jovial, un gai compagnon, et cette jovialité, cette gaieté naturelle ne l'ont pas quitté un seul instant.

«Pendant qu'il était cloué sur son lit par la maladie douloureuse qui a fini par lui être fatale, j'allai le voir bien souvent.

«Un jour, il me tend la main en disant: «Mon cher Laurier, je ne pourrai plus m'occuper de chasse et de pêche».

«Il plaidait un jour dans une cause contre la Corporation du comté d'Arthabaska. Il soutenait que la corporation était responsable des actes de son secrétaire-trésorier. A l'appui de ses prétentions, il donna un argument d'une originalité assez piquante. Le voici:

«Notre Seigneur, dit-il, étant interrogé un jour par les Pharisiens, prit une pièce de monnaie et, leur montrant l'effigie de César, leur dit: Remettez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu. Prenez ce document-ci, dit-il, n'y voyez-vous pas le sceau de la Corporation du comté d'Arthabaska? Cela signifie que vous devez rendre à la Corporation du comté d'Arthabaska ce qui appartient à la Corporation du comté d'Arthabaska».

L'honorable Édouard Pacaud fut un bienfaiteur insigne de l'église de St-Christophe. Il fit don du maître-autel.

L'honorable Louis-Édouard Pacaud était né à Batiscan, le 19 janvier 1815. II était le fils de Joseph Pacaud, négociant, et de Angélique Braun. Il décéda à Arthabaska le 28 novembre 1889. II avait été nommé conseiller législatif pour la division de Kennebec, en 1888.

M. ÉDOUARD RICHARD (p.103)

 Avocat _ Édouard Richard était le fils de l'honorable Louis Richard, conseiller législatif pour la division de Kennebec et de Hermine Prince.

Dans une lettre adressée à M. Placide Gaudet, d'Ottawa, en date du 19 avril 1896, Édouard Richard raconte sa vie de 1848 à 1896:

«Je suis né à Stanfold, le 14 mars 1844.

«Je fis mon cours classique au Collège de Nicolet et mon cours de droit à Laval pour deux ans, et à McGill pour une année.

«Après mon cours, je fis un séjour de huit mois à Paris (1867), après quoi je vins me fixer à Arthabaskaville.

«Trois mois plus tard, l'excès d'étude donna lieu à une congestion cérébrale, bientôt suivie par la dysepsie, la maladie du foie, etc., etc.

«J'avais tout lieu d'espérer une belle carrière, elle fut brisée du coup, car pendant vingt-trois ans il me fut impossible de lire un seul volume. C'est à peine si je pouvais lire cinq minutes à la fois, et toujours avec beaucoup de fatigue.

«Tout de même, en avril 1868, je fus reçu avocat, et entrai peu de temps après en société. avec M. Laurier, qui pratiquait à Arthabaskaville depuis environ un an, en société avec M. Eugène Crépeau.

«De fait, la société ne fut jamais que nominale.

«Ma maladie étant alors toute récente, nous espérions qu'avec quelques mois de repos rien n'y paraîtrait, et alors la société deviendrait réelle. Il n'en fut rien; tout de même, je restai nominalement son associé durant sept ans.

«M. Laurier n'ayant pas d'enfants resta pendant dix ans en pension avec moi chez un de mes oncles, le Dr Poisson.

 «En 1872, malgré mon défaut de santé, je fus élu pour le comté voisin (Mégantic). De nouveau en 1874, et refusai une élection par acclamation en 1878.

«L'économie politique était ma meilleure spécialité et avec l'an-tour du travail qui me possédait, j'aurais pu espérer une belle carrière dans la politique.

«La persistance de la maladie me fit voir que je n'avais rien à espérer de ce côté, et je partis pour Winnipeg en 1878. Je fut nommé peu de temps après shérif des Territoires et allai résider à Battleford.

«En 1881 Régina devint la capitale du Nord-Ouest, mais comme il fallait attendre l'arrivée du chemin de fer pour se procurer les matériaux de construction, j'obtins de demeurer à Winnipeg en attendant.

«Pour occuper mon temps, je me livrai à la spéculation des terrains. Mes succès furent tels que neuf mois après je valais environ $250,000. Sur ces entrefaites, je tombai gravement malade et restai alité pendant quatre ans.

«La santé ou plutôt un peu de santé me revint, mais alors j'étais financièrement ruiné, sans position et incapable de tenir bureau.

«En 1891 ma santé devint meilleure. Je m'empressai de lire Rameau, Casgrain, Parkman, Le Canada-Français. Ces lectures firent sur moi une impression profonde, si profonde que dès lors je songeai à écrire quelque chose. Je ne croyais pas qu'il me fût possible de rien ajouter aux travaux de Rameau et de Casgrain. D'ailleurs ma santé était encore un obstacle sérieux et je n'avais pas les ressources nécessaires pour consacrer deux ou trois années en recherches à Lon­dres, Halifax, Boston et ailleurs.

«J'étais convaincu que Parkman avait faussé l'histoire et je brûlais du désir de mettre sous les yeux du peuple anglais et américain le fruit des travaux de Rameau et de Casgrain et en même temps les pichonneries de Parkman. Je songeai bien à écrire dans les Revues américaines, mais je ne croyais pas être assez maître de l'anglais pour cela.

 «J'en étais là de mes décisions, quand un article de l'historien Stevens Pierce Hamilton, publié dans le Week de Toronto, me fit prendre la plume pour lui répondre. (Voir note page 179, Vol. 1 Acadie, version anglaise; et note 10, Vol. 1, page 280, version française).

«J'écrivis d'abord en anglais, mais comme ma plume glissait trop lentement, je continuai en français. Les pages s'ajoutaient aux pages et bientôt je vis clairement que j'avais trop de matière pour un article ou même pour une série d'articles.

«A tout instant j'étais arrêté par le besoin de références. Il fallait voir et lire Murdoch, Hannay, le volume des Archives Smith, etc., etc. Où prendre cela? J'écrivais à Halifax. Impossible de me procurer là le volume des Ar­chives (compilé par Akins). Je le trouvai enfin à la bibliothèque du Parlement du Manitoba. Je trouvai aussi l'adresse de Smith et j'achetai de lui son ouvrage.

«Enfin je parvins à me procurer à peu près l'essentiel à Québec et à Ottawa, où j'allai dans ce but.

«Arrivé à ce point, je comptais tout renfermer dans une brochure de deux cents pages que je traduirais moi-même ou que je ferais traduire. Bientôt cependant les deux cents pages furent dépassées, avec le résultat final que vous connaissez.

«Mettant de côté les trois mois de mon voyage à Québec, la première ébauche, y compris la refonte complète du premier volume, n'a occupé que quinze mois de mon temps, mais j'ai dû donner une année additionnelle à la correction des détails.

«La traduction était pour moi un obstacle formidable. II est si difficile de trouver un bon traducteur! Et sans une excellente traduction je ne pouvais espérer aucun succès. Heureusement, cette difficulté a été résolue à ma plus en­tière satisfaction.

«Le Père Drummond, professeur au collège des Jésuites de St-Boniface, à qui je lus une partie de mon manuscrit; s'offrit à traduire l'ouvrage. Je ne pouvais mieux tomber: ce monsieur, dont la mère était canadienne-française; possède à fond les deux langues, et il est en même temps un des hommes les plus érudits et un des meilleurs littérateurs de l'Amérique. Sa bête noire était Parkman et, dans )es conférences publiques qu'il donnait de temps à autres à Montréal, à Winnipeg et aux Etats-Unis, il ne manquait jamais de lui décrocher ses traits les plus acérés.

«Il s'est tellement identifié avec mon ouvrage, il y porta un tel intérêt, que nous en parlions toujours entre nous comme notre ouvrage. Cependant, la traduction est tout à fait littérale; il ne s'est permis aucun changement, aucune addition si ce n'est l'alinéa au bas de la page 170, vol. II, (édition américaine). Craignant que sa qualité de Jésuite pût soulever les préjugés de mes lecteurs, il a préféré garder l'incognito comme traducteur».

Édouard Richard composa son ouvrage sur l'Acadie en français et la publia en anglais. Son cousin, l'abbé Henri d'Arles, vient (1921) d'en publier une édition française fort remarquable.

«Acadia», par Édouard Richard, est un factum logique et serré contre Parkman, Harvey et quelques autres historiens qui avaient tenté d'attribuer à la mauvaise con­duite des Acadiens leur persécution par le gouvernement Lawrence.

Descendant lui-même des persécutés de 1755, M. Richard a consacré plusieurs années de sa vie à étudier cette brûlante question afin de rétablir les faits et de bien placer leurs responsabilités.

Dans un style vigoureux et catégorique, l'auteur a dévoilé les fraudes des écrivains peu scrupuleux ou mal renseignés et a flagellé justement la canaille qui a dévasté les hameaux français de la Baie Ste-Marie.

Ce livre est un monument impérissable à la mémoire de M. Richard.

En 1897, Édouard Richard fut nommé, par le cabinet fédéral, archiviste canadien auprès du gouvernement français.

Il demeura à Paris jusqu'en 1903.

Pendant son séjour à Paris, Édouard Richard fit une revision très élaborée de nos archives. Il compila un grand nombre de documents et en fit deux volumes, qui sont une mine des plus précieuses pour l'histoire du Canada, sous l'ancien régime.

Édouard Richard était un homme de caractère affable et sympathique. C'était un penseur, un philosophe et une intelligence supérieure. Sa santé n'a pas toujours été très bonne, ce qui avait beaucoup attristé son état d'âme.

En décembre 1901, il écrivait de Paris à l'un de ses amis de Montréal: «D'ailleurs, ma vie est toujours la même, triste et monotone; je vis dans cette belle et charmante ville que vous aimez comme si j'habitais dans les déserts du Nord­Ouest». I1 aimait ces déserts avec leur grande nature et leur vivifiant climat. Il fallait â cet esprit d'élite de l'espace pour satisfaire ses penchants de philosophe. Et c'est peut-être avec un pressentiment de sa fin qu'il s'y est rendu, un an avant sa mort.

Édouard Richard était docteur ès-lettres de l'Université Laval et membre de la Société Royale du Canada.

Il mourut à Battleford, Saskatchewan, en mars 1904.

_______________________________________________________________________

 M. le Shérif JOSEPH-AUGUSTE QUESNEL (p.104 journal union)

Joseph-Auguste Quesnel, premier shérif du district d'Arthabaska, naquit à St-Jean-d'Iberville, le 24 mai 1829. Le 25 mai 1850, il épousa, à Bécancour, sa cousine, Marie-Mélanie Quesnel, décédée à Arthabaska, le 26 mai 1879. Après son mariage, M. Quesnel s'établit d'abord à Stanfold, puis à Warwick et à Arthabaska.

En 1858, il fut nommé shérif, charge qu'il occupa .jusqu'en 1887. D'une intelligence remarquable, sans autre professeur que celle qu'il avait choisie pour compagne, il se fit une instruction solide. Il prit une part active et prépondérante à toutes les luttes  politiques dont le comté d'Arthabaska a été le théâtre à cette époque. Il parut fréquemment sur les hustings, où sa parole ardente souleva plus d'un orage.

Devenu possesseur d'une fortune considérable, il fut généreux et charitable et prodigua largement son argent en bonnes oeuvres. C'est certainement à lui que revient l'honneur et le mérite de la pensée d'avoir à Arthabaska un Hôtel-Dieu tenu par les Hospitalières de St-Joseph de Montréal: C'est sous son toit qu'elles reçurent l'hospitalité.

De 1884 à l'automne 1885, les Soeurs logèrent dans la maison occupée par M. Auguste Quesnel. A l'automne de 1885, elles entrèrent dans la maison même du shérif. Cette maison avait été construite vers 1848, par M. F.-Xavier Beaudet. En 1858, M. Quesnel l'acheta, la fit éloigner du chemin et lambrisser en briques. Les Soeurs l'occupèrent jusqu'à leur entrée dans le véritable Hôtel-Dieu, ce qui eut lieu dans le cours de 1886.

Par un décret en date du 22 août 1884, Mgr Laflèche, évêque des Trois-Rivières, avait érigé canoniquement l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska.

La première supérieure fut la très révérende Mère Pagé, de 1884 à 1890.

Ici, comme en maints endroits, les opinions sont partagées au sujet du titre de fondateur de cette maison. Les uns proclament M. Quesnel le fondateur, d'autres sont pour la négative.

Par une étude attentive des pièces justificatives, on parviendra sans doute à faire la lumière sur ce point assez important de l'histoire de l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska.

M. Quesnel vécut à Arthabaska jusqu'au 15 septembre 1889, jour où il partit pour l'Hôtel-Dieu de Montréal.

 

Depuis quelques années, les déboires, les malheurs ne l'avaient pas épargné.

Bien que le sentiment religieux lui fît supporter avec calme les épreuves que Dieu lui envoyait, sa constitution était vraiment ébranlée. Si l'ardeur de ses convictions et l'extrême franchise de son caractère ont pu lui susciter quelques inimitiés, son coeur généreux, par contre, lui attira des amis qui lui sont restés fidèles et qui savent ce qu'il a souffert. Encore fut-il, avec eux, d'une discrétion admirable et montra-t-il une résignation qu'il n'a puisée que dans sa foi sincère et robuste.

Quelques jours après son arrivée à Montréal, M. Quesnel rendait son âme à Dieu, le 24 septembre 1889.

Sa dépouille mortelle fut transportée à Arthabaska et inhumée dans l'église paroissiale, le 3t) septembre, près des cendres de son épouse.

M. Quesnel était allié aux familles Cherrier et Coursol, de Montréal.

__________________________________________________________________________

FAMILLE HEON-YVON  (P.105)

La famille Héon est d'origine acadienne, Charles Héon, époux de Madeleine Labauve, arriva à l'automne de 1757 à Québec, où il hiverna et y enterra sa grand-mère, Marguerite Bourgeois, en janvier 1758. Il se fixa d'abord à Champlain. Après un séjour de quelques années, Charles Héon laissa Champlain et vint s'établir au Lac St-Paul, à Bécancour. Ce Charles Héon; fils de Charles et de Anne Clémenceau, petit-fils de Charles Héon et de Marguerite Bourgeois, est l'ancêtre des Héon de Bécancour, de St-Grégoire et des Bois-Francs.

Raymond Héon, fils de Charles et de Madeleine Labauve, né en Acadie, probablement à Beauséjour, vers 1754; arrivé à Québec en 1757, âgé de 3 à 4 ans; sépulture à Bécancour, le 17 septembre 1812, âgé de 58 ans; il fut navigateur et marchand; marié à Bécancour, le 26 février 1797, à Marie-Soulanges Richard, fille de Joseph et de Marie-Anne Boucher, baptisée le 10 mars 1776. En secondes noces, elle épousa, à Bécancour, le 29 juillet 1822, Charles Michel, veuf de Marie Champoux-dit-Semper, de Gentilly.

Charles Héon (Yvon), fils de Charles et de Anne Clémenceau, né à Bécancour, Acadie, en 1727; sépulture à Bécancour le 16 juin 1807, âgé de 80 ans. Arrivé à Québec à l'automne de 1757, et à Champlain, en 1758, où il réside quelques -années; enfin fixé au Lac St-Paul, Bécancour. Vers 1752, à Beauséjour, Acadie, il avait épousé Madeleine Labauve. Charles Héon fut longtemps maître-chantre à Bécancour.

cour.

Charles Héon, fils de Charles et de Marguerite Bourgeois, se maria à l'Acadie, vers 1726, à Anne Clémenceau. Charles Héon, décédé probablement en Acadie, avant la disparition. Il épousa Marguerite Bourgeois, laquelle décéda à Québec, en janvier 1758, âgée de 70 ans.

CHARLES HEON

Premier colon des Bois-Francs (les Rois Francs. Fondateur de St-Louis-de-Blandford, en 1825

Charles Héon, fils de Raymond et de Marie Soulanges Richard, baptisé à Bécancour, lé 20 mars 1799; sépulture à St-Louis-de-Blandford, le 16 mai 1882; marié à Bécancour, le 16 février 1821, à Louise Cormier (fille de Joseph Cormier dit-Thibier et de Marie-Louise Levasseur), baptisée à Bécancour le 13 mai 1803; sépulture à St-Louis-de-Blandford, le 23 septembre 1864.

Les enfants nés du mariage de Charles Héon et Louise Cormier furent au nombre de 10. Trois garçons: Jules, Charles et Victor; sept filles: Odélie, Pauline (Paulée), Julie, Sophie, Célina, Anny, Marie. Odélie, née à Bécancour en 1822, mourut quelques années après son arrivée dans les Bois-Francs. Pauline (Paulée), née à Bécancour en 1824, épousa Olivier Desrochers.

Julie Héon, née dans le canton de Blandford, le 13 mai 1826, et baptisée à  Bécancour, le 25 décembre suivant, est la première enfant d'origine canadienne-française née sur le territoire des Bois-Francs. Elle avait été ondoyée par Char­les Thibodeau. Julie Héon mourut dans sa paroisse natale le 5 juillet 1897. Elle était célibataire.

Sophie épousa Livain Carignan.

 Célina épousa Benjamin Marchand.

 Annye épousa Antoine Ephrem Bruneau.

Marie épousa Cléophas Prince.

Jules Héon, fils de Charles Héon et de Louise Cormier, vint au monde dans le canton de Blandford, le 16 décembre 1832, et y fut baptisé le surlendemain, par M. Michel Carrier, curé de Gentilly, chargé dé la mission de la rivière Bécancour.

Le 2 juillet 1855, il épousa, à St-Louis, Eulalie Bernard, fille de Guillaume Bernard, meunier, et de Archange Picard Des Trois-Maisons. Eulalie Bernard mourut à St-Louis, le 27 mars 1870, âgée de 34 ans. En secondes noces, Jules Héon épousa, à St-Louis, Euphémie Bergeron, fille de David Bergeron; marchand, et de Marie-Adélaïde Beaufort-Brunel.

Jules Héon est décédé à St-Louis, le 10 septembre 1901. Il avait hérité de la moitié-sud de la terre de son père. Après la mort de son mari, Euphémie Bergeron émigra aux Etats-Unis, avec sa famille, où elle mourut. La terre de Jules Héon appartient aujourd'hui (1925) à Philippe Héon, fils de Charles.

Charles Héon, fils de Charles et de Louise Cormier, naquit dans le canton de Blandford, le 7 janvier 1835, et y fut baptisé le 12 février suivant. En premières noces, Charles Héon épousa, à St-Grégoire, le 2 juillet 1856, Marie-Philo­mène Prince, fille de Hubert Prince et de Marie Gaudet. Marie-Philomène Prince mourut à St-Louis, le 16 avril 1866, âgée de 28 ans.

En deuxième noces, Charles Héon se maria, à Ste-Gertrude, le 13 octobre 1868, à Phidéline Mailhot, baptisée à Bécancour, le 28 avril 1848, fille de Moïse Mailhot et de Edile Cormier. Phidéline Mailhot mourut à St-Louis, le 6 janvier 1871, âgée de 22 ans.

En troisième noces, Charles Héon épousa, à Ste-Gertrude, le 16 janvier 1872, Éléonore Genest, fille de François Genest et Adéline Perron.

Charles Héon mourut à St-Louis, le 20 janvier 1911. Il avait hérité de la partie nord de la terre de son père, qu'il légua à son fils, Philippe.

Éléonore Genest est décédée le 13 juin 1898, âgée de 60 ans.

Victor Héon, frère des deux précédents, naquit dans le canton de Blandford, le 20 novembre 1843, et y fut baptisé le 11 du mois suivant. Le 9 janvier 1865, il épousa, à St-Louis, " Luce Tourigny, fille de- Louis Tourigny et de Marguerite Bourbeau-Verville.

Victor Héon mourut à St-Louis le 1er octobre 1884.

Luce Tourigny épousa, en secondes noces, Napoléon Genest. Elle est décédée en 1922, dans le Minnesota.

Philippe Héon, fils de Charles Héon et de Marie-Philomène Prince, naquit à St-Louis le 6 avril 1862. Le 22 août 1886, il épousa, à St-Louis, Marié Rheault, fille de David Rheault et de Rosalie Michel.

Marie Rheault décéda à St-Louis, le 6 février 1897, âgée de 36 ans. En secondes noces, Philippe Héon épousa, à St-Louis, le 3 octobre 1898, Rose-Anna Vézina, fille d'Édouard Vézina et de Caroline Tourigny. Rose-Anna Vézina fut inhumée à St-Louis-de-Blandford, le 30 octobre 1920, âgée de 50 ans.

Philippe Héon est décédé le 12 janvier 1929, à St-Louis-de-Blandford.

Joseph-Marie-Albert-Ulric Héon, fils de Philippe Héon et de Rose-Anna Vézina, né et baptisé à St-Louis-de-Blandford, le 16 juillet 1899. Le 30 mai 1921, il épousa, à St-Louis-deBlandford, Eva Houle, fille de Gédéon Houle et de Delphine Héli.

Marie-Berthe-Delphine Héon, fille de Ulric Héon et de Eva Houle, fut baptisée à St-Louis-de-Blandford, le 21 mars 1922. 1922.

Enfants de Philippe Héon, nés à St-Louis (P.106)

Ulric Héon, né le 16 juillet 1899; marié en 1ères noces à Eva Houle; en secondes noces à Juliette Brodeur-Chevrette; enfant: Berthe Héon, mariée à Henri Tremblay.

Adrien Héon, né le 21 avril 1901; décédé le 4 mars 1965; marié à Reina Mathieu. Enfants: Marcelle Héon, mariée à Camil Blouin; enfants: Raymond Blouin et Chantal Blouin. Cécile Héon, mariée à Gratien Héroux. Jean-Charles Héon marié à Madeleine Héroux; enfants: Johanne, Francine et Line Héon. (Jean-Charles Héon demeure sur la terre du fondateur, Charles Héon). Paul-Emile Héon marié à Liliane Raymond; enfants; Danielle, Carole, Gilles et Guylaine Héon. Soeur Jeannette Héon, Soeurs Adoratrices du P. Sang. Pierrette Héon.

Louis-Arthur Héon, né le 7 juillet 1902; marié à Victoriaville, le 8 septembre 1924, à Angéline Lambert, fille de Ephrem Lambert et Léda Spénard; en secondes noces, il épousa Marguerite Gaboury, de Miami Floride. L.-Arthur Héon est décédé en Floride et inhumé à Victoriaville, le 26 novembre 1961; Marguerite Gaboury est décédé à Miami; Floride, en janvier 1966; enfant: Marie Héon.

Charles-Édouard Héon, né le 22 octobre 1903; décédé le 29 mars 1930.

Lucien Héon, né le 31 mars 1905; marié à Emilia Bazin le 3 septembre 1928; en secondes noces à Lucie Carignan, fille de Achille Carignan et Emélie Boisvert, de Princeville, le 30 décembre 1940. Issues de ce mariage; Lyse, qui épousa André Létarte, à Québec, le 26 août 1967; Nicole, qui épousa Michel Francoeur, à Québec, le 21 juin 1969; et Denise, qui a épousé Larry Genest. Lucien Héon est décédé à Québec, le 10 juillet 1969, et inhumé à St-Louis-de-Blandford.

Lucienne Héon (jumelle avec Lucien) né lé 31 mars 1905; mariée le 9 mai 1928, à Lucien St-Pierre; enfant: Jeannine St-Pierre, mariée à Roméo Morin.

Athanase Héon, né le 2 mai 1906; marié à Victoriaville le 25 août 1930, à Jeanne Bergeron, fille de Alfred Bergeron et Exilia Boisvert; enfants: Françoise Héon mariée à Willie Dunn; Huguette Héon et Jean-Guy Héon marié à Denise Brunet. Athanase Héon est décédé à Trois-Rivières le 21 avril 1955 et Jeanne Bergeron est décédée à Montréal le 16 novembre 1957.

Armand Héon, né le 27 mars 1912; marié à Denise Laflamme; enfants: Jean-Claude, marié à Michelle Gauthier; Normand, marié à Thérèse Rouleau; Daniel, marié à Denise Gauthier; Jacqueline Héon; Lise Héon, mariée à Jean-Claude Menzerol; Pauline Héon, mariée à Yves Arseneault.

 

Descendants du Seigneur François Poisson (p.467 tome 2 Alcide Fleury)

François-Xavier Poisson, fils de Joseph et d'Arline Pellerin, marié à Stanfold  , le 29 janvier 1920, à Marie-Arline Morin, fille de François et de Desneiges Gagnon.

Joseph Poisson, fils de Joseph et de Adélaide Leclerc, baptisé à Saint-Norbert, le 20 décembre 1845, sépulture à Stanfold, le 28 janvier 1867; marié à Stanfold le 24 février 1868, à Arline Pellerin, fille de Joseph et d'Angélique e Houle, actuellement résidente à Stanfold, âgée de 71 ans. (1921) Père et mère du Frère Désiré, des Frères du Sacré-Coeur d'Arthabaska, du frère Joseph, dominicain, à Lewiston, de la soeur Sainte-Rita, du Bon Pasteur, à Ottawa.

Joseph Poisson, fils de Joseph et de Louise Marchand, baptisé en 181 ; sépulture à Sainte-Elisabeth-de-Warwick, le 26 juin 1895, âgé de 77 ans; marié à Saint-Norbert, le 7 janvier 1845, à Adélaide Leclerc, fille d'Antoine et de Marie Poirier-Doiron, baptisée en 1819 ; inhumée à Sainte-Elisabeth-de-Warwick, le 27 décembre 1906, âgée de 87 ans.

Descendants du Seigneur Joseph-Ignace Poisson (p.470 tome 2 Alcide Fleury)

Augustin Poisson,  fils d'Augustin et de Marguerite Michel, baptisé à Gentilly, en 1818, décédé à Stanfold, le 11 mars 1899, âgé de 87 ans; marié à Gentilly (résidant à Stanfold), le 22 juillet 1839, à Olive Tourigny, fille de François et de Marie-Louise Deshayes, de Blandford, inhumée à Stanfold, le 15 avril 1895, âgée de 77 ans.

Père et mère de Louis Poisson, huissier, marié à Stanfold, le ler septembre 1868, à Louise Marchand, fille d'Amable et d'Euphémie Lefebvre.

Clovis Poisson, baptisé à Somerset, le 12 novembre 1843, inhumé à Stanfold, le 10 mai 1873; marié à Stanfold, le 8 janvier 1866, à Marie-Adèle Darais, fille d'Elzéar et de Desneiges Verville.

Alphonse Poisson, baptisé à Stanfold, le 31 janvier 1852.

Ludger Poissan, baptisé à Stanfold, le 27 octobre 1856.

Joseph-Moïse-Médéric Poisson, tanneur, baptisé à Stanfold, le ler novembre 1859;

marié à Stanfold, le 9 mai 1882, à Anny Fenton, fille des John et de Marguerite Spellmen, de Montréal.

Augustin Poisson, fiorgeran, fils de Joseph-Pierre et de Marguerite Normandeau-Deslauriers, baptisé à Gentilly, le 19 avril 1735; inhumé à Stanfold, le 18 mai 1871. âgé de 86 ans; marié en premières noces à Gentilly, le 15 septembre 1812, à Marguerite Michel, veuve de Pierre Pépin, décédée à Stanfold et inhumée à Somerset, le 20

 

URGEL MEDERIC POISSON, (p.472 tome 2 Alcide Fleury)

PREMIER MEDECIN DE STANFOLD, EN 1848

Urgel-Médéric Poisson, fils de Modeste et de Marie-Madeleine Peltier, né à l'Assomption on en 1824; marié à Saint-Grégoire-de-Nicolet, le 19 janvier 1852, à Marie-Anne Prince, baptisée à Saint-Grégoire, le 26 mars 1831, fille de François et de Henriette Doucet. En 1859, le docteur Urgel-Médéric Poisson fut nommé coroner et vint demeurer à Arthabaska, où il mourut en 1877, âgé de 53 ans. En secondes noces, la veuve Urgel-Médéric Poisson, Marie-Anne Prince, épousa, le 24 septembre 1879, à Saint-Maurice-de-Champlain, le docteur Henri Lemaire-Saint-Germain, de Saint-Hyacinthe.

Dame veuve Henri Lemaire-Saint-Germain résidait à l'Hôtel-Dieu de Nicolet, en 1921, et était âgée de 90 ans.

 

 

Descendants du Seigneur Alexis Poisson (p.473 tome 2 Alcide Fleury)

Louis-René Poisson, menuisier, résidant à Warwick dès 1867, fils d'Alexis et de Olive Mailhot, baptisé à Gentilly, le 25 juin 1839; Stanfold, le 3 juillet 1867, marié à 67, à Georgianna Richer, fille de Modeste et de Mathilde Beaubien, de Stanfold.

____________________________________________________________________________

FAMILLE LECLERC (P.106)

La famille Leclerc est d'origine française.

Édouard Leclerc, fondateur de Stanfold, où il arriva en 1832, âgé de 22 ans, et se fixa sur les lots 5f  et 6a du 12e rang, près de la rivière Nicolet. II était accompagné de François Pellerin et de Narcisse Béliveau.

Édouard Leclerc, fils de Antoine et de Marie Poirier-dit-Douairon, baptisé à Nicolet le 23 août 1810; sépulture à Stanfold, le 28 mars 1878; marié en premières noces à Gentilly, le 8 avril 1839, -à Marie-Zoé Landry-dit-Bercase, (fille de Joseph et de Madeleine Vigneault, de Stanfold), baptisée à St-Grégoire le 8 mai 1817; sépulture à Saint-Norbert, le 27 juin 1847; en secondes noces, il épouse, à Saint-Norbert, le 6 mars 1848, Olivine Poisson, fille de Joseph et de Louise Marchand.

Antoine Leclerc, fils de Antoine Leclerc (Clair) et de Elisabeth Marguerite Noël, baptisé aux Trois-Rivières, le 20 septembre 1779; sépulture le 23 septembre 1853 à Stanfold, où il résidait dès 1838; marié à Nicolet, le 11 janvier 1808, à Marie-Anne Poirier-dit-Douairon ( fille de Pierre et de Marie-Rose Bergeron). Elle mourut avant le mariage de son fils Édouard.

Antoine Leclerc (Leclaire-Clair), "fils de Michel et de Antoinette Sauvage, baptisé aux Trois-Rivières, le 5 juillet 1752; sépulture à Nicolet le 20 janvier 1833; marié aux Trois-Rivières, le 10 novembre 1778, à Elisabeth Noël, domiciliée aux Trois-Rivières, (fille de Joseph et de Madeleine Bilodeau, de l'Ile d'Orléans); baptisée à St-Pierre, lie d'Orléans, le 24 février 1754; sépulture à Nicolet, le 27 décembre 1829. Elisabeth Noël était la soeur de Madeleine Noël, seconde femme de Michel Leclerc, père d'Antoine.

Michel Leclerc, fils de Jean-Baptiste et de Marguerite Pépin, baptisé aux Trois-Rivières le 21 mars 1725; marié en premières noces aux Trois-Rivières le 19 avril 1751, à Antoinette Sauvage (fille de François et de Françoise Mouët), baptisée aux Trois-Rivières le 6 avril 1726; en secondes noces, Michel Leclerc épouse aux Trois-Rivières, le 5 février 1770, Madeleine Noël, (fille de Joseph et de Madeleine Bilodeau, de Verchères) baptisée à St-Pierre, Ile d'Orléans, le 26 août 1752.

Jean-Baptiste Leclerc, fils de Robert et de Marie Jallais, baptisé à Québec, le 23 août 1681; sépulture aux Trois-Rivières le 17 juin 17:39; marié aux Trois-Rivières, le tu novembre 1704 à Marguerite Pépin, (fille dc Jacques et de Marie-Jeanne Caïet), baptisée aux Trois-Rivières, le 6 février 1678.

Robert Leclerc, bourgeois, fils de Jacques et de Cécile Legrand, de St-Eloy (évêché de Rouen), baptisé en 1653, sépulture aux Trois-Rivières, le 5 juillet 173l; marié à Québec, le 9 juillet 1680, à Marie .Jallais, (veuve de Jean Lauzet), fille de Jean Jallais et de Barlhélémie Bercendie, de St-Martin, Ile-dé-Rhé, évêché de La Rochelle, France.

 

FAMILLE PELLERIN (p.106)

François Pellerin, compagnon de Édouard Leclerc, avait 16 ans quand il quitta St-Grégoire et vint s'établir sur lés lots 3-E et 4-B du 12e rang de Stanfold, en 1832.

François Pellerin, fils de Louis et de Théotiste Bergeron, baptisé à St-Grégoire le 13 octobre 1815; sépulture à Stanfold, le 24 janvier 1895; marié en premières noces, à Somerset, le 12 janvier 1841, à Marie Prince (fille de Louis et de Marie Prince); marié en secondes noces, à Stanfold. le 12 janvier 1869, à Vitaline L.adurantaye, (fille de Hilaire et de Marie Moreau) ; sépulture à Stanfold, le 5 janvier 1875; marié en troisièmes noces, à Stanfold, le 4 mai 1875, à Odile Croteau (fille de Joseph et de Thérèse Rousseau); Odile Croteau mourut à Stanfold le 7 décembre t915. Elle avait épousé en secondes noces, Albert Poisson, de St-Paul-de-Chester.

Louis Pellerin, fils de Louis-Marie et de Marie St-Onge, baptisé en 1792; sépulture à St-Grégoire le :311 juin 1871; marié le 21 novembre 1814 à Théotiste Bergeron, fille de Pierre et de Catherine Janvier de La Baie.

Louis-Marie Pellerin, fils de Pierre et de Françoise Morin, baptisé à St-Pierre-du-Sud, 1e:31 mai 1752; sépulture à St-Grégoire-de-Nicolet, lé 23 février 18:32; marié à St-Grégoire vers 1790, à Marie Saint-Onge.

Pierre Pellerin, fils de Pierre et de Marie-Ange Bélanger, baptisé vers 1710; sépulture après 1767; marié en premières noces à Geneviève des Troismaisons (fille dé Pierre et de Madeleine Blanchet) baptisée en 1716; sépulture avant 1747; marié en secondes noces à St-Pierre-du-Sud, le 14 avril 1747, à Marie-Françoise Morin (fille de Denis et de Madeleine Boulet).

Pierre Pellerin, fils de François et de Andrée Martin, baptisé en 1679, à Beaubassin (âgé de 6 ans au recensement de 1685-1686); marié au Cap St-lgnace, vers 1710, à Marie­Anne Bélanger, fille de.Jacques et de Elisabeth Thibeau.

François Pellerin, résidant à Port-Royal (Acadie), au recensement de 1671; sépulture en 1678, à Beaubassin; marié à Andrée Martin; celle-ci convola en secondes noces avec Pierre Mercier-dit-Caudelec, de la Normandie.

FAMILLE BELIVEAU (P.106)

Jean-Baptiste-Narcisse Béliveau, fondateur de St-Norbert, avait à peine 13 ans quand il laissa St-Grégoire, en compagnie d'Édouard Leclerc et de François Pellerin, pour venir se fixer sur la partie nord-ouest du 5e lot du 12e rang d'Arthabaska. II avait 13 acres de terre dans le canton de Stanfold et 62 dans le canton d'Arthabaska. C'est par erreur que Pierre Landry-dit-Bercasse, a été annoncé précédem- ment comme le fondateur de St-Norbert d'Arthabaska.

Jean-Baptiste-Narcisse Béliveau, fils de Jean-Baptiste et de Madeleine Poirier, baptisé à St-Grégoire, le 9 novembre 1818; sépulture à Holyoke, Mass., le 2 mars 1895; marié en premières noces à Esther Billy (fille d'Antoine et d'Archange Auger, du canton d'Arthabaska), baptisée à Gentilly, le 12 mars 1822; sépulture à St-Norbert le 25 juin 1854; marié en secondes noces à St-Grégoire, le :3 juin 1857, à Louise Richard (fille de François et de Angèle Bourk, de St-Grégoire).

Jean-Baptiste Béliveau, fils de Jean Béliveau et de Geneviève Morin; baptisé le ter février 1788, à Nicolet; marié à St-Grégoire le 26  janvier 1818, à Marie-Madeleine Poirier, fille de Jean-Baptiste et d'Anastasie Caron.

Jean Béliveau, fils de Jean-Baptiste et de Marguerite Melanson, baptisé vers 1755; sépulture à St-Grégoire le 5 juillet 1832, âgé d'environ 77 ans; marié à Bécancour le 7 février 1780, à Geneviève Morin, fille d'Augustin et de Judith Talbot.

Jean-Baptiste Béliveau, fils d'Antoine et de Marie 'Thériot, baptisé le 3 novembre 1713; sépulture à Nicolet le 6 juillet 1786; marié à Port-Royal, le 23 janvier 1741, à Marguerite Melanson (fille de Jean Melanson et Madeleine St-Senne), baptisée en 1716; sépulture à St-Grégoire le 12 octobre 1808.

Jean-Baptiste Béliveau et son épouse, Marguerite Melanson, furent déportés au Massachusetts.

Antoine Béliveau, fils de Jean-Antoine et de Jeanne Bourg, baptisé en 1679; marié en premières noces vers 1700, à la mère de Joseph, un des Béliveau réfugiés à St-Grégoire; marié en secondes noces, en 1702, à Marie Thériault, fille de Claude et de Marie Gautrot.

Jean-Antoine Béliveau, fils d'Antoine et d'Andrée Guyon, baptisé vers 1652; marié en premières noces, vers 1700, à Jeanne Bourg fille d'Antoine Bourg et d'Antoinette Landry, baptisée en 1653; sépulture en 1700; marié en secondes noces, vers 1702, à Cécile Melanson, (fille de Charles et de Marie Dugas, veuve d'Abraham Boudrot), baptisée vers 167 1. Jean-Antoine Béliveau et son épouse Cécile Melanson, émigrèrent à l'Ile St-Jean, en 1728. Au recensement de 1734, .lean-Antoine Béliveau est âgé de 83 ans et son épouse, Cécile Melanson, de 63 ans.

Antoine Béliveau, né en France vers 1621, émigré à l'Acadie, vers 1650; marié en France, vers 1650, à Andrée Guyon. Au recensement de Port-Royal, en 1671, son fils Jean est âgé de 19 ans.     

_________________________________________________________________________

Famille Pierre Richard (P.107)

Pierre-Antoine Richard, fils de Pierre et de Marie Thibeaudeau, né à St-Grégoire et baptisé à Nicolet, le 2 septembre 1805; sépulture à Stanfold, le 24 décembre 1895;

   marié à Gentilly, le 9 janvier 1832, à Julie Héon-dit-Raymond, fille de Raymond Héon et de Marie-Soulanges Richard. Ils n'eurent pas d'enfant. Pierre-Antoine Richard arriva à la rivière Bécancour, en 1827; en 1837 il s'établit sur une terre dans le Ne rang de Stanfold.

Vers 1843, il abandonna la culture de la terre et vint se fixer au village de Princeville. Il échangea avec M. Célestin Brunel sa propriété au dixième rang pour une maison bâtie au coin du chemin provincial et de la rue St-Jacques.

C'est là que M. Pierre Richard tint maison de pension pendant vingt-huit ans. Avant la construction du chemin de fer qui, depuis 1861, relie Victoriaville à la Ville des Trois-Rivières, M. Pierre Richard avait établi une communication au moyen d'une diligence qui faisait le service entre Stanfold et les Trois-Rivières trois fois par semaine. Plus tard, cette diligence devint quotidienne. M. Pierre Richard a eu, de plus, durant plusieurs années, le contrat de la malle, qu'il faisait transporter trois fois par semaine de Stanfold à Richmond.

Pierre Richard était un des descendants de ces valeureux Acadiens qui furent chassés de leur patrie contre toutes les lois de l'honneur et de la justice et qui, en grande partie, fondèrent là paroisse de St-Grégoire, comté de Nicolet. M. Pierre Richard a amplement prouvé dans le canton de Stanfold qu'il n'avait pas dégénéré de sa nationalité. Il était le demi-frère de Stanislas Richard (fils de Pierre Richard et de Marie Jalbert) né à la rivière Bécancour le 6 novembre 1828 et baptisé à St-Grégoire, le 1er janvier 1829; sépulture à St-Louis-de-Blandford, le 11 mai 1901; marié à Stanfold, le 11 septembre 1854,- à Desanges Desrochers. M. Stanislas Richard était le père de M. l'abbé Jules Richard, né à St-Louis-de-Blandford, le 11 juillet 1870, ordonné prêtre à Nicolet; le 19 août 1900; tué accidentellement par les chars, le 22 juin 1919, à St-Joseph-de-Blandford, où il était curé. Il fut inhumé à St-Louis-de-Blandford.

Pierre Richard, fils de Joseph et de Madeleine Richard, baptisé à Bécancour, le 26 avril 1782; sépulture à St-Louis-de-Blandford, le 23 janvier 1858, où il résidait depuis 1827; marié en premières noces, à St-Grégoire, le 21 septembre 1803, à Marie Thibeaudeau (fille de Joseph et d'Élisabeth Leblanc, d'Yamachiche), baptisée en 1782; sépulture à St-Grégoire, le 18 novembre 1818. Neuf enfants naquirent de ce mariage. Le 8 février 1820, Pierre Richard épousa, en secondes noces, Marie Jalbert, native dès Trois-Rivières, fille de Charles et de Marie Grondin. Douze enfants sont issus de ce mariage.

Joseph Richard, fils de Grégoire et de Hélène Hébert, né en Acadie, vers 1752; sépulture à St-Grégoire, le 16 novembre 1842, âgé de 90 ans. Devenu orphelin à Québec, en 1757, il arriva aux Trois-Rivières, avec sa mère, en 1758. Plus tard, il s'établit à St-Grégoire, à l'endroit alors nommé le «Portage» entre le rang du lac St-Paul et celui du village de Godefroy. Il se maria, en premières noces, aux Trois-Rivières, lé 3 jan­vier 1774, à Marie Marguerite Darois (fille de Simon et de Anne Thibeaudeau) décédée en 1780, dont il eut cinq enfants; marié en secondes noces, à Bécancour, le 19 février 1781, à Marie-Madeleine Richard (fille de Joseph et de Françoise Cormier), baptisée à Bécancour, le 7 mars 1760; sépulture à St-Grégoire le 30 juin 1839. De ce mariage naquirent douze enfants.

Grégoire Richard, fils de François et d'Anne Comeau, né en Acadie en 1722, inhumé à Québec, le 24 décembre 1757, mort de la petite vérole, à l'âge de 35 ans, marié à Hélène Hébert. Celle-ci s'est réfugiée aux Trois-Rivières, en 1757, avec ses trois enfants, et le 9 juillet 1764, elle épousa, en secondes noces, François Doucet, veuf de Jeanne Lafond, inhumée aux Trois-Rivières, le 26 novembre 1763.

François Richard, fils de Jean Richard, marchand, et de Anne Christin, originaire de la ville d'Auray, en Bretagne. François Richard arriva en Acadie vers 1710; marié en

premières noces à Port-Royal, le 29 octobre 1710, à Anne Comeau (fille de Jean et de Françoise Hébert, et veuve de Louis d'Amour d'Echaufforer, marchand), inhumée à.Port-Royal, le 7 août 1722; en, secondes noces, François Richard épousa, le 26 octobre de la même année, Marie Martin (fille de René et de Marie Menier), dont il eut trois enfants. Avec Anne Comeau il avait eu au moins six enfants.

En septembre 1727, Lawrence Armstrong, lieutenant-gouverneur d'Annapolis, notifia les habitants d'avoir à prêter le serment. Sur leur refus de le faire, à moins qu'une clause n'y fût introduite pour les exempter de prendre les armes, le gouverneur fit jeter dans les fers Charles Landry, Guillaume Bourgois, et Francis Richard, à qui avait été confié le soin de négocier avec le gouverneur pour leurs frères Acadiens. Landry était bien malade, sa femme demanda avec instances sa mise en liberté provisoire, promettant sur l'honneur de le ramener aussitôt qu'il serait rétabli. La supplique fut repoussée. (7) Ce Francis serait-il l'ancêtre de Pierre?

    (1)    Voir: Acadie, par E. Richard. Traduction par Henri D'Arles, vol. 1, page 259.

 

FAMILLE LEPRINCE-PRINCE (P.109)

La famille Le prince, assez nombreuse à l'Acadie, lors de la dispersion, semble s'être groupée particulièrement à St-Grégoire-de-Nicolet, après 1755.

Le premier Leprince qui est venu se fixer à Port-Royal nous est connu par le recensement de 1686. Il se nommait Jacques ou Nicolas, était marié à Marguerite Hébert, fille d'Étienne et de Marie Gaudet. Ils avaient alors quatre filles. Plus tard, il leur est né trois garçons, qui sont devenus les ancêtres des Leprince de Port-Royal et de ceux des Mines. Le recensement de 1714 ne fait mention que de deux Leprince, établis à Pigiquid: François, né vers 1690, marié à La Grand-Prée, le 23 mai 1712, à Catherine Benoit, fille de Martin et de Marie Chaussegros; et Antoine, né vers 1691, marié au même lieu et le même jour que son frère, François, à Anne Trahan, fille de Guillaume et de Jacqueline Benoit. François aurait marié la tante et Antoine la nièce. Ils avaient une soeur, Anne, mariée à Etienne Rivet, qui demeurait aussi à Pigiquid et, d'après le témoignage d'une des filles d'Étienne Rivet, donné à Belle-Isle, en mer, en 1767, son grand-père, Jacques Leprince et sa grand-mère, Marguerite Hébert, seraient allés mourir à Pigiquid.

Le recensement de 1714 ne donne, à Port-Royal, aucune famille Leprince. Il est probable que le vieux Jacques Leprince avait conservé sa propriété et qu'il la légua à son plus jeune fils qui s'appelait Jean, et qui a dû se marier vers 1715, à Jeanne Blanchard, veuve d'Olivier Daigle et fille de Guillaume Blanchard et de Huguette Gougeon. C'est cette dernière famille qui a fourni le plus de victimes du grand dérangement.

PIERRE PRINCE

Pierre Prince-Leprince, fils de Jean Leprince et de Rosalie Bourg, né à Saint-Grégoire et baptisé à Nicolet, le 13 janvier 1797, décédé à Ham-Nord (aujourd'hui Notre-Dame-de-Ham) le 22 février 1863 et inhumé à Stanfold, le 25 suivant. Etabli dans le canton de Stanfold, sur le territoire du village de Princeville, en 1839. II fut le troisième marchand de Stanfold. Il résida à Ham-Nord de 1855 à 1863. Marié à Bécancour, le 18 février 1822, à Marguerite Pratte, fille de Pierre et de Euphrosine Hébert. C'est en sa mémoire que le village de St-Eusèbe-de-Stanfold fut appelé, en 1856, «Village de Princeville».

En outre de Mgr Jean-Charles Prince, premier évêque de St-Hyacinthe, Pierre Prince avait trois autres frères et deux soeurs dont l'une, Marie-Rose, était la mère de Léon Thibeaudeau, de Stanfold.

Jean (le père de Jean Yany), marié à St-Grégoire, le 21 novembre 1808, à Marie-Eugénie Bergeron.

Joseph, marié aux Trois-Rivières, le 17 octobre 1815, à Julie Doucet. C'était le père de M. le Chanoine Zoël Prince, de son vivant professeur au Séminaire de St-Hyacinthe; de Édouard (père de M. Basile Prince, curé de St-Léonard, décédé le 22 janvier 1920, à Nicolet, où il fut inhumé); de Hermine, épouse de l'honorable Louis Richard; et de Esther, épouse de Athanase Beaudet.

François, marié aux Trois-Rivières, le 9 juin 1821, à Monique-Henriette Doucet. C'était le père de M. le chanoine J. Octave Prince, décédé curé de St-Maurice, le 7 janvier 1898, et de Cyrille Prince, de St-Grégoire, décédé à Woonsocket, chez son fils, M. l'abbé Achille Prince, curé de St-Louis-de-Gonzague, le 13 février 1920, à l'âge de 84 ans.

Cyrille Prince appartenait à l'une de nos meilleures familles acado-canadiennes. Avantageusement doué et possédant une solide instruction, le défunt suivait avec intérêt les principaux événements de notre vie sociale et politique. C'était un plaisir d'entendre cet aimable vieillard raconter, avec l'entrain qui lui était particulier, les réminiscences de faits nombreux dont il avait eu personnellement connaissance ou auxquels il avait participé. Il était la probité même. Plein de foi et de coeur, il personnifiait à nos yeux toutes les vertus de cette vieille gentilhommerie canadienne quia fait l'honneur de notre race.

Il a passé toute sa vie dans cette paroisse de St-Grégoire où il va dormir maintenant son dernier sommeil, près de ceux qu'il a tant aimés. Il avait épousé, en premières noces, Mlle Rouleau, soeur de M. le Dr Rouleau, de St-Grégoire, et en secondes noces, Dame Philomène Provost. De son premier mariage il laisse pour le pleurer six enfants et de nombreux petits-enfants. (1920) Il était le père de feu Antoine Prince, avocat et ancien député de l'Ouest; du révérend Père Pierre Prince, jésuite; de François Prince, marchand aux Etats-Unis; de Charles Prince, de Woonsocket, R.I.; de la révérende Soeur St-Cyrille, des Soeurs de l'Assomption de Nicolet; du révérend Frère Palasis, des Frères des Ecoles Chrétiennes; du Rév. Achille Prince, curé de St-Louis-de-Gonzague, Woonsocket, R.I., et du Dr Jean-Baptiste Prince, de Montréal.

Jean Leprince, fils de Jean et de Marie-Rose Ozitte-Leblanc, né en avril 1762, probablement à Boston; arrive à Bécancour, en 1767, âgé de cinq à six ans, tué par la chute d'un arbre et inhumé à St-Grégoire, le 5 avril 1826; marié à Bécancour, le 24 janvier 1785, à Rosalie Bourg, fille d'Antoine Bénoni et de Félicité Bourgeois.

Rosalie Bourg fut enterrée à St-Grégoire, le 23 juillet 1845, deux jours avant le sacre de son fils Jean-Charles.

Antoine-Benoni Bourg, fils de Michel et de Marie Cormier, et veuf de Marie-Josette Hébert, décédée à Beaubassin, épousa à Bécancour, le 19 novembre 1760, Félicité Bourgeois, fille de Joseph et de Marie-Anne Leblanc, veuve de Pierre LePrince, mort de la petite vérole et inhumé à Québec, le 4 janvier 1758.

Antoine-Benoni Bourg était le fils de Michel Bourg et de Marie Cormier; fils de Michel Bourg et d'Élisabeth Melanson; fils de François Bourg et de Madeleine Bondrot; fils d'Antoine Bourg et d'Antoinette Landry.

 

Benoni Bourg avait eu de son premier mariage avec Josette Hébert, un garçon du nom de Joseph, lequel se maria à Bécancour, le 24 janvier 1785, à Marie-Anne Désilets, fille d'Antoine et de Françoise Leblanc.

Félicité Bourgeois avait, elle aussi, une fille de son premier mariage avec Pierre Leprince, du nom d'Anne, baptisée à Port-Royal le 18 décembre 1750, laquelle épousa, à Bécancour, le 9 février 1769, Laurent Tourigny, fils de Joseph et de Françoise Perrot-dit-Turbal. Elle périt dans un naufrage, le 16 juin 1795, et fut inhumée le 21 du même mois, à Bécancour.

Rosalie Bourg a dû être baptisée à Bécancour, vers 1761. On sait qu'à cette époque; il y avait beaucoup de lacunes dans les registres de Bécancour.

Le 29 juillet 1765, Bénoni Bourg et Félicité Bourgeois font baptiser, à Bécancour, une fille du nom de Josette; et le 4 août 1765, au même endroit, ils font enterrer un garçon du nom de Bénoni, âgé de neuf mois.

Jean Leprince, fils d'Antoine et d'Anne Trahan, né vers 1725; sépulture à Bécancour le 5 juillet 1781, âgé de 56 ans; marié en premières noces, en Acadie, à Marie-Rose Ozitte-Leblanc, décédée probablement à Boston, vers 1762.

Vers 1763, Jean Leprince, encore en exil, épouse Marie Darois, parente du 3 au 3. Ils font revalider leur mariage à Bécancour, le 3 mars 1767.

La tradition rapporte que, pendant l'hiver de 1767, Jean Leprince avec son épouse, Marie Darois, et son fils, Jean, âgé de 5 à 6 ans, né de sa première femme Ozitte-Leblanc, et quelques autres membres des familles Hébert et Béliveau, firent le voyage dé' Boston à Bécancour, en raquettes, à travers les forêts. (12)

(12) Notes de Mgr Ls Richard sur les familles acadiennes.

Antoine Leprince, fils de Nicolas ou Jacques Leprince et de Marguerite Hébert, né vers 1691, résidant à Pigiquid, en 1714; marié à La Grand'Prée, le 23 mai 1712, à Anne Trahan, fille de Guillaume et de Jacqueline Benoît.

Nicolas ou Jacques Leprince, présent à Port-Royal, en Acadie, au recensement de 1686, époux de Marguerite Hébert, fille d'Étienne et de Marie Gaudet. Tous deux proba­blement décédés à Pigiquid, en Acadie.

FAMILLE LOUIS-EUSEBE RICHARD  (P.109)

Louis-Eusèbe Richard, fils de Charles-Auguste et de Marie Hébebart, baptisé à St-Grégoire le 1er mars 1817; sépulture à Stanfold, le 13 novembre 1876; marié à St-Grégoire le 15 janvier 1841, à Hermine Prince, fille de Joseph et de Julie Doucet, décédée à l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska, le 12 décembre 1899; sépulture à Victoriaville, le 14 suivant, âgée de 81 ans, 10 mois et 28 jours.

C'est en mémoire de Louis-Eusèbe Richard que saint Eusèbe fut donné pour patron à la paroisse de Stanfold, en 1848.

Louis-Eusèbe Richard arriva garçon à Stanfold, en 1840; il s'établit d'abord à la rivière Nicolet, sur le côté ouest du chemin qui conduit à Saint-Norbert.

En 1841, il ouvrit un magasin dans le village. Il fut conseiller législatif pour la division de Kennebec, de 1874 à 1876. Édouard Richard, auteur de «Acadia-Histoire de l'Acadie» ; était le fils de l'honorable Louis-E. Richard. Édouard Richard naquit à Stanfold le 14 mars 1849. Il fit ses études classiques à Nicolet et son droit à l'Université Laval. Après son admission au barreau, il a pratiqué en société avec Sir Wilfrid Laurier quelques années, à Arthabaska; en 1872, il a été élu député à la Chambre des Communes pour le comté de Mégantic et réélu en 1874.

En 1879, il était nommé shérif du Nord-Ouest, position qu'il a occupée pendant quelques années; après avoir résigné, s'est présenté comme candidat à la Chambre dès Communes, pour le comté de Provencher, Manitoba. Plus tard, il a passé quelques années à Paris pour les Archives du Gouvernement Fédéral; à son retour, il est allé résider à Battleford, Sask., où il est mort en 1903, à l'âge de 54 ans. Édouard Richard était un écrivain de mérite et il a laissé un ouvrage important, «Acadia», histoire de l'Acadie. C'était un littérateur, un homme de talents et un charmant causeur.

Louis-Eusèbe Richard était aussi le beau-père de M. J. Octave Bourbeau, négociant de Victoriaville, et aussi le père de Philippe Richard, décédé à Battleford, et de Arthur Richard, décédé à Stanfold, en 1887. L'hon. Louis-E. Richard était l'oncle du grand philantrope, J.-Auguste Richard, L.L.D., de Montréal, et de l'hon. sénateur Benjamin Prince, de Battleford, Sask., et l'aïeul de Louis-Arthur Richard, avocat, de Québec, et secrétaire particulier de l'hon. Sir Lomer Gouin, Premier Ministre de Québec, à l'époque.

Charles-Auguste Richard, capitaine de milice, fils de Michel et de Madeleine Pellerin, baptisé aux Trois-Rivières, le 15 janvier 1782; sépulture à St-Grégroire, le 8 mars 1854; marié à Nicolet le 8 octobre 1804, à Marie Hébert, fille de Honoré et de Madeleine Prince.

Michel Richard, fils de Joseph et de Madeleine Leblanc, né en Acadie, en 1745, s'établit au village de Godfroy et eut le titre de concession de sa terre, le 23 mai 1770; inhumé à Saint-Grégoire, le 2 février 1829, âgé de 84 ans; marié à Nicolet, le 17 février 1772, à Madeleine Pellerin, fille de Pierre et de Marie-Josette Béliveau.

Joseph Richard, fils de René II et de Marguerite Thériault, né en Acadie, en décembre 1718; exilé en 1755, il vint mourir à Québec, avec trois de ses enfants; il fut inhumé le 17 décembre 1757; marié en; Acadie, le 22 juillet 1743, à Madeleine Leblanc, fille de Joseph et de Marguerite Bourgeois.

René II, fils de René I et- de Madeleine Landry, né en Acadie, vers 1688; sépulture à Bécancour, le 26 décembre 1776; marié vers 1710 à Marguerite Thériault, inhumée à  Bécancour, le 28 avril 1777.

René Richard I, fils de Michel et de Madeleine Blanchard. Au recensement de 1671, à Port-Royal, René, fils de Michel, est âgé de 14 ans. Il est donc né vers 1657; marié vers 1680, à Madeleine Landry, fille de René et de Perrine Bourg. René Richard I demeura tantôt à Port-Royal, tantôt aux Mines.

Michel Richard, né en France, vers 1630, probablement dans la province de Saintonge, arrivé en Acadie en 1654; en 1656, il épousa Madeleine Blanchard, âgée de 12 ans, fille de Jean et de Radégonde Lambert, décédée vers 1679; vers 1683, Michel Richard, alors âgé de plus de 50 ans, épousa en secondes noces Jeanne Barbin, à peine âgée de 15 ans, fille d'Antoine et de Marie Mercier. Il ne faut pas oublier que l'histoire nous apprend qu'à cette époque, en Acadie, les filles en âge de se marier étaient très rares.

_____________________________________________________________________

FAMILLE LANDRY-dit-BERCASE (P.110)

Le grand-père de Pierre Landry-dit-Bercase, Joseph Landry, fils d'Alexis et de Marguerite Aucoin, fut le premier Landry qui prit le surnom de Bercase.

En voici la raison: Jean-Baptiste Benoît-dit-Bercasse, époux de Isabelle Leblanc, habitant du lac St-Paul, n'avait pas d'enfant; il adopta deux orphelins: Marie Landry, fille de Paul et de Marie Bourg, et Joseph Landry, fils d'Alexis et de Marguerite Aucoin, de Grand-Pré. Dès lors Joseph Landry ajouta à son nom celui de Bercase. J.-Bte Benoît-dit-Bercase fut inhumé à Bécancour, le 11 janvier 1777.

Pierre Landry-dit-Bercase, cordonnier, fils de Joseph et de Madeleine Vigneault, baptisé à St-Grégoire-le-Grand, le 2 avril 1806; sépulture à St-Norbert-d'Arthabaska, le 11 octobre 1892; marié à St-Grégoire, le 30 juin 1830, à Ovile Gaudet, fille de Michel et de François Lemay, baptisée à Bécancour vers 1811; sépulture à St-Norbert-d'Arthabaska, le 20 avril 1891, âgée de 80 ans. Pierre Landry-dit-Bercase monta dans les Bois-Francs vers 1837. Etabli d'abord à Stanfold, vers 1840, il se fixa à St-Norbert.

A St-Grégoire, le 10 octobre 1836, il fait baptiser Joseph. A Stanfold, le 16 janvier 1839, il fait suppléer aux cérémonies de baptême de Philomène, née le 2 novembre 1838, laquelle devint l'épouse de Ambroise Luneau.

Joseph Landry-dit-Bercase, fils de Joseph et de Marie-Anne Arseneau, baptisé à Bécancour, le 1er avril 1779; marié à Bécancour, le 16 février 1801, à sa parente du 4 au 4, Madeleine Vigneault, fille d'Abraham et de Marie Bourg. En 1839, ils résident à Stanfold.

Joseph Landry-dit-Bercase, (fils adoptif de J.-Bte Benoît-dit-Bercase), fils d'Alexis Landry, acadien, et de Marguerite Aucoin, né en 1746 en Acadie; sépulture à St-Grégoire, le 6 septembre 1831, âgé de 85 ans; marié à Bécancour en janvier 1773, à Marie-Anne Arseneau, fille de Pierre et de Françoise Poirier. Le premier Landry qui prit le surnom de Bercase.

Alexis Landry, acadien, fils d'Antoine et de Marie-Blanche Leblanc, marié à Marguerite Aucoin, fille de René et de Madeleine Bourg, à Grand-Pré, le 27 novembre 1737. Elle décéda à Grand-Pré en 1746; second mariage d'Alexis Landry à Beaubassin, le 15 janvier 1748, avec Madeleine Bergeron, fille de Michel et de Marie Dugas.

Antoine Landry, né en 1684, fils d'Antoine Landry et de Marie Thibodeau, se maria, en 1706, à Marie-Blanche Leblanc, fille de François et de Jeanne Hébert.

Antoine Landry, né en 1660, fils de René Landry et de Perrine Bourg, se maria en 1681 à Marie Thibodeau, fille de Pierre et de Jeanne Terriau.

René Landry né vers 1618, originaire de la Chaussée, dans la région de Loudun, département de la Vienne, France, arrivé en Acadie entre 1632 et 1634 et se maria à la veuve Perrine Bourg, vers 1639.

 

FAMILLE BETTEZ (P.111)

Joseph Bettez, fils de Jacques et de Geneviève Houle, baptisé à Yamachiche, en octobre 1816; sépulture à Plessisville, 8 novembre 1907, âgé de 91 ans et 1 mois. Entra au Séminaire de Nicolet en 1829. II étudia la médecine à Yamachiche, sous les docteurs Emmanuel Lord et W. Marsden. Il vint s'établir à Plessisville en 1841; le 31 mars 1845, il épousa, à Gentilly, Julie Mailhot, fille de Paul et de Marie Vien, baptisée à Gentilly le 14 janvier 1817; décédée subitement à Plessisville; le 18 août 1884. Elle pesait près de 400 livres. Le Docteur Bettez était le grand-père de M. l'abbé Pietro Gravel, de Gravelbourg, Sask..

Jacques Bettez, fils de Jacob et de Geneviève Laparre, né à la Baie St-Paul, le 14 mai 1790; sépulture à Stanfold, le 26 juin 1855, âgé de 66 ans; marié à Berthier, vers 1816, à Geneviève Houle, née en 1795, décédée à Plessisville, le il février 1875, âgée de 80 ans.

Jacques Bettez fut longtemps maître de poste à Yamachiche. En 1845, il était aux Trois-Rivières et en 1850 à Stanfold, où il est décédé en 1855.

L'honorable Jacob Bettez, venu de la Suisse à la Baie St-Paul, en 1762. Protestant à son arrivée en Canada, il se convertit bientôt au catholicisme. Marié en premières noces, à Catherine Lambert, vers 1762. Celle-ci mourut à la Baie St-Paul, où elle fut enterrée le 4 octobre 1766. Jacob Bettez se maria en secondes noces, probablement à Québec, en 1768, à Marie-Geneviève Laparre, fille de Elie Laparre, chirurgien de Québec, et de Marguerite Maillou; celle-ci était veuve de Paul Lambert quand elle épousa Elie Laparre. Marie-Geneviève Laparre fut baptisée à Québec le 7 avril 1754. Elle n'était donc âgée que de 14 ans quand elle épousa Jacob Bettez.

 

Famille GIROUARD (p.113)

Michel Girouard, né en Acadie vers 1723, probablement fils de François et d'Anne Bourgeois, vint s'établir à Gentilly vers 1767. Il était marié à Marguerite Galant. Il mourut à Gentilly le 24 mars 1797, âgé de 74 ans. Sa femme fut aussi inhumée à Gentilly, le 13 mai 1803, âgée de 84 ans.

Théophile Girouard, fils de Joseph et d'Emélie Guillaume-dit-Descormier, baptisé à Gentilly, le 2 décembre 1826.

A l'âge de 23 ans, en 1849, comme beaucoup d'autres, il est allé en Californie à la recherche de l'or, y est demeuré quatre ans, a été assez chanceux pour réaliser une bonne somme. Revenu au Canada, il s'est mis dans le commerce de bois, à Stanfold, où il a construit des moulins; son commerce a bien réussi. Pendant son séjour à Stanfold, il s'est marié, le 6 octobre 1861, à Alexina Pacaud; fille de Charles-Adrien Pacaud, de St-Norbert-d'Arthabaska. En janvier 1873; il est allé. résider à Ste-Catherine, Ont., où il est mort en août 1897. Théo. Girouard était le père de Raoul Girouard, de Smith's Falls, de Mme Sydney Forest et Mlle M.-L. Girouard, autrefois d'Ottawa, de Mme T,-E. Griffith, d'Arthabaska, et du L.-Col. René Girouard; aussi cousin du Shérif J.-E. Girouard, d'Arthabaska; l'oncle de Mme Henri Pépin, ex-maire de la ville d'Arthabaska, et l'aîeul de Madame Maurice Maheu, aujourd'hui de Montréal.

Joseph Girouard, fils de Joseph et de Marie Doucet, baptisé à Gentilly le 18 mars 1802; sépulture â Stanfold, le 7  mars 1875-; marie en premières noces à Gentilly, le 17 août 1824, à Émélie Guillaume-dit-Descormiers, fille de J.-Baptiste et de Marie Montreuil baptisée en 1797; sépulture à Stanfold, le 29 juillet 1858, âgée de 61 ans.

 

Joseph Girouard, surnommé Dédé, fit le voyage de la Californie. Il vint s'établir dans les Bois-Francs, dès les premiers temps de 1a colonie. Il bâtit d'abord un moulin sur la rivière Blanche, entre St-Louis-de-Blandford et Stanfold; et un second, vers 1838, aussi une perlasserie et un magasin, sur la rivière Nicolet, entre Stanfold et St-Norbert, moulin qu'il légua à son fils Théophile. C'est alors qu'il se fixa sur une terre, dans le 10e rang de Stanfold, où il mourut en 1876. En secondes noces, Joseph Girouard avait épousé Mathilde Beaubien.

Joseph Girouard, fils de Joseph et de Marie-Josette Grandbois, baptisé à Bécancour, le 23 février 1778; marié à Gentilly, le 28 octobre 1799, à Marie Doucet, fille de François et de Geneviève Beaudet, de Bécancour, née vers 1781; sépulture à Stanfold, le 5 mai 1863, âgée de 82 ans environ.

Joseph Girouard (Giroire), (19) fils de Michel et de Marguerite Galant, marié en premières noces à Bécancour, le 10 février 1777, à Marie-Josette Grandbois, fille de François et de Félicité Baillargeon, de Ste-Anne; marié en secondes noces, à Gentilly, le 2 février 1790, à Josette Normandeau-dit-Deslauriers, fille de Jacques et de Marie-Cathe­rine Tinon.

(19) Registres de Bécancour, année 1777.

Michel Girouard, Acadien, époux de Marguerite Galant, Acadienne, établi à Gentilly, vers 1767, né en Acadie vers 1723; sépulture à Gentilly le 24 mars 1797. Marguerite Galant, née en Acadie, vers 1719; sépulture à Gentilly, le 13 mai 1903, âgée de 84 ans environ.

 

 

 

 

FAMILLE HOULE-HOUDE (P.113)

En 1654, Louis Houle ou Houde, originaire du Manou, en Perche, France, était à Québec. Fils de Noël Houle et de Anne Lefebvre, il naquit vers 1617. Au recensement de 1666, il est à l'Ile d'Orléans, habitant, âgé de 49 ans, avec sa femme Madeleine Boucher, âgée de 24 ans, et trois enfants: Jean, 7 ans, Louis, 2 ans, Germain, 14 mois. En 1681, Louis Houle est encore à l'Ile d'Orléans, avec sa famille, composée de neuf enfants. Joseph Houle, petits-fils de Louis Houle, vint s'établir à St-Jean-Deschaillons, vers 1715 ou 1720. Il était le meunier du seigneur de la Pérade.

Joseph Houle, fils de Charles et de Louise Deshayes, baptisé à Bécancour, le 29 septembre 1819; sépulture à Stanfold le 27 mars 1906. Il monta avec son père, à la rivière Bécancour, dans le 1er rang de Bulstrode, vers 1832 et y demeura environ quatre ans. Vers 1836, la famille Charles Houle vint s'établir sur le 9e lot du 9e rang de Stanfold. Joseph Houle se maria à Plessisville, le 13 janvier 1846, à Marguerite Lallier-dit-Marcheterre, fille de François et de Suzanne Paris, de Stanfold, baptisée à St-Pierre-les-Becquets, le l l avril 1823; sépulture à Stanfold, le 19 juin 1892.

Charles Houle, fils de François et de Thérèse Nau, baptisé à St-Pierre-les-Becquets, le 2-janvier 1785; sépulture à Stanfold le 10 juin 1861; marié à Bécancour, le 10 juillet 1812, à Louise Deshayes, fille d'Antoine et de Françoise Moricet, baptisée à Bécancour, le 24 août 1781; sépulture à Stanfold, le 30 avril 1868. Charles Houle était le frère de ma grand'mère maternelle, Josette Houle, épouse de Joseph Bourbeau-dit-Beauchesne.

François Houle, fils de Joseph et de Marie-Josette Leboeuf, né vers 1734; sépulture à Bécancour le 6 février 1810, âgé de 76 ans; marié à Si-Pierre-les-Becquets, le 7 janvier 1766, à Thérèse Nau, fille de Henri et de Marie Rivard, baptisée à St-Pierre-les-Becquets, le 22 juin 1747.

Joseph Houle, fils de Louis II et de Marie-Madeleine Lemay, né en 1690; sépulture à St-Jean-Deschaillons, le 15 novembre 1755; marié en -1724 à Marie-Josette Leboeuf, décédée après 1739.

Mgr Tanguay dit que Joseph Houle était meunier du Sieur de la Pérade.

Louis Houde II, fils de Louis I et de Marie-Madeleine Boucher, baptisé à Château-Richer, le 30 septembre 1662; marié vers 1687 à Marie-Madeleine Lemay.

Louis Houde I, fils de Noël et de Anne Lefebvre, de Mànou au Perche, baptisé en 1617, établi à Ste-Famille, Ile d'Orléans, en 1657; sépulture après 1682, probablement à Ste-Famille, Ile d'Orléans; marié au Château-Richer, le 12 janvier 1655, à Madeleine Boucher, fille de Marin Boucher, menuisier, et dé Perrine Malet, baptisée à Québec le 4 août 1641; décédée après 1682, probablement à Ste-Famille, Ile d'Orléans.

Marin Boucher était le frère de Gaspard Boucher, père de Pierre Boucher, gouverneur des Trois-Rivières, de 1653 à 1658 et de 1663 à 1668.

 

FAMILLE THIBEAUDEAU (p.114)

Léon (Pantaléon) Thibeaudeau, (21) fils de Jean et de Marie Prince, baptisé à St-Grégoire-de-Nicolet, le 21 février 1818, établi au township de Stanfold en 1844, sur le 15e lot du 12e rang; sépulture à Stanfold, le 10 janvier 1891; marié à St-Grégoire, le 21 janvier 1845, à Louise Hébert (soeur de Noël Hébert, surnommé Jean Rivard), fille de Pierre et de M.-Louise Manseau, baptisée à St-Grégoire, le 13 février 1821; sépulture à Stanfold, le 7 novembre 1885.

(21) Voir registres de St-Grégoire, année 1818.

Jean Thibeaudeau, fils de Joseph et de Josette Rivard-dit-Lavigne, baptisé à Bécancour, le 23 avril 1784; sépulture à St-Grégoire, le 1er mars 1856; marié à St-Grégoire, le 1er février 1813, à Marie Prince, (parente du 4 au 4), fille de Jean et de Rosalie Bourg, décédée à St-Grégoire le 27 août 1853, âgée de 61 ans.   .

Joseph Thibeaudeau, fils d'Olivier et de Marie Bourg; marié à Bécancour, le 30 août 1779, à Josette Rivard-dit-Lavigne, fille de Joseph et de Josette Pré-dit-Richard.

Olivier Thibeaudeau, fils de Charles et de Marie-Anne Melanson, née vers 1733; sépulture à Bécancour, le 1er mai 1776, âgé de 43 ans; marié en premières noces à Marie Bourg et en secondes noces à Marie Poirier; celle-ci, devenue veuve, se remaria à Bécancour, le 4 février 1783, à Pépin Bourgeois.

Charles Thibeaudeau, fils de Jean et de Marguerite Hébert, né vers 1709; sépulture à Bécancour, le 29 novembre 1779, âgé de 70 ans; marié en premières noces à Marie-Anne Melanson, et en secondes noces à Madeleine Douairon.

Jean Thibeaudeau, deuxième garçon de Pierre Thibeaudeau et de Jeanne Thériot, né vers 1673; marié à Annapolis, Acadie, le 7 février 1703, à Marguerite Hébert, fille de Emmanuel et de Andrée Brun.

N.B.-D'après Mgr Tanguay, cette Marguerite Tanguay serait la femme de Pierre Thibeaudeau, fils aîné de Pierre et de Jeanne Thériot. C'est une erreur, comme on le constate dans les notes de Mgr Ls Richard sur les familles acadiennes. En cela Mgr Richard est d'accord avec Rameau. Dans son ouvrage «Une colonie féodale en Amérique» nous lisons: «En juin 1702, à Chipoudy, mariage de Pierre Thibeaudeau, fils de Pierre, à Marie-Madeleine Brossard, fille de Jean-François Brossard et de Catherine Richard. Ce mariage devra être bénit à Port-Royal; ce qui eut lieu au mois d'août de la même année. En 1714, Jean Thibeaudeau résidait à St-Charles de La Grand'Prée.

Pierre Thibeaudeau, meunier, né en France vers 1631, venu en Acadie vers 1654. Il se fixa au haut de la rivière de Port-Royal, à un endroit appelé «La Pré Ronde», y fit ses premiers défrichements et y construisit un moulin. Au   commencement du 18e siècle, il tenta de jouer le rôle de seigneur de Chipoudy, mais il ne put jamais obtenir une concession seigneuriale telle qu'il l'aurait désirée. Un an après sa mort, le 2 juin 1705, le conseil d'État rendit un arrêt définitif, par lequel tout en reconnaissant aux pionniers leur droit de premiers occupants et leurs propriétés, il confirmait les titres seigneuriaux de M. de La Vallière.

Vers 1660, Pierre Thibeaudeau épousa Jeanne Thériot, fille de Jean et de Perrine Brun, née vers 1643.

Au recensement de 1686, Pierre Thibeaudeau est à Port-Royal, âgé de 55 ans, sa femme, Jeanne Thériot, âgée de 43 ans. Ils ont quatorze enfants, dont huit filles et six garçons.

Pierre Thibeaudeau mourut près de Port-Royal, à son moulin de la «Pré Ronde», le 28 décembre 1704.

FAMILLE BOURBEAU (p.114)

Désiré-Olivier Bourbeau, fils de Lazare et de Edesse Gauvreau, baptisé à St-Pierre-les-Becquets, le 21 septembre 1834; sous lés noms de «Zéphirin-Désiré»; sépulture à Victoriaville, le 21 décembre 1900; marié à Victoriaville, le 12 février 1866, à Marie-Délina-Belzemire Bouchard, fille de Narcisse et de Marie-Rosalie Hébert, née à Québec, le 6 mars 1847. Résidait à Victoriaville, en 1920.

Il étudia chez les Frères des Écoles Chrétiennes, aux Trois-Rivières. Après avoir été instituteur à St-Pierre, il fut commis à Québec, chez MM. Behan Bros., de 1850 à 1856. En 1856, il vint s'adjoindre à son frère Octave, à Stanfold, et y fit du commerce jusqu'en 1860. A cette époque, il retourna à St-Pierre pour s'occuper de la culture de la- terre paternelle jusqu'en 1863.

Du printemps 1863 à l'année 1866, M.-0. Bourbeau tint, en société avec son frère, Octave, un magasin à Victoriaville. En 1866, il ouvrit à Victoriaville, un magasin à son compte, magasin qu'il administra jusqu'en décembre 1900. Il fut membre du parlement fédéral de 1877 à 1886.

                I.      M.D.-0. Bourbeau était le père de M. l'abbé Raoul Bourbeau, né en 1876, ordonné prêtre le 14 juin 1902. En 1920, il était curé à Fort-Kent, Maine. Il est décédé en Floride et inhumé le 13 octobre 1935, à Victoriaville.

            II.        

Joseph-Octave Bourbeau, marchand, fils de Lazare et de Edesse Gauvreau, baptisé à St-Pierre-les-Becquets; le 21 juillet 1836; -marchand à Stanfold en 1856. Après un voyage en Californie, il se fixe à Victoriaville, en 1862; marié à Stanfold, le 10 septembre 1867, à Alphonsine Richard, fille de Louis-Eusèbe Richard, marchand, et de Hermine LePrince, baptisée à Stanfold, le 25 juillet 1848.

J.-0. Bourbeau est décédé à Victoriaville le 24 juin 1927.

Tous deux résidaient à Victoriaville, en 1920. Leur fils Gustave, né en 1870, ordonné prêtre le 28 juillet 1895, dans l'église de Victoriaville, par S. E. Mgr Gravel, évêque de Nicolet. Curé à différents endroits, notamment à Tingwick, de 1913 à sa mort survenue le 1ler décembre 1929. Inhumé dans le cimetière de Tingwick.

Lazare Bourbeau, fils d'Augustin et de Thérèse Constantin, né à St-Augustin, en 1800; sépulture à St-Pierre-les-Becquets le 12 novembre 1858; marié à St-Pierre-les-Becquets, le ler février 1831, à Edesse Gauvreau, fille de Pierre, forgeron, et de Françoise Mailhot, baptisé à St-Pierre-les-Becquets, le 25 mars 1816; sépulture à Victoriaville, le 2 janvier 1880; veuve de Joseph Poulin (veuf de Marguerite Martineau, de Ste-Sophie-d'Halifax), qu'elle avait épousé à St-Pierre-les-Becquets, le 11 septembre 1860. Joseph Poulin est décédé à Victoriaville, lé 29 mars 1879, âgé de 54 ans.

Auguste Bourbeau, fils de Eustache et de Marie Cotin-Dugal, né à St-Augustin, marié en premières noces à St-Augustin, le 12 janvier 1784, à Marie-Gertrude Gagnon, fille de J.-Bte Gagnon et de Louise Dorval-dit-Bouchard, née en 1763 et inhumée à St-Augustin, le 30 avril 1788; marié en secondes noces, à St-Augustin, le 8 novembre 1790, à Thérèse Constantin, fille de François-Augustin et de Marie Geneviève Gingras, baptisée à St-Augustin, le 24 mars 1762.

Eustache Bourbeau I, fils de Eustache et de Madeleine Rasset, baptisé à St-Augustin, le 18 décembre 1722; sépulture avant 1781; marié en 1753 à Marie-Joseph Cotin-Dugal, fille de Joseph et de Marie-Charlotte Gaboury, baptisée à St-Augustin, le 11 juin 1725; sépulture à St-Augustin, le 22 mars 1781. 1781.

Eustache Bourbeau II, fils de Eustache et de Marguerite Brousseau, baptisé en 1695; sépulture à St-Augustin, le 3 janvier 1738; marié à St-Augustin, le 16 février 1722, à Marie-Madeleine Rasset (veuve de J.-Bte Gaboury, fille de Jean Rasset et de Jeanne Chapau), baptisée à Pointe-aux-Trembles, le 6 juin 1686. Veuve de Eustache Bourbeau, elle se remaria, en troisièmes noces, à St-Augustin, le 6 octobre 1738, à Charles Cotin.

Eustache Bourbeau III. fils de Simon Bourbeau et de Françoise Letarte, baptisé à Québec, le 15 septembre 1668; sépulture à St-Augustin, le 29 janvier 1736; marié à Beauport, le 12 octobre 1689, à Marguerite Brousseau, fille de Julien et de Simone Chalifour, baptisée vers 1671; décédée à Saint-Augustin, le 31 janvier 1736.

Simon Bourbeau, charpentier, fils d'Elie Bourbeau et de Marguerite Renault, de la ville de La Rochelle, en France, baptisé en 1626, en France, où il se maria en 1656, à Françoise Letarte, baptisée en 1637.

Arrivé à Québec vers 1660, au recensement de 1681, il est au village de St-Joseph-de-Charlebourg. Inhumé à Charlebourg, le 12 mars 1692. Il était le frère de Elie Bourbeau, notaire, sieur de la Bissonnière, du Cap-de-la-Madeleine. Pierre Bourbeau-dit-Lacourse, de Bécancour, était aussi son frère, et non son fils, comme le dit Mgr Tanguay.

FAMILLE PÉPIN (P.115)

Léon Pépin, fils de Joseph et de Angélique Beaufort-Brunel, baptisé à Gentilly le 25 juin 1822; décédé à Princeville le 10 août 1989; marié à Gentilly, le 5 février 1850, à Julie Beaufort-Brunel (parents du 3 ou 3), fille de Isaac et de Agathe Lacerte, baptisée à Gentilly le 25 avril 1826, décédée à Princeville le 1er novembre 1914.

Vers 1852, Léon Pépin et son épouse montèrent dans les Bois-Francs et s'établirent dans le 10e rang du Canton de Stanfold.

Joseph Pépin, fils de Joseph et de Marguerite Lamothe, né à Gentilly, baptisé à Bécancour le 23 mai 1793; sépulture à Princeville le 25 avril 1874; marié à Gentilly le 25 janvier 1820, à Angélique Beaufort-Brunel, fille de Antoine et de Marie Normandeau-Deslauriers, baptisée à Gentilly, le 21 août 1801; sépulture à Princeville le 3 décembre 1870.

Joseph Pépin, fils de Joseph et de Geneviève Baïlly-Carpentier, baptisé vers 1758, inhumé à Gentilly le 13 avril 1837, âgé de 79 ans; marié à Champlain, le 7 novembre 1785, à Marguerite Lamothe, fille de Alexis et de Marie-Anne Beaudoin, baptisée vers 1959, inhumée à Gentilly le 19 janvier 1837, âgée de 78 ans.

Joseph Pépin, fils de Joseph et de Angélique Manseau, baptisé à Champlain le 9 novembre 1728, marié à Champlain, le 30 novembre, 1756, à Geneviève Baïlly, fille de Médard Carpentier dit Baïlly et de Marie Jeanne Provencher, baptisée à Champlain le 6 octobre 1727.

Joseph Pépin, fils de Jacques et de Marie-Jeanne Caiet, baptisé à Champlain le 3 janvier 1689; marié à Champlain le 12 janvier 1728 à Angélique Manseau, fille de François et de Marguerite Pouliot, de St-Laurent, Ile d'Orléans.

Jacques Pépin, fils de Guillaume Pépin dit Tranchemontagne et de Jeanne Mechin, baptisé aux Trois-Rivières le 14 avril 1646, sépulture à Champlain le 10 avril 1715, marié aux Trois-Rivières le 16 novembre 1671 à Marie Jeanne Caiet, fille de Claude et de Anne Vallée, de St-Nicolas-des-Champs, évêché de Paris.

Guillaume Pépin dit Tranchemontagne, de St-Laurent de la Bavière, évêché de Xaintes, province de Saintonge, baptisé en France en 1607, sépulture aux Trois-Rivières, le 12 août 1697, marié aux Trois-Rivières vers 1645 à Jeanne Méchin, baptisée en France vers 1630.

Guillaume Pépin fut syndic des Trois-Rivières, puis juge de seigneurie de Champlain. Il était déjà établi aux Trois-Rivières en 1634. Il était un des ancêtres de Mgr I. Langevin et de Sir Hector Langevin.

__________________________________________________________________________

FAMILLE NOEL-ATHANASE BEAUDET (P.116)

Noël-Athanase Beaudet, fils d'Isaîe et de Marguerite Mailhot, baptisé à St-Jean-Deschaillons, en 1826; sépulture à Princeville, le 18 septembre 1886, âgé de 59 ans; marié à St-Christophe (alors résidant à Princeville), le 15 octobre 1853, à Marie-Esther Le Prince, fille de Joseph et de Julie Doucet, de St-Grégoire, baptisée à St-Grégoire, le 12 février 1830, inhumée à Victoriaville, le 1er octobre 1918.

Père et mère de l'abbé Marie-Joseph-Henri-Athanase Beàudet, né à Arthabaska, le 9 septembre 1870, ordonné prêtre à St-Hyacinthe, par Mgr Decelles, le 25 mars 1895.

Noël-Athanase Beaudet était le frère de Marie-Aurélie Beaudet, épouse de Jean Trottier, industriel d'Arthabaska. Marie Amélie Beaudet était la mère de l'abbé Hercule Trottier.

L'abbé François-Hercule-Augustin Trottier, né aux Grondines, comté de Portneuf, le 16 mai 1850, fils de Jean Trottier et de Marie-Aurélie Beaudet, fit ses études à Nicolet et fut ordonné aux Trois-Rivières, le 15 décembre 1872. Vicaire à Arthabaska de 1872 à 1874; à Ste-Anne-de-la-Pérade de 1874 à 1876; aumônier des Frères du Sacré-Coeur de 1876 à 1883, où il est décédé le 13 mars 1883. M. l'abbé Hercule Trottier était le frère de Madame Adélard Picher, protonotaire à Arthabaska. On peut voir sa photo en page 256 du premier volume.

Isaîe Beaudet, fils de Jacques et de Marie-Anne Trottier, de St-Jean; marié à St-Pierre, le 7 avril 1812, à Marguerite Mailhot, fille d'Eustache, capitaine de milice, et de Françoise Moras. Isaîe Beaudet fut inhumé à St-Jean, au mois d'octobre 1851.

Jacques Beaudet, fils de Jacques et d'Élisabeth Brisson, baptisé à St-Jean, le 22 juin 1765; marié à St-Pierre, le 18 août 1789, à Marie-Anne Trottier, fille d'Augustin et de Madeleine Barolet, de St-Pierre.

Jacques Beaudet, fils de Jacques et de Marie Angélique Lemay, sépulture à St-Jean, le 31 mai 1783; marié à St-Pierre, le 19 avril 1757, à Marie-Elisabeth Brisson, fille de Pierre et de Marie-Catherine Courteau. Marie-Elisabeth Brisson, baptisée le 27 avril 1727, à Ste-Anne-de-la-Pérade, avait épousé, en premières noces, à St-Pierre-les-Becquets, le 15 juillet 1748, Pierre Mailhot, fils de Louis et de Marie-Madeleine Hony.

Jacques Beaudet, fils de Jean et de Marie Grandin, sépulture à Lotbinière, le 4 janvier 1750; marié à Ste-Anne, le 20 novembre 1720, à Marie-Angélique Lemay, fille de Pierre et de Marie-Anne Germain, baptisée en 1700 et inhumée à Lotbinière, le 13 mars 1742.

Jean Beaudet, fils de Sébastien et de Marie Baudonnier, de Blanzais, évêché de Poitiers, en France, baptisé vers 1650; marié à Québec, le 28 septembre 1670, à Marie Grandin, baptisée vers 1651, fille de Michel et de Marie Lejeune, de St-Albert, évêché d'Orléans, en France. Jean Beaudet s'établit à Lotbinière vers 1680.

En 1908, lors des fêtes du troisième centenaire de Québec, un des descendants de Jean Beaudet, Eloi, époux de Emélie de Villers, était encore possesseur du patrimoine ancestral.

__________________________________________________________________________

FAMILLE LOUIS-ADOLPHE DE BILLY (P.117)

Vers 1672, Jean François de Billy vint au Canada, avec sa femme, Catherine de la Marche et y fit souche. «Au XVIe siècle une branche de la famille de Billy portait le nom de Courville, d'après une terre probablement, puisque c'était la coutume de donner aux fils cadets le nom d'une propriété dont ils se trouvaient possesseurs par droit d'héritage ou autrement. Un texte de l'époque dit «Louis de Billy, baron de Courville». (34)

    (1)    M. B. Sulte, «Mélanges historiques», vol. 2, page 64 et ss.

            (2)       

            (3)        Jean-François de Billy, né vers 1649. (Le recensement de 1681 lui donne 32 ans). Probablement dans la paroisse de Sommereux, diocèse de Beauvais, en France. Il était fils de François de Billy, écuyer, seigneur de Béhéricourt, et de Hélène Guilbert. L'acte de fiançailles de François de Billy avec Hélène Guilbert fut passé à Paris, le 3 février 1632.

            (4)       

            (5)        Jean-François de Billy épousa à Sommereux, en France, vers 1671, Catherine Marguerite de la Marche.

            (6)       

En 1679. Francois de Billy. résidant dans la seigneurie de Gentilly, fait baptiser à Champlain, un enfant sous le nom de François (35). Il est bon de faire remarquer qu'à cette époque, la seigneurie de Gentilly faisait partie de la paroisse de Champlain. L'érection de la paroisse de Saint-Édouard-de-Gentilly date du 24 juillet 1784.

Jean-François de Billy, décédé le 28 janvier 1716, fut inhumé à Champlain, le 1er février suivant. Catherine Marguerite de la Marche, son épouse, vécut jusqu'à 80 ans et fut enterrée à Champlain, le 11 avril 1731.

    (1)    Registres de Champlain, octobre 1679

                                                            (2)       

                                                            (3)        Michel de Billy, fils de Jean-François et de Catherine-Marguerite de la Marche, arriva au Canada âgé d'environ 5 ans. II épousa en premières noces, à Champlain, le 27 avril 1705, Anne-Céleste Désy, veuve de François Aubuchon. Elle fut inhumée à Champlain, le 17 mai 1718; en secondes noces, marié à Sainte-Anne-de-la-Pérade, le 14 juillet 1719, à Marguerite-Renée Brillac, inhumée à Champlain, le 25 septembre 1728, en troisièmes noces, marié à Champlain, le 1er mars 1729, à Marie-Jeanne Rouillard.

                                                            (4)       

Le 15 juillet 1707, Michel de Billy devint concessionnaire d'une terre de 6 arpents, avec droit de chasse et pêche, de François Poisson, seigneur de Gentilly.

Michel Billy, fils de Michel de Billy et de Marguerite-Renée Breillac, né dans la seigneurie de Gentilly, baptisé à Champlain, le 25 septembre 1726, inhumé à Gentilly le 30

mars 1814; marié (36) en 1747, à Champlain, à Charlotte Perrot-Turbal, fille de Nicolas, capitaine dé milice, et de Marguerite Bourbeau. En 1791, Michel de Billy fut nommé lieutenant des milices de Gentilly, par Lord Dorchester, gouverneur de la province de Québec.

    (1)    Contrat de mariage par le notaire Pollet, 19 avril 1747.

            (2)       

            (3)        Michel Billy (surnommé Michel Tontaine), fils de Michel et de Charlotte Perrot-Turbal, né à Gentilly, le 24 mars 1748, où il est décédé le 12 août 1820; marié à St-Pierre-les-Bec­quets, le 9 février 1773, à Marie-Louise Duclos-Carignan, fille de Pierre et de Marie-Anne Mongrain, inhumée à Gentilly, le 23 novembre 1814, âgée de 63 ans.

Antoine de Billy (surnommé Antoine Michon Tontaine), fils de Michel et de Marie-Louise Duclos-Carignan, né à Gentilly, le 5 septembre 1780, où il est inhumé le 2 mai 1840; marié à Gentilly, le 15 janvier 1805, à Archange Auger, fils de Barthélemy et de Françoise Tinon-Desroches, inhumée à St-Norbert-d'Arthabaska, le 24 mai 1854, âgée de 72 ans.

LES BILLY (TONTAINES) DES BOIS-FRANCS

Le 9 août 1836, Léon Billy, fils de Michel et d'Archange Auger, se maria à Gentilly à Marie Verret. II est à cette date résidant à Stanfold.

J.-Bte Billy (surnommé Babi Tontaine), frère le Léon, est dans les Bois-Francs, en 1837: Le 21 avril 1843 il épousa, à Somerset, Julie Roy-Mazeret. Il est alors résidant à St-Norbert.

Un autre frère de Léon, Antonin, marié à Gentilly, le 29 janvier 1828, à Marie-Desanges Jeannot, fille de J.-Baptiste et de Marie Girouard, est à St-Norbert dès 1840.

Deux filles d'Antoine Billy se marièrent dans les Bois­Francs; Esther à Narcisse Béliveau, et Edith, à David Prince.

En 1839, Antoine Billy et sa femme, Archange Augé, sont dans le canton d'Arthabaska. En 1846, ils sont à Gentilly. Archange Augé est résidante à St-Norbert, lors de sa mort, en 1854.

Deux des fils d'Antoine Billy, Joseph et Salomon, vécurent à Gentilly. Joseph Billy {José Tontaine), épousa à Gentilly, le 11 août 1835, Marcelline Beaufort-Brunel, fille d'Antoine et de Marie Normandeau-Deslauriers.

Salomon Billy (surnommé le Fin Tontaine), fils d'Antoine et d'Archange Augé, baptisé à Gentilly, le 16 février 1807, où il fut inhumé le 10 octobre 1879; marié à Gentilly, le 14 février 1831, à Théotiste Beaufort-Brunel, fille d'Antoine et de Marie Normandeau-Deslauriers, baptisée à Gentilly, le 10 avril 1808, décédée à Victoriaville, le 17 mai 1892.

Louis-Adolphe Billy, fils de Salomon et de Théotiste Beaufort-Brunel, baptisé à Gentilly, le 13 octobre 1834; décédé à New-Carlisle le 20 mars 1907, et inhumé dans la cathédrale de Rimouski, le 23 suivant; marié à Rimouski, le 4 juillet 1864, à Marie-Adèle Gauvreau, fille de Pierre Gauvreau, notaire, et d'Élisabeth Duberger, décédée à New-Carlisle, le 30 janvier 1890, et inhumée dans la cathédrale de Rimouski, le 4 février suivant.

Louis-Adolphe Billy fit ses études à Nicolet, étudia le droit et fut admis au barreau en 1859. Magistrat stipendiaire à Rimouski, de 1873 à 1882, député de Rimouski aux Communes de 1882 à 1887, nommé conseiller de la reine en 1887, et juge de la Cour Supérieure, pour le district de Gaspé, avec résidence à New-Carlisle, le 25 février 1888. A sa mort, en 1907, il était à sa retraite depuis quatre ans.

Le 27 février 1893, une loi du gouvernement de Québec autorisa l'honorable Louis-Adolphe Billy et les membres de la famille à reprendre le nom «De Billy» comme le portaient leurs ancêtres au Canada et en France.

Louis-Adolphe de Billy était le frère de François-Xavier de Billy, de Victoriaville, et de Hilaire de Billy, de Stanfold, et le beau-frère d'Octave Morel, de Victoriaville, et du notaire d'Argy, de Stanfold.

_____________________________________________________________________

 

Famille Lavergne (P.119)

III-Joseph, 1696-1774. Joseph, fils de Renaud, né à Montmagny, en 1696, épousa vers 1721, Louise Pelletier, née en 1696. Ils eurent quatre enfants: Joseph, 1729; Madeleine, 1736, marié le 2 octobre 1752, avec Joseph-Marie Bacon, à St­Pierre-de-la-Rivière-du-Sud; Marie-Josephte, mariée à Louis Gagné, en 1722; Marie-Louise, mariée à Auguste Gagné.

Joseph Lavergne épousa, en secondes noces, 1747, Madeleine Charron, née en 1714, veuve de Jean Fleuret, en premières noces, et en secondes noces, d'Étienne Samson.

De ce second mariage, naquirent quatre enfants: François, 1748; Madeleine, 1750; Joseph, 1753; Marie-Bonne, 1756. IV-Joseph-Marie. i757-1817. Joseph Lavergne, fils de Joseph Lavergne, porta les prénoms de Joseph-Marie jusqu'à la mort de son frère, fils de Louise Pelletier. Il épousa, en 1774, Angélique Blanchet, qui descendait en ligne directe de Louis Hébert, apothicaire, chef de la première famille française qui s'établit dans la Nouvelle-France, à Québec, en 1617. Louis Hébert avait rencontré Champlain à Port-Royal, en 1606.

Il eut cinq enfants: Joseph, Augustin, Jean-Baptiste, Rosalie et Julie.

L'aîné, Joseph, épousa une demoiselle McLean. Ses enfants sont Noël, Célestin, Georges, Ferdinand et Édouard. Le second, Augustin, est le grand-père du sénateur Louis Lavergne, le troisième, Jean-Baptiste, hérita du bien paternel, à la mort de Joseph-Marie, son père. Le bien des Lavergne s'était fort agrandi depuis deux cents ans. Jean-Baptis­te se trouva un homme riche et considéré à la mort de son père. Seigneur de la Frenaye et célibataire, il prit chez lui son neveu, Louis-David Lavergne, fils de son frère cadet, Augustin, mort jeune encore. Vieux garçon, il épousa Mélanie-Antoinette DeLagrave, à qui il laissa toute sa fortune en mourant. Cette dernière, sur son lit de mort, fit perdre, d'un trait de plus, à la famille Lavergne, les fruits acquis par deux cents ans de durs labeurs.

Elle donna la seigneurie de la Frenaye au diocèse de Québec; le monastère du Précieux-Sang, de St-Hyacinthe, reçut en partage son coeur, avec une somme considérable; et le curé Narcisse Beaubien, de St-Pierre, eut la balance. Elle laissa dans la misère son vieux père, le notaire Louis Benjamin DeLagrave, chargé d'une famille encore nombreuse.

A titre de legs particulier, son jeune frère, Pierre Théodule DeLagrave, héritait d'un livre de prières, qui ne devait lui être remis que le jour de son ordination à la prêtrise. Il fut prêtre un jour, mais grâce à un dévouement filial digne d'être cité en exemple et d'être conservé dans la généalogie de la famille Lavergne.

Sa soeur, Caroline DeLagrave, afin d'aider à faire vivre son père, et de faire instruire son jeune frère, se fit modiste. En 1872, elle avait le bonheur de voir Pierre-Théodule DeLagrave promu au sacerdoce; puis elle le vit plus tard curé de sa paroisse natale; où elle vint demeurer avec lui et lui fermait les yeux, dans son presbytère de St-Pierre, le 16 septembre 1920.

Madame veuve Zéphirin Lecomte, autrefois de Stanfold, est aujourd'hui (1921) octogénaire et habite St-Pierre, entourée du respect de tous.

Elle possédait alors ce livre de prières qui représente pour elle tant de mérites. On peut y lire sur la première page d'une écriture serrée et pointue «Mélanie A. D. Blais». La seigneuresse Lavergne avait épousé, en secondes noces Godfroy Blais, seigneur de St-Pierre. Par ce mariage l'ancienne seigneurie de St-Pierre avait retrouvé ses borne; premières. A sa mort, cette seigneurie fut de nouveau divisée, mais grâce à la sage prévoyance du seigneur Blais sa femme ne put dépouiller les enfants de ce dernier de la seigneurie de St-Pierre.

V-Augustin, 1787-1819. Augustin Lavergne, fils de Joseph-Marie et frère aîné de Jean-Baptiste, seigneur de la Frenaye, se noya jeune encore, laissant une épouse, Marie Geneviève Talbot, qui mourut en 1863, à St-François, où elle avait épousé M. Boissonnault.

Elle avait eu quatre enfants avec Augustin Lavergne Prudent, Louis-David, Colbert et Édouard.

VI-Louis-David, 1810-1875. Naquit à St-Pierre et fu élevé au manoir de son oncle, Jean-Baptiste Lavergne seigneur de la Frenaye. En 1844, il épousait, à Québec Marie-Geneviève DeLagrave, fille de François DeLagrave e de Geneviève Amiot, et petite-fille de Louis DeLagrave, h premier DeLagrave canadien, marchand, à Québec, natif de la paroisse de St-Sauveur, de la ville d'Argenton en Berry fils de Gabriel DeLagrave et Jeanne Legrand.

Le notaire Charles DeLagrave, de Québec, et Charles DeLagrave, le grand libraire parisien, descendent de a Gabriel DeLagrave.

Louis-David Lavergne laissa St-Pierre, pour Ste-Anne de-la-Pocatière, afin de faire instruire ses deux fils, Louis e Joseph. II mourut le 13 février 1875, chez son fils Louis, à Princeville. Madame Lavergne décéda à Arthabaska, le 3 mai 1886.

De ce mariage naquirent deux enfants, Louis et Joseph. VII-Louis 1845-1931. L'honorable Louis Lavergne, notaire et sénateur, naquit à St-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, le 1er décembre 1845, du mariage de Louis-David Lavergne et de Dame Geneviève Delagrave. II fit ses éléments études classiques chez les Pères Jésuites, de Montréal, puis son cours au collège de Ste-Anne-de-la-Pocatière. Après avoir fait sa cléricature chez son cousin, Édouard Lavergne, notaire à St-François-de-Montmagny, plus tard régistrateur de Montmagny, et chez le notaire F. DeGuise, à Ste-Anne, il fut admis à la pratique, le 5 octobre 1871. Le 7 novembre 1871, il s'établissait dans les Bois-Francs, à Princeville. Il épousait, à Bécancour, le 27 juillet 1878, Marie-Mélanie Landry, fille du docteur Elzéar Landry et de Mélanie Quesnel. Le docteur Landry fut, avec sir William Hington, le premier médecin canadien, depuis la Cession, qui alla étudier la médecine à Paris, il refusa de se rendre aux sollicitations pressantes de sir William, qui l'invitait à s'établir à Montréal, préférant vivre à la campagne, pour y élever sa nombreuse famille. Madame Louis Lavergne décéda à Princeville, le 18 mars 1887, et fut inhumée à Bécancour.

L'honorable Louis Lavergne épousa, en secondés noces,, Marie-Aurélie-Alida Pacaud, en 1888, veuve de Philippe-Benjamin Dumoulin, avocat et protonotaire du district d'Arthabaska; en secondes noces, de  William Duval, c.r., avocat. Elle était la fille de Charlotte de La Bruère et de Philippe-Napoléon Pacaud, notaire, patriote de 1837, qui fut condamné à mort par les Anglais. Il ne dut sa vie qu'aux prêtres du séminaire de St-Hyacinthe, qui le cachèrent jusqu'à la fin des troubles.

Madame Lavergne décéda à Arthabaska, le 11 mars 1917, et fut inhumée à Québec. Louis Lavergne est décédé le 15 février 1921, à Arthabaska, à l'âge de 85 ans.

De 1871 à 1887, M. Lavergne exerça sa profession à Princeville. Il fut maire de ce village durant quelques années. En 1887, il vint demeurer à Arthabaska; il fut maire de la ville d'Arthabaska, de 1907 à 1909; président de la chambre des notaires de 1903 à 1906.

Il fut élu député de Drummond-Arthabaska à la Chambre des Communes, le 13 novembre 1897, et réélu en 1900, 1904 et 1908. Durant ce temps il fut nommé «whip» du parti libéral.

Le 13 octobre 1910, le gouvernement Laurier nommait M. Louis Lavergne, sénateur pour la division de Kennebec, en remplacement de l'honorable sir George Drummond.

L'honorable Louis Lavergne eut deux enfants de son mariage avec Eugénie Landry: Louis-Renaud, avocat, ancien rédacteur et propriétaire de «L'Union des Cantons de l'Est», conseil du roi et ancien bâtonnier du Barreau d'Arthabaska; il avait épousé, en 1918, Mademoiselle Thérèse Prendergast, fille de Joseph-Marie-Alfred Prendergast, en son vivant avocat et gérant-général de la Banque d'Hochelaga, et de feu Dame Louise Brault. M. Prendergast naquit le 31 octobre 1847 et décéda le 27 mai 1912.

En 1872, M. Prendergast fut créé, par le pape Léon XIII, Chevalier de l'Ordre de St-Grégoire le Grand, pour les services rendus à l'église.

En effet, M. Alfred Prendergast s'enrôla à Rome, le 12 janvier 1867, dans la première compagnie du premier bataillon de zouaves; -en juin 1868, il fut promu caporal de la troisième compagnie, puis Major. Il resta- en service jusqu'en 1870, c'est-à-dire jusqu'au moment où l'église licencia ses bataillons volontaires.     

Le sénateur Louis Lavergne a eu aussi une fille, Marie-Louise, épouse de l'honorable Albert Malouin, juge de la cour Supérieure à Québec; ancien député de Québec aux Communes.

Madame Renaud Lavergne est décédée le 4 décembre 1963, à l'âge de 80 ans; Renaud Lavergne est décédé, le 6 février 1955, à l'âge de 85 ans. Tous deux sont inhumés à Arthabaska.

Madame juge Albert Malouin est décédée et inhumée à Québec au début de 1969.       '

VII-Joseph Lavergne, frère du précédent, naquit aussi à St-Pierre, le 28 octobre 1847, du mariage de Louis-David Lavergne et de Dame Marie-Geneviève Delagrave. Il fit ses études au collège de Ste-Anne-de-la-Pocatière; sa cléricature chez son oncle, Joseph DeLagrave, avocat à St-Jean d'Iberville. Reçu à la pratique en janvier 1872, i1 s'établit à Princeville, où il pratiqua jusqu'en 1874. II vint à Arthabaska, sur la demande de sir Wilfrid Laurier, qui le prit en société comme avocat. En 1876, il épousait Mademoiselle Emélie Barthe, fille de Louise Adélaide Pacaud et de Joseph-Guillaume Barthe, avocat, patriote de 1837, et auteur de nombreux livres dont le plus célèbre, «Le Canada reconquis par la France», l'obligea à s'exiler en France, durant quelques années. M. Joseph Lavergne fut maire d'Arthabaskaville et préfet du comté d'Arthabaska, en 1887, puis député fédéral, de 1887 à 1897, alors qu'il fut nommé juge de la cour Supérieure, pour le district d'Ottawa, puis juge de la Cour du Banc du Roi, à Montréal.

L'honorable juge Lavergne a eu, de son mariage avec Dame Emélie Barthe, deux enfants: Gabrielle, mariée en premières noces à Auguste' Noël, avocat, et en secondes noces, au docteur Vittorio Restaldi, de Montréal.

Armand Lavergne, avocat et conseil du roi, ancien député de Montmagny à la Chambre des Communes, chef nationaliste et tribun remarquable, qui épousa Mademoiselle Georgette Roy, fille de feu Philippe Roy, avocat, de Montréal.

 Armand Lavergne est décédé le 6 mars 1935, à l'âge de 55 ans, et inhumé au cimetière d'Arthabaska.

Voici la descendance des autres fils d'Augustin:

1-Prudent, eut deux fils: Édouard, en son vivant notaire et régistrateur de Montmagny; Elzéar, arpenteur.

Les enfants d'Édouard sont Daniel, d'Ottawa; Réal, avocat, de Montmagny; Talma, gérant de Banque à Lévis; et l'abbé Édouard-Valmore Lavergne, journaliste et prédicateur.

Les enfants d'Elzéar sont Joseph, négociant, de Québec, et Omer, curé du Lac-des-Ecorces, diocèse de Mont-Laurier.

    

2- Colbert eut un fils : Auguste

3- Édouard n’eut qu’une fille.

_________________________________________________________________________________________________________________

Église de St-Eusèbe de Stanfold  (Tome 4, p.317)

DESCRIPTION DE LA DECORATION INTERIEURE DE

L'EGLISE DE SAINT-EUSEBE DE STANFOLD FAITE PAR M. L'ABBE C. F. BAILLARGEON, EN 1888.

LA bénédiction de la pierre angulaire de cette église avait été faite le 25 septembre 1860 par M. l'abbé joseph Auclair, curé de Notre-Dame de Québec.

Le 4 février 1863, M, l'abbé Antoine Racine, desservant de l'église de Saint-Jean-Baptiste de Québec, en fit la bénédiction solennelle. Elle fut restaurée en 1887. Le 3 mars 1911, elle devint la proie des flammes.

HONOR, CUI HONOR

J'ai fait, ces jours-ci, une étude spéciale des travaux de décoration que l'on vient de faire subir à la modeste église de Stanfold, construction en pierres de 60 pieds de longueur. Elle a deux jubés, dont l'un se projette dans la nef principale, et deux rangées doubles de galeries, ce qui fait que l'ensemble des travaux exécutés ne peut se laisser voir dans son éclat. MM. Beaulieu et Rochon, artistes-décorateurs de Montréal, ont su, malgré ces difficultés, tirer un excellent parti de la position et ont fait ici une oeuvre d'art.   

Ces messieurs, dont le talent d'exécution est justement et depuis longtemps apprécié du public, se sont montrés à la hauteur de leur réputation.

En dedans de l'arc doubleau qui sépare la coquille du Rond-Point de la voûte principale est une colombe sculptée, en or, qui représente le Saint-Esprit dirigeant sa lumière et sa vue sur l'Eglise entière.          

Au fond de la coque et sur le versant du Rond-Point, sont peintes une tiare et les armes du Pape. Cette peinture domine tous les autres tableaux, comme pour nous indiquer que la Papauté est élevée au-dessus de toutes les couronnes de la terre et les tient soumises à sa juridiction spirituelle.

Quatre tableaux, de grandeur naturelle, dont deux à droite et "deux à gauche de la tiare, représentent les quatre Evangélistes, Saint Mathieu, Saint Luc, Saint Jean et Saint Marc. Ils sont peints sur un fond mosaïque d'or, et leurs riches couleurs sont très vives et très accentuées, comme pour nous rappeler l'empressement des apôtres à obéir à la voix de leur maître : " Allez et enseignez toutes les nations." La couche d'or est disposée de manière à surprendre l'oeil le plus exercé ; on dirait qu'ils reçoivent la lumière par de petites fenêtres pratiquées dans la voûte du Rond-Point. Il n'en est rien cependant ; ça été le secret des artistes. Au-dessus du maître-autel et dans deux des grands panneaux des côtés, on a placé les trois anciens tableaux, celui de Saint Eusèbe, patron de la paroisse, celui du Sacré-Coeur de jésus et celui du Coeur immaculé de Marie. Ces toiles sortent de l'atelier de M. Eugène Hamel, peintre en renommée de Québec.

La voûte de la nef est ornée de six grands tableaux aux moulures et ornements à fresque.

Le premier représente Moïse, sur le Mont Sinai, s'entretenant avec Dieu et recevant ses ordres sur la manière de préparer son peuple à la promulgation des dix commandements, le tout suivant le dix-neuvième chapitre de l'Exode. " Et le Seigneur descendit sur le Sinaï au sommet de la montagne, et appela Moïse au lieu le plus élevé."

Le second représente Joseph, en Egypte, recevant Jacob, son père et sa famille. On sait que Joseph, vendu par ses frères, devint intendant de la cour de Pharaon, qu'en prévision des sept années de famine qui devaient désoler le pays, i1 fit remplir de grains les vastes greniers du Roi, due Jacob y envoya ses enfants chercher des provisions et qu'en cette circonstance Joseph se fit  i connaître à ses frères. II les pourvut abondamment et leur donna ordre, avec l'agrément du Roi, d'aller chercher Jacob et sa famille pour demeurer près de lui. L'Ecriture Sainte, au quarante-sixième chapitre de la Genèse, dit : "Jacob envoya Judas devant lui vers Joseph pour l'avertir de sa venue, afin qu'il vînt au-devant de lui en terre de Jessen. Quand Jacob y fut arrivé, Joseph fit mettre les chevaux à son charriot, et vint au même lieu au-devant de lui ; et le voyant, i1 se jeta à son cou et l'embrassa en pleurant."La scène que ce tableau nous met devant les yeux est parfaite et saisissante.»

Le troisième représente l'Archange Gabriel, le Prince de la Cour Céleste, apparaissant à l'humble Vierge de Nazareth et lui annonçant qu'elle concevra un fils à qui elle donnera le nom de Jésus, qu'il sera grand, qu'il sera appelé le Fils du Très-Haut et qu'il régnera éternellement sur la maison de Jacob. Ce tableau est bien réussi et il semble entendre l'humble Marie s'écrier : " Comment cela se fera-t-il ?" et l'ange de lui répondre : " Ne craignez rien."

Le quatrième représente Marthe et Marie recevant dans leur maison le Sauveur des hommes. On lit, au dixième chapitre de  L'Évangile         de        Saint-Luc :        " Jésus, étant en chemin avec ses disciples, entra dans un bourg ; et une femme, nommée Marthe, le reçoit en sa maison. Elle avait une soeur nommée Marie, qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Mais Marthe était fort occupée â préparer tout ce qu'il fallait ; et elle, s'arrêtant devant jésus, lui dit : Seigneur, ne considérez-vous point que ma soeur me laisse servir toute seule ? Dites-lui donc qu'elle m'aide.            Mais le Seigneur lui répondit : " Marthe, Marthe, vous vous empressez et vous vous troublez dans le soin de beaucoup de chose. Cependant une seule chose est nécessaire.            Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point ôtée."

Le cinquième met en scène la Samaritaine allant puiser de l'eau au puits de Jacob et y rencontrant Jésus. Notre Sauveur avait fait un long voyage, il s'était même fatigué pour ménager à cette pécheresse une entrevue qui devait avoir pour elle les plus heureuses conséquences. C'est dans cette maison que Jésus l'instruisit, lui déclara qu'il était le Messie, et lui adressa ces paroles à jamais mémorables : " Quiconque boit de l'eau du puits de Jacob aura encore soif : au lieu que celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura jamais soif. Mais l'eau que je lui donnerai deviendra pour lui une fontaine d'eau qui rejaillira jusque dans la vie éternelle."

Le sixième tableau représente David jouant de la harpe devant Saül, selon le premier livre des Rois ; le lendemain il arriva que l'esprit malin, envoyé de Dieu, se saisit encore de Saül, et il était agité, au milieu de sa maison, comme un homme qui a perdu le sens. David jouait de la harpe devant lui, comme il avait coutume de faire, et Saül, ayant la lance à la main, la poussa contre David, avec dessein de le percer d'outre en outre, mais David se détourna et évita le coup par deux fois.

Les côtés de la voûte sont ornés de panneaux en couleur, dont les cintres se rapprochent délicatement des tableaux et dont les bases sont assises près de la corniche. Les panneaux sont décorés de divers emblêmes. Ces emblêmes sont la croix et la sainte face de Notre-Seigneur avec les instruments de sa passion, un agneau immolé, le saint scapulaire et le saint rosaire, deux croix rustiques entrelacées de fleurs, habilement peintes, un calice, un ostensoir, des instruments de musique et deux glaives près du dernier tableau.

Les teintes locales sont en argent et le fond des panneaux ont trois teintes, lilas avec des bandes vert olive. Les doubleaux et les panneaux des colonnes sont ornés de riches dessins en or et en couleur, ainsi que les façades des galeries et des corniches: Les encadrements des tableaux. sont en peinture à fresque avec lumière d'or.

Les trois autels neufs sont d'une riche architecture, avec dorures or, mattes et brunes ; les colonnes sont décorées en or avec de forts jolis dessins dans les panneaux et les gradins.

Les voûtes latérales sont peintes en panneaux aux couleurs éclatantes et des plus variées. Les galeries les plus élevées sont éclairées par des ouvertures ogivales pratiquées dans la voûte, qui transmettent la lumière au moyen des châssis de la couverture de l'église. Ces différents travaux, exécutés avec goût et talent, nous donnent la mesure de l'aptitude de Messieurs Beaulieu et Rochon comme artistes-décorateurs, les recommandent hautement â l'attention du clergé et du public, et leur méritent un encouragement libéral.

B............. DE STANFOLD.

____________________________________________________________________________

 

Le Monument Leclerc, Pellerin, Béliveau   (tome 4 , p.339 à 342)

Le cinq octobre 1924,  Monsieur le Chanoine Sévérin Poirier, curé de St-Eusèbe de Stanfold, bénissait, en présence de plus de cinq cents personnes, une très belle croix, plantée sur le Numéro 6 A du douzième rang du canton de Stanfold par Monsieur François-Xavier Lacroix, le propriétaire actuel de la terre de Édouard Leclerc, le fondateur du canton de Stanfold. A sa mort, Édouard Leclerc était possesseur     des numéros 6 A et 5 F du douzième rang du canton de Stanfold. Les personnes qui assistaient à cette pieuse et patriotique cérémonie étaient loin de penser que, deux, ans après, surgirait au même endroit un magnifique monument, dédié à la mémoire des trois premiers colons du canton de Stanfold : Édouard Leclerc, François Pellerin et Narcisse Béliveau. Dans le cours de l'été 1925, année du premier centenaire de la fondation des Bois-Francs, M. l'abbé Alphée Joseph Leclerc (1.), curé de Ste-Marie de Manchester, New-

(1) Monsieur l'abbé Alphée Joseph Leclerc est  le petit-fils de Édouard Leclerc, le fondateur du canton de Stanfold.

L'ABBE ALPHEE JOSEPH LECLERC

L'Abbé Alphée Joseph Leclerc, né à Ste-Sophie de Mégantic, le 30 décembre 1876, d'Édouard Leclerc, cultivateur, et de Léontine Robitaille fit ses études à Nicolet et au grand séminaire de Montréal ; fut ordonné Manchester Anna le New-Hampshire, par Mgr Bradley, lu 29 juin 1902. Vicaire à St-Georges de Manchester, 1902 à 1914 ; curé fondateur de la paroisse St-Jean-Baptiste de Manchester. N. H., en 1914 ; curé de Ste­Marie de Manchester depuis décembre 1921.

 

ÉDOUARD LECLERC (fils)

Édouard Leclerc, fils de. Édouard Leclerc. et de Olive Poisson, naquit A St-Eusèbe de Stanfold, le 28 aout  1852, et fut baptisé à Saint-Norbert d’Arthabaska, le 29 du même mois. Il se maria à Ste-Sophie de. Mégantic, le 22 février 1876, à Léontine Robitaille, fille de François Robitaille et de Ozélie Moreau. Édouard Leclerc  est décédé en juillet 1878, à Westbrook, Maine (Suite de la généalogie Leclerc. voir tome 2 page 266).

 

Hampshire, fit préparer un superbe bronze commémoratif, mesurant trente-trois pouces de largeur, sur quarante de hauteur ; sur ce bronze est gravé une inscription vraiment idéale, parfaitement historique et très bien appropriée à l'événement qu'il s'agit de commémorer. Les haches que nous voyons au haut de l'inscription nous rappelant les labeurs du bûcheron. La hache, c'est l'instrument absolument nécessaire au défricheur : sans elle comment pourrait-il abattre les arbres géants qui se dressent devant lui? comment les faire disparaître pour permettre à 1a charrue d'ouvrir les sillons dans lesquels le semeur jettera à pleines mains le blé destiné à nourrir la famille ?

Au bas de l'inscription figurent deux grosses gerbes de blé. C'est le signe de la récompense. La saison de la moisson, c'est, pour l'agriculteur, le temps de l'allégresse.

A l'automne les gerbes de blé, nombreuses et pesantes, sont entassées dans la grange, en attendant le battage, qui ne tardera pas. Un jour, le père de famille, joyeux et triomphant, porte au moulin une charge de son beau blé qu'il a semé et moissonné lui-même, Aussitôt la farine arrivée, la mère prépare la quantité de pâte nécessaire pour faire une bonne cuite dans le four bâti à quelques pas de

la maison. On se régalera en mangeant du bon pain de chez-nous.

Voilà bien les pensées que nous inspirent les tout naturellement les haches et les gerbes qui ornent le bronze Leclerc, Pellerin, Béliveau.

Soulignons que M. l’abbé G.-A. De Jordy , auteur de l’inscription gravée sur ce bronze est un connaisseur, un expert.

 

Ce bronze commémoratif a couté 375 piastres. Le bloc de granit dans lequel sera enchassé ce bronze mesure trois pieds et demi de largeur, vingt pouces d’épaisseur, et six pieds quatre pouces de hauteur. Il

reposera sur une base en pierre d’environ deux pieds de hauteur. M. Z. Ducharme, marbrier, de Victoriaville, est l’entrepreneur de ce monument. Le coût des travaux sera d’environ quatre cent piastres. M. François-Xavier Lacroix, propriétaire actuel de la terre de Édouard Leclerc, a bien voulu donner gratuitement le terrain et Messieurs les membres du Conseil du canton de Stanfold se sont chargé bien volontiers de la garde et de l’entretien de ce monument (1). Remerciements et féliciations à qui de droit. M.. l’abbé A.L. Leclerc aurait bien désiré faire installer le monument des trois premiers colons de Stanfold

(1)   Province de Québec, Municipalité du Canton de Stanfold.

A une assemblée régulière du conseil municipal tenue le 12 avril 1926, au lieu et heure ordinaires des sessions du conseil et à laquelle étaient présents M. le maire Ludger Pellerin et Mm. les conseillers Napoléon Boisvert, Zéphirin St-Cyr, Alfred Roux, Achille Carignan et Firmin Lecomte formant un quorum, la résolution suivante a été adoptée :

« Lue une lettre de M. l’abbé Charles-Édouard Mailhot, auteur de

 

à l’automne de 1925, mais certaines circonstances l’en empêchèrent. Le dévoilement du bronze commémoratif aura lieu en juin ou juillet 1926. A cette occasion, il y aura sans aucun doute de grandes démonstrations religieuses et patriotiques. Toute la population de Saint-Eusèbe de Stanfold est dans la jubilation et apprécie bien hautement le magnifique don que M. l’abbé A.J. Leclerc vient de leur faire.

Elle n’a qu’une voix pour lui dire un cordial merci. En effet, le geste de piété filiale que M. l’abbé A.j » Leclerc vient d’accomplir commande notre admiration et notre plus sincère reconnaissance. En outre de sa grande générosité, il a fait preuve d’un grand patriotisme, d’amour véritable et d’une admiration réelle pour la classe agricole. Il m’est bien agréable, en finissant ce quatrième volume de pouvoir annoncer deux nouvelle qui réjouiront certainement tous ceux qui s’intéressent à l’honneur, à la gloire des Bois-Francs.

‘Histoire des Bois-Francs’, au sujet d’un monument à Édouard Leclerc, premier colon et fondateur de la paroisse de Stanfold, que projette d’ériger M. l’abbé Leclerc, un de ses petits-fils, demeurant à Mahcnester, USA, sur la terre ou ce colon est venu s’établir et qu’il a défrichée dans le 12e rang de Stanfold. M. l’abbé Mailhot, se faisant l’interprète de ce M. Leclerc, demande au conseil d’accepter la cession d’une partie de terrain de M. François-Xavier Lacroix, le propriétaire actuel de cette terre, pour placer ce monument et aussi de se charger de l’entretien de ce monument et de la clôture. »

 

Sur ce, il est proposé par le conseiller Napoléon Boisvert, secondé par le conseiller Zéphirin St-Cyr, que se conseil se rende avec plaisir à la demande de M. l’abbé Mailhot, et en conséquence décide d’accepter la cession que lui fera M. François-Xavier Lacroix, d’une partie de terrain d’environ 12 pieds carrés, sur le lot no. 6a du 12e rang de Stanfold de cette paroisse, offert par un de ses peits-fils, l’abbé Leclerc, curé  à Manchester, et aussi s’engage à clore ce terrain et toujours l’entretenir convenablement. Adopté.

 

Vraie copie de la résolution ci-dessus, extraite du livre des délibérations du canton de Stanfold.

Princeville, ce 14 avril 1926.  B. Feeney, Sec.-Très.

 

 

 



Mise à jour le 26 aout 2016